[Septembre 1755] Quartiers de guerre (libre)

Un choix draconien, vital même!! Voilà où j'en suis actuellement et je suis complètement perdu. Je peux très bien prendre la bonne décision mais si je me suis trompé, il pourrait le payer de sa vie. Aussi d'un côté ou d'un autre, il risque d'y passer mais.... Sentant une main prendre la mienne, je sursaute. La regardant, j'ai d'abord l'impression qu'il s'agit de celle de ma mère. Non pas qu'elle lui ressemble mais la sensation qu'elle me procure est semblable. Douce et rassurante. Levant les yeux, je regarde le dieu et l'écoute comme... comme j'écouterais ma mère. Si elle était là elle me dirait la même chose et me ferait également un clin d'oeil complice. Perturbé un instant par cette ressemblance, je sens une larme couler le long de ma joue.

Relâchant ma main, je ferme les yeux et réfléchis. Kappa est mon ami et s'il doit me haïr toute sa vie pour la lui avoir sauvé, alors c'est ce qu'il se passera. Ma décision prise, j'ouvre les yeux et remercie Oneiros du regard. Puis prenant un de mes Boucliers à pleine main, j'effectue quelques mouvements du bras et le lance avec le plus de force possible. Filant, le Bouclier doré passe entre les quatre combattants avant de revenir dans ma main. Maintenant qu'il m'écoute ou pas, je ne pourrais plus faire grand chose d'autre à part attendre.

Kappa, cesses ce combat stupide!! Tu as laissé ta colère t'aveugler et regardes où on en est!! Même Kyros et Ishiro pensent la même chose. Où est le principal intéressé? Où est Jack? Il se sert de nous et tu as couru droit dans le mur. On peut régler ça autrement sans avoir à se battre!! Tu pourras me maudire, me bannir ou tout ce que tu veux mais tu dois arrêter!!

Reprenant mon souffle, j'attends sa réaction quel qu’elle soit. J'avais crié le plus fort possible et j'espère qu'il m'a entendu ou du moins y a fait attention!!

Encouragé par les conseils du monarque onirique, Mattheus venait de faire son choix et de lancer un appel aux accents désespérés vers Kappa. Oneiros se tenait aux aguets, prêt à plaider en sa faveur auprès de Minos et Rhadamanthe afin de cesser les hostilités par une conclusion pacifique, mais aussi à intervenir contre le guerrier Eren de Zeta Prima qui n'avait pas l'expression de quelqu'un acceptant la négociation autrement que par l'épée.

Tous les quatre fatiguaient, le froid mordant envahissait le temple chaque seconde plus mortellement. Si le Verseau, et probablement le Fauve blanc d'Asgard, pouvaient supporter une telle température, il n'en était pas de même pour les autres. Le pas du Saint d'Adamantine se faisait hésitant sur le sol gelé, et le corps d'enfant de Léonard grelotait.

Récupérant rapidement de sa force grâce à la vitalité de son ichor, le dieu put au moins matérialiser un manteau de fourrure pour s'enrouler dedans, ainsi qu'un second sur les épaules du jeune homme à ses côtés.

***C'est tout ce que je peux faire pour le moment.***

Sans se douter que la situation était à peu près similaire dans la Maison du Bélier à cet instant, le dieu des Rêves espérait que cette bataille qui n'avait aucun sens prenne fin. Leïla semblait prostrée dans un coin, boudant vraisemblablement le départ du déicide en plus de la température imposée par "M. Thermomètre" et les cosmos de Grenat, Caeron et les autres joyaux s'étaient volatilisés. Un comble pour la Vouivre, symbole de résurrection. Shizuo non plus n'avait pas reparu depuis leur petite discussion dans le premier des douze temples. A croire que la malchance privait toujours les spectres de plusieurs de leurs éléments au plus mauvais moment.

Récupération du 26/10:

Bon eh bien ok ça c'est fait!! On... Enfin j'ai tenté quelque chose. Il y a eut des réactions surtout d'un côté qui sont très explicites. Surtout venant d'une certaine personne. Maintenant je sais ce qu'il me reste à faire. Que ce soit dans cette époque ou dans la mienne, mieux vaut la bonne méthode du "mèles-toi de tes fesses!!". Je me demandes pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt!! J'aurais dû suivre Kyros et Ichiro. Il veut mourir? Et bien soit!! Il sera tout seul!!

Ca peut surprendre mais devant la puissance des mots et gestes que je me suis pris en pleine poire, je souris. Mieux vaux en sourire qu'en pleurer. Ca m'amènerais à quoi!! Jusque là j'étais gelé, le manteau que m'a mis Oneiros sur le dos me réchauffe un peu mais avec ces réponses, là je suis réchauffé.
C'est donc parfaitement bien et dans un état second, on peut le souligner, que je me tourne vers le dieu.

J'ai fais de mon mieux mais rien y fait!! Je me retire non pas parce que Kappa me l'a ordonné mais je tiens nettement plus à garder mon postérieur intact jusqu'à ma naissance. Vous imaginez la tête de ma mère si mes fesses font la taille d'un bouclier doré? Je préfère lui éviter la crise cardiaque. Ce fut un plaisir de vous revoir. A une prochaine fois et merci encore pour le manteau.

Saluant le dieu d'un geste de la main, je quitte le temple en tentant au maximum de sauver mes miches bien que ça ne serve pas à grand chose.

Gémeaux

"- MATTHEUS !! Es-tu assez stupide pour croire un spectre ennemi qui te donne sa version des faits alors qu’ils sont menacés d’éviction du Sanctuaire et que tu n’as pas la moindre information en main ?! Qui préfères-tu croire ? Lui ou moi ?! Tu as l’intention de te laisser manipuler encore longtemps comme ça ?! Réveille-toi, et réfléchis pour changer ! Ce n’est pas une réunion diplomatique et ce type n’est pas ton ami ! Tu accordes ta confiance au même dieu tordu qui nous a expulsés de ces terres il y a quatre mois ! Nous sommes en guerre ! Alors ressaisis-toi ! Replies-toi IMMÉDIATEMENT auprès d’Ishiro et de Kyros ! Et sans discuter ! C’est un ordre ! Tu en as assez fait comme ça... ! "

Ce sont ces paroles emplies de violence qui accueillent le désir de paix de Mattheus. Et dire qu'un ami voulait simplement l'aider, le garder en vie. Glaciale serait un mot bien faible pour qualifier la voix du Verseau qui vient de répondre à son "soldat". Sans surprise on pouvait alors lire sur le visage du Saint d'Adamantine une expression profondément choquée et blessée. Kappa venait de taillader sans ménagement une corde sensible de son frère d'arme. Après cela le maigre réconfort d'un manteau vole en poussière, ce que le dieu peut comprendre en son cœur serré. Mattheus n'avait plus qu'à obéir et, déclara-t-il, il prit le chemin du retour pour sauver sa vie. Les raisons n'en sont pas dictées par la lâcheté, mais par une profonde déception de la réaction de son homologue. Le Onzième Gardien ne s'en rend probablement pas compte, mais en agissant ainsi il retournera méthodiquement tous ses hommes contre lui, attisant sous la glace les braises de la révolte. A moins qu'il ne s'en rende compte et fasse demi-tour avant.

Au salut que lui adressa le jeune homme du futur, Oneiros répondit par télépathie, sincèrement déçu :

***Je suis navré pour toi Mattheus. Sache que les Enfers seront ouverts pour t'accueillir si tu décidais de changer de voie...***

Et alors qu'il se retournait pour observer de nouveau le combat, le dieu sentit une goutte chaude dévaler le long de sa joue pour s'échouer sur le dos de sa main. En tant que représentant terrestre d'Athéna, comment Shion pouvait-il cautionner ce genre de comportements ? Certes ils étaient à la guerre, mais cette intervention n'avait eu que pour but d'y mettre fin avec le moins de pertes possibles ! A l'heure où la bataille tournait peu à peu l'avantage des spectres, si l'on en croyait tous les cosmos qui rayonnaient au Sanctuaire, l'une des rares issues pacifiques restantes venait de sombrer avec le moral du Saint à l'armure composite.

"Kappa du Verseau... Votre conduite n'est pas plus digne que celle de ce Pséma du Bélier Noir qui a ravi votre bien-aimée ! Demandez-vous donc pourquoi il a réussi à vous retourner contre les vôtres lors de la dernière bataille ! Demandez-vous donc pourquoi vos équipiers font preuve de tant de "désobéissance" à votre égard ! Votre attitude va au-delà du bon sens, vous allez faire périr tous les autres avec vous ! Et vous aurez beau me poursuivre de votre haine pour les mots que je prononce, vous aurez beau me tuer comme vous essayez de tuer le Requin noir, cela ne changera rien ! Vous n'êtes plus un Saint, vous êtes un chevalier corrompu ! Votre armure n'est peut-être plus noire, mais votre cœur si. "

A ce qu'on disait, la vérité sort de la bouche des enfants. L'enfant-dieu espérait que l'image soit assez puissante pour faire comprendre au Verseau combien il était dans l'erreur, tandis que Rhadamanthe et Minos comprendraient, assurément. Le premier s'était épris à n'en plus finir d'une femme dont le destin résidait entre les mains de Poséidon, dont le cœur était changeant mais passionné. Le second fédérait et comprenait les intérêts de chacun dans l'objectif d'atteindre l'utopie promise par Hadès. Pouvaient-ils blâmer Oneiros ?
D'un ton plus bas, comme le couperet annonçant la sentence, la divinité chercha à croiser le regard du Verseau et dit :

"Exactement comme dans vos cauchemars."

Combat VS Arbhaal & Minos

Kappa avait toujours considéré Marcus comme un barragé doré : robuste, infranchissable, invincible même ! Il lui avait appris des choses qui n’avaient pas de prix, comme l’impact d’une nuisance psychologique lors d’un combat. Alors qu’il avait encaissé une attaque à pleine puissance qui l’avait presque terrassé, le Verseau s’était redressé avec une indifférence affichée, et bien évidemment feinte. Mais le résultat avait porté ses fruits : les juges avaient eu peur, et ils s’étaient couchés comme une paire de deux devant un flush royal. Combien de temps pouvaient ils encore tenir ? Leurs attaques étaient elles seulement effectives sur le duo des glaces ? Les questions se bousculaient, mais les réponses, elles, se raréfiaient, et le sentiment de malaise grandissant avait fait le reste. Bien que tentant de se persuader qu’ils ne pouvaient pas mourir, le spectres n’étaient que des humains. Et face à la mort, l’instinct de conservation finissait toujours par l’emporter. Sous la pression psychologique et la douleur causée par le froid, les leaders spectres avaient plié. C’était là la chose essentielle à retenir !

Toutefois, la lueur triomphante qui avait flotté dans les yeux azurés du chevalier d’Or se volatilisèrent quand le dieu des rêves cracha à nouveau son venin. Ce salopard osait dévoiler ses secrets les plus intimes devant tout le monde ! Et il le faisait car il savait que cela le tourmenterait ! Ce dieu était une pourriture, et Kappa se promit d’avoir une conversation “éclairante” avec lui quand il en aurait l’occasion, seul à seul. Plissant les yeux en le transperçant d’un regard empli de mépris, Kappa se tourna vers lui, et rétorqua d’un ton glacial :
- Je serai celui que je dois être pour maintenir les gens de votre espèce là où ils appartiennent : Au fin fond de l’Enfer ! Peu m’importe que vous ou même que certains de mes propres hommes ne comprennent pas ce que je fais et pourquoi je le fais !
Minos embraya subitement, et sa remarque se manifesta à point nommé. Croisant le regard du juge, le Saint poursuivit :
- Exactement ! Tout ce qui compte, c’est le résultat ! Si pour protéger les populations de dangers tels que vous ou Pséma je dois endosser le rôle de l’incompris ou du sans coeur, alors je le ferai ! Parce que, qu’on le veuille ou non, qu’on l’accepte ou pas, il faut toujours quelqu’un pour “faire ce qui doit être fait” ! Et mieux vaut moi que...
Il faillit prononcer le nom d’Ahina, mais se retint. Durant un court instant, une lueur triste passa dans ses yeux, mais elle s'évanouit dès qu'il se ressaisit et il termina brusquement sa phrase :
- ... que quelqu’un d’autre !

Il se retourna pour faire face au régent des spectres, qui jetait enfin l’éponge, et le toisa sans mot dire. Oui, en cet instant, il était satisfait : il avait obtenu ce qu’il voulait ! Les spectres se souviendraient de ce jour, et ils n’auraient pas toujours la chance de se trouver face à Mattheus pour être protégés.
- Bien... J’ai obtenu ce que je voulais ! Disparaissez, à présent ! Vous avez suffisamment souillé ces lieux par votre présence !
Kappa hésita, puis interpela à nouveau son homologue spectre :
- Minos ! N’oublies pas une chose : chevalier d’Athéna ou pas, je n’ai aucun problème avec le fait de ne pas être parfait. Je te briserai si tu tentes une nouvelle fois d’envahir ces terres. Reviens au Sanctuaire, et j’en terminerai avec toi, une fois pour toutes !
Son regard perçant et menaçant en disait long. C’était tout sauf du bluff...

Ce qui "doit" être fait... Ces mots tournaient en boucle dans la tête du Verseau, comme s'il était l'héritier d'un destin trop lourd à porter, le martyr d'une vie de responsabilités et de pertes. Il oubliait encore une fois qu'il n'était pas seul dans ce domaine, qu'au loin Shion partageait son fardeau, que des hommes et des femmes étaient là -encore- pour lui, mais il se refermait sur lui-même plus sûrement encore qu'une huître. A croire que parler était un exercice encore plus redoutable que faire la guerre.

Devant tant d'obstination, Oneiros n'avait plus le temps de répliquer : les deux Juges venaient d'avouer leur incapacité à poursuivre et pliaient l'échine. Aucune honte à cela puisqu'ils étaient gelés, privés de leurs sens. Le dieu allait s'avancer pour les épauler quand l'étoile des Enfers rayonna, enveloppant de son influence toutes les étoiles célestes et terrestres présentes au Sanctuaire, de même que le Juge du Garuda toujours en éclaireur, les deux mercenaires à leur solde et l'enfant-dieu qui se laissa faire. Il règlerait le problème de leurs sens humains une fois en Enfer, il pouvait bien faire cela pour eux, d'autant que la rage dégagée par Kappa à l'entendre avouer tous ses problèmes à demi-mot lui avait redonné quelques forces. Un cauchemar nourrissant qui n'avait pas fini de donner des fruits.

"Vous ne comprenez pas ce que je suis, Aquarius. Un jour peut-être, mais je ne me déroberai pas devant vous. Je reviendrai s'il le faut, au Sanctuaire ou dans votre autre repaire, je reviendrai en tant que diplomate. Je suis prêt à en courir le risque si c'est au nom de la paix et d'une réconciliation entre Athéna et les spectres."

Et il ne put en dire davantage puisque la téléportation générale lancée par Minos le fit disparaître aux yeux des terriens.

Suivant : Enfer

Devant le visage de marbre du chevalier des Glaces, les spectres avaient fini par plier, dieux ou pas. Le monarque onirique eut une dernière fois le temps de répliquer, mais il fut téléporté en même temps que le reste de l’armée adverse. Silencieux, Kappa échangea un regard avec Eren avant de faire quelques pas pour s’éloigner de lui, en direction d’une colonne dont la partie inférieure était miraculeusement encore debout. Les traits de son visage se déformèrent alors subitement : sa respiration se fit haletante, et la souffrance pouvait se lire facilement. Le Verseau avait mal, terriblement mal ! Sa blessure à la tête le faisait souffrir depuis un long moment, tout comme sa jambe, et s’il n’en avait rien montré face à l’ennemi, maintenant qu’ils étaient loin, il ne pouvait plus contenir la douleur.

D’une démarche qui boitait fortement, le chevalier d’Or s’approcha de la colonne et s’assit non sans ressentir une douleur lancinante lui traverser la jambe droite avant de s’y adosser. Puis, il ferma les yeux quelques instants. La pluie tombant sur son visage ensanglanté commença lentement à se calmer : enfin, la tempête Atlante se dissipait. Mais elle avait au moins l’avantage d’avoir lavé un peu le Sanctuaire souillé par tant de présences méphitiques. Il contacta alors Jack par télépathie, afin de l’informer de la situation :
Jack ! C’est terminé... L’ennemi a fui en se téléportant aux Enfers !
Il n’en ajouta pas davantage. Le remercier aurait été imprudent. Il savait que tôt ou tard, Jack dévoilerait ses cartes, et qu’il n’aimerait pas ce qu’il y verrait. Ne jamais perdre de vue la réalité des choses. Jack n’était, tout comme Eren, qu’un allié de circonstance.

Il se tourna lentement vers l’Asgardien, à qui il n’avait toujours pas adressé la parole. Il ne savait pas trop quoi lui dire. Il lui était reconnaissant mais savait parfaitement qu’il n’avait pas fait ça pour l’aider. Il en voulait à Minos, point final.
- Merci, pour ton aide... Ne te méprends pas, je sais que tu n’as pas fait ça par charité mais parce que tu voulais la peau de Minos, mais ça ne change rien au fait que sans toi, ils m’auraient éliminé.
Kappa se concentra une dernière fois, et contacta Ishiro par télépathie : celui ci était plutôt faible, mais il avait encore une mission pour lui :
Ishiro, c’est Kappa ! Il faut prévenir Jamir que nous avons récupéré le Sanctuaire. Prends quelques minutes pour récupérer, mais ensuite, je souhaite que tu te rendes auprès de Shion et que tu lui rendes compte de la situation.

L’esprit du chevalier des Glaces se concentra alors pour envoyer quelques mots à destination du chevalier d’Adamantine.
Mattheus, rejoins moi dès que possible au temple du Cancer. Il faut qu’on parle...
Il n’en ajouta pas davantage, mais le jeune homme venu du futur comprendrait immédiatement la teneur de la conversation.

« Bordel. »

C'est tout ce qui échappa à Eren après avoir vu les Spectres leur filer entre les doigts. Dans un geste de rage, il pulvérisa d'un coup de talon un tas de gravier - car c'était tout ce qu'il restait du Temple où le combat avait été mené. Zeta Prime faisait assez peu de cas des dégâts, mais osait croire que les Saints n'oseraient pas les lui reprocher. N'était-il pas l'un des libérateurs de leur Sanctuaire adoré ? Au moins comme ça les affreuses retouches des Spectres seraient-elles effacées... Il n'était pas sans retirer un plaisir coupable de toute cette destruction - mais pour faire passer l'amertume, c'était loin d'être assez. Minos était à portée de main et il n'avait pas réussi à l'avoir ; c'était plus qu'il n'en faut pour le frustrer.

Quel prédateur aime voir sa proie lui échapper ? S'efforçant de refouler le dégoût que ces lâches lui inspiraient, il se fraya un chemin parmi les gravats. Bien que le combat ait été éprouvant, Eren était loin d'avoir épuisé toutes ses forces ; il n'aurait aucun mal à se mouvoir pour rentrer en Asgard. Son intérêt s'étant envolé en même temps que les deux autres couards, il n'avait plus de raison de rester. Un jour, il finirait ce qu'il avait commencé... Quitte à aller les chercher au plus profond de l'Enfer s'il le fallait. Crachant un dernier filet de sang vers là où ils se tenaient une seconde auparavant, il laissa derrière lui ce paysage désolé.

L'agitateur au bouclier doré avait finalement dégagé. S'il n'avait pas deux doigts de jugeote, au moins savait-il se montrer docile pour peu qu'on lui demande... Sans vraiment s'y attarder, Eren se demanda quel sort l'attendait. S'il avait été à la place de Kappa, il l'aurait probablement exécuté, mais ce n'étaient pas là les méthodes des Chevaliers. Ce n'étaient pas ses affaires, et il n'espérait pas que ce soit un jour le cas... Mais s'il lui refaisait un coup pareil, il n'y réfléchirait pas deux fois. Le Guerrier Divin n'avait qu'une parole quand il était question de vendetta. Ainsi que les valets d'Hadès l'apprendraient s'ils recommençaient à venir le faire chier.

Ce qu'ils feraient, assurément. À croire qu'ils se sentaient obligés de pourrir la vie des autres pour oublier que la leur durerait l'éternité. Triste existence que celle de ces cadavres animés. De toute évidence, le Onzième Gardien n'en pensait pas moins ; c'est en tout cas ce qu'il pouvait comprendre des derniers mots qu'il leur adressait. Eux n'étaient plus là pour entendre, mais Eren eut tout le loisir d'apprécier. Il était plaisant de savoir que tous les dorés n'étaient pas faits du même bois - fragile - qu'il leur connaissait. Cela ne changerait pas son opinion vis-à-vis du camp en général, mais qui sait... Peut-être que tout n'était pas à jeter.

« Beau combat. » lâcha-t-il une fois à portée de voix. « Dommage que ces trous du cul se soient barrés. »

Le Gold Saint avait plus souffert que lui de l'affrontement, en dépit du fait qu'Eren lui eut servi de bouclier une bonne partie du combat. Quoique lui aussi enfant du froid, il n'avait pas sa constitution. Le chef de guerre jaugea qu'il s'en remettrait ; s'il n'avait pu s'empêcher de remarquer sa blessure à la jambe, celle-ci semblait prévenir d'un précédent affrontement. Zeta Prime s'estima chanceux de n'avoir jamais eu droit à ce genre de souvenir, l'œil droit mis à part - quand bien même la chance n'avait pas grand chose à y voir.
Tout en s'approchant de lui, le chef de guerre ne put que se demander ce que cela aurait donné s'ils n'avaient pas pris le même parti. Un excellent combat, à n'en pas douter... Toutefois, comme le Verseau en parlait, il était temps de mettre les points sur les i.

« Saints d'Athéna, nous ne sommes pas vos alliés. La prochaine fois, nous ne serons peut-être pas du même côté. » Il laissa planer le silence un moment alors qu'il se détournait. « En attendant, buvez à votre gloire, pleurez vos morts et pansez vos plaies. Ce soir, vous avez gagné. »

Eren ne considérait pas que ce soit sa victoire, en partie parce qu'il n'avait pas eu ce qu'il venait chercher. Néanmoins, il n'était pas absurde de dire qu'ils y avaient contribué, lui le premier. Une implication d'autant plus douloureuse pour les Spectres qu'elle n'avait rien à voir avec celle qu'ils avaient eux-mêmes sollicité... Maigre consolation, mais peut-être cela leur apprendrait-il à demander poliment la prochaine fois. Adressant un dernier geste de la main à son allié éphémère, il rengaina son épée et s'engagea parmi les débris.

Temple du Bélier

A nouveau me voici dans le temple du Cancer. Quand je l'ai quitté un peu plus tôt, le combat faisait rage et la menace de l'Ase m'a fait froid dans le dos. Ne voyant plus les Spectres, je jette un coup d'oeil pour voir si l'Ase est toujours là. Ce qu'il reste du temple est à deux doigts de tomber et malgré le froid qui règne dû au pouvoir de Kappa, il y a une tension qui n'a rien de rassurante. Je sais très bien de qui elle vient et surtout ce qui m'attend.

C'est donc avec ça en tête que je m'avance d'un pas assuré vers la seule personne encore présente dans le temple qui est dans un bien piteux état adossé à une colonne.

Chronos est revenu et Jack te fais savoir que les Marinas n'ont plus aucune dette. Voilà le message est passé. Passons maintenant à la discussion en elle-même avant que tu tombes dans les vapes.

M'arrêtant devant lui, je croise les bras et le fixe dans les yeux. Il peut être furieux envers moi, je le suis tout autant envers lui que je suis déçu.

Tu m'as demandé si j'étais stupide et la réponse est non. Je n'ai certes pas toutes les informations en main mais je préfère croire quelqu'un qui veut éviter de faire des dégâts que quelqu'un qui se laisse aveugler et envoie tout le monde à la mort. Je me moque complètement qu'il soit un spectre, un dieu ou bien une licorne parlante. Contrairement à toi, je ne porte pas la moindre importance à son affiliation mais plus à la personne elle-même!! Tu m'as dit de me réveiller? Mais toi est-ce que tu t'es réveillé? Non tu es resté accroché à ton désir de vengeance et pourquoi? MAIS REGARDES LE RESULTAT BON SANG!!
On a récupéré le Sanctuaire, la belle affaire!! Une mission diplomatique?? Ah y a pas plus diplomatique. Tu ferais un malheur à mon époque. Mais au cas où tu l'aurais oublié, on aurait pû régler ça sans en arriver là. Et la missive de Shion? Ben y en a plus besoin!! Et contrairement à ce que tu penses, non je ne me suis pas fait manipuler. J'ai seulement voulu tout faire pour éviter qu'un ami se retrouve dans l'état dans lequel tu es. Mais que veux-tu? Je ne suis pas d'ici, je ne comprends pas ce qu'il se passe ni comment vous fonctionner. ET TU SAIS QUOI? JE M'EN MOQUE PARCE QUE CONTRAIREMENT A VOUS, JE SUIS COINCE ICI A VOIR ENCORE ET ENCORE DES ETRES QUI ME SONT CHERS DISPARAITRE POUR DES CONNERIES!! MAIS CA T'EN AS RIEN A BATTRE ET C'EST CA QUI M'ENERVE!!

A mesure que ma colère s'accentue, mon cosmos s'intensifie en réponse et explose avec une rare violence. Tout les sentiments que j'avais refoulé au plus profond de moi ressurgissent d'un coup, fissurant les dalles sous mes pieds alors que des larmes coulent sur mes joues. Ca fait une dizaines d'années que je suis ici, je pensais m'être habitué à ce monde. Mais c'est bien plus dur que je le pensais et la seule chose qui me permet de tenir, ce sont mes amis et qu'importe leurs origines.

Après un hochement de tête en direction du chef des Ases, le Verseau l’observa silencieusement disparaître du temple. Drôle de type que cet Eren. Il lui devait la vie, et pourtant... il n’avait pas la moindre confiance en lui. Son esprit vagabonda quelques instants sur les raisons qui pouvaient pousser Zeta Prime à mener Asgard avec un esprit si obtus et égoïste. Il n’avait clairement pas le profil type d’un leader. Cependant, un léger sourire en coin se dessina sur les lèvres de Kappa quand il se dit que c’était la même chose pour lui.

Ce sourire s’évanouit cependant rapidement. Mattheus approchait, et le chevalier d’Or ne voulait pas être vu sur le sol dans cet état pitoyable. Malgré la douleur, et tout en s’appuyant sur la colonne, il se redressa. Il n’eut pas le temps de s’éloigner de cette dernière, que le chevalier d’Adamantine entrait dans ce qui restait du quatrième temple zodiacal. Aussitôt, le regard du Mage des Glaces devint glacial, et son visage se fit de marbre. Son expression était dure, et annonçait la couleur. L’homme venu du futur le devança pour prendre la parole : des informations intéressantes dont il s’occuperait en temps voulu. Il fit comme s’il ne les avait pas entendues, et toisa Mattheus tandis que ce dernier approchait.
- Je t’écoute ? Qu’est ce que tu as à dire pour... ta défense ? Lâcha t’il d’un ton cassant.

Le chevalier du futur s’engagea dans un discours long et pas toujours très clair en déblatérant comme une mitrailleuse. Il savait que s’il ne se justifiait pas très vite, les retombées pouvaient être immédiates et dangereuses. Mais ce faisant, il commit plusieurs erreurs qui ne firent que l’enfoncer encore davantage. Juger les actes de son supérieur, lui désobéir devant l’ennemi et faire preuve d’insubordination par dessus le marché, Mattheus perdait le nord. Mais pas pour longtemps...
- ON EST PAS CHEZ TOI ICI, MATTHEUS ! Explosa t’il à son tour pour faire taire son subordonné. Je me fous de savoir comment les choses se passent dans ton siècle ! Est ce que c’est bien clair ?! Je n’étais pas là pour parlementer avec les spectres, et je ne l’ai jamais été ! Ma mission consistait à prendre contact avec Jack et les Marinas afin de comprendre leur assaut sur le Sanctuaire !

Il fit une légère pause en toisant toujours le chevalier de Bronze d’un oeil courroucé :
- Comment peux tu oser discuter mes ordres devant l’ennemi, et pire encore, désobéir, sans même avoir toutes les cartes en main ?!! M’enfin, t’as peté les plombs Mattheus, ou quoi ?!
Il soupira un instant, avant de poursuivre :
- Tu es dans un ordre de chevalerie, Mattheus ! Et il y a une hiérarchie à respecter ! Quand je te donne un ordre, tu y obéis, c’est tout, c’est comme ça et ça se passe de ton appréciation ! Si tu as un problème avec certaines de mes actions, tu viens m’en parler après, seul à seul. Mais en aucun cas, tu m’entends ? En aucun cas tu ne dois exprimer le moindre doute face à l’ennemi. C’est totalement irresponsable et dangereux ! Je ne peux pas accepter qu’un de mes propres hommes agisse aussi stupidement sur le champ de bataille, Mattheus...

Le Verseau fit lentement quelques pas parmi les décombres tout en réfléchissant, puis il s’immobilisa et prit une nouvelle fois la parole :
- Toi et moi ne sommes pas des amis...
Cette phrase était dure, tranchante, et il l’avait lâchée ainsi exprès afin de choquer Mattheus. Il poursuivit après un très courte pause sur le même ton :
- Des amis se font confiance, se donnent une chance de s’expliquer sur leurs actes. Tu ne m’as pas fait confiance, et au lieu de chercher à comprendre, tu en as directement discuté avec l’un des pires Spectres qui soient : Oneiros ! Tu as commis une grave erreur de jugement, chevalier de Bronze ! Je suis ton supérieur, et en tant que tel, je me dois de prendre des mesures pour sanctionner ton comportement !

Kappa se tourna soudain vers lui, et le toisa une dernière fois avant d’ajouter :
- Chevalier de Bronze, tu es consigné dans tes quartiers, et je t’interdis d’en sortir ! Tu passeras devant une cour Martiale qui décidera de la gravité de tes actes et des sanctions à prendre à ton encontre...
Aussitôt, le Verseau se détourna de son subordonné, certainement un peu assommé par la dure décision du général des armées du Sanctuaire, mais il s’arrêta une dernière fois, dos à Mattheus, et ajouta quelques mots :
- Je t’épargne la prison par respect pour toi. Mais s’il te venait à l’esprit de désobéir à mon ordre de rester consigné dans tes quartiers, saches que tu ne serais plus le bienvenu au Sanctuaire...

Relâchant d'un coup tout ce que j'avais gardé pendant ces années, les mots s'échappent de ma bouche lors que mon cosmos explose et les larmes coulent. Tout ou du moins la grande partie ressurgit pour s'arrêter brusquement en entendant quelques mots. Des mots simples pour n'importe qui mais qui ont une grande signification pour moi. On n'est pas chez toi ici!!

Les yeux grands ouverts, la bouche ouverte d'où aucun son ne sort, le regard fixé sur un point invisible. Ces premiers mots me font mal et je sais que ce n'est que le début. Les paroles affluent cinglantes de vérité et tranchantes tels des coups de poignard. Ma respiration devient difficile, haletante. J'ai envie de hurler, de m'enfuir, de répliquer afin d'exprimer mon point de vue... Mais le son ne veut pas sortir. Je ne suis pas chez moi ici!! Voilà ce que je retiens quand il me dit quelle était sa mission et qu'il n'était pas là pour les spectres.

La suite est tout aussi douloureuse. Je n'ai jamais connu l'armée. Mon service militaire? Je ne l'avais pas encore fait quand j'ai quitté mon époque. Je savais bien que j'allais devoir y passer mais le destin en a décidé autrement. Je ne m'étais jamais vraiment senti chevalier comme eux. Cette situation fait partie de leurs vies, ils y ont été préparés et moi non. On m'a catapulté sans m'y préparer et me laissant apprendre les lois de la chevalerie. Je ne savais pas vraiment à quoi je m'attendais et j'en fais les frais maintenant.

J'ai voulu répondre mais ces mots suivants m'ont achevé. Nous ne sommes pas des amis. Jusque là je tremblais mais cette révélation est un deuxième coup de poignard bien plus douloureux que le précédent. Mais il a raison. Moi-même j'ignore pourquoi mais je ne lui ai pas fait confiance. La peur sans doute ou bien autre chose.

La sentence tombe tandis que je baisse la tête plus perdu par ces vérités que par mon propre sort. J'évite la prison mais je suis consigné dans mes quartiers en attendant le Jugement final de la Cour Martiale. Une dernière recommandation au cas où je tenterais de m'enfuir. Je n'ai pas d'autres choix et j'en ai bien conscience.

Résigné, j'intensifie légèrement mon cosmos et mon armure se détache de mon corps pour retourner dans son urne à mes côtés. Sans un mot, je détache le fourreau contenant mon épée et les dépose sur l'urne.

Je... Je préfère les laisser ici. Tu peux les garder. Ca m'évitera de m'enfuir et de faire plus de conneries. Je vais dans une chambre du temple des Gémeaux pour... pour réfléchir.

Sans un regard envers le saint du Verseau ou mon armure, je me dirige vers l'entrée du temple. M'arrêtant quelques secondes sur le parvis, je lui adresse ses mots avant de reprendre ma route.

Je suis sincèrement désolé de t'avoir déçu!!

Temple des Gémeaux

Temple du Bélier

J'étais sûr d'une chose, c'est que malgré tout Mattheus avait gardé sa vigueur. Je le suivais depuis le temple du Bélier jusqu'à la demeure du Cancer tout en gardant la même distance entre-nous. En m'approchant des marches du Temple du Cancer, j'y sentais une aura à l'intérieur avec celle de Mattheus, un cosmos qui m'était assez familier car j'ai pu le côtoyer un petit moment quand j'étais encore chevalier d'or. De plus, le froid anormal et le fait que le Temple soit en ruine ne faisait que renforcer mes déductions concernant la personne ici présent. Mes hypothèses furent vérifiés lorsque j'ai posé pied à l'entrée du Temple, où du moins ce qu'y pouvait en rester. Je voyais un peu plus loin devant moi Kappa du Verseau en pleine discussion avec Mattheus. D'ailleurs, une discussion bien animé étant donné que malgré la distance entre-nous je pouvais entendre, principalement Mattheus, mais Kappa restait également bien audible.

« - Je ne comprend pas vraiment ce qui se passe.. » Me dis-je à voix basse en restant dos contre l'un des piliers restant encore debout.

J'ai eu une grande crainte en voyant Mattheus laisser exploser sa colère. J'ai pensé l'espace d'un instant que Mattheus aller s'attaquer à Kappa, qui ne semblait pourtant pas au meilleur de sa forme. J'étais même prêt à intervenir pour prendre un coup si nécessaire. Toutefois, mon intervention n'a visiblement pas était nécessaire car Kappa a réussit à calmer les choses d'une manière ou d'une autre, qui s'éloigna lentement, tournant le dos au jeune Mattheus. Je n'ai pas pu entendre ce qu'il a bien pu lui dire, mais mon jeune ami resta silencieux, reprenant son calme, après cette soudaine colère.

« - Mattheus.. » Déclarais-je ne poussant un léger soupir de tristesse.

Je fus par la suite quelque peu étonné qu'il ôte son armure pour la ranger et qu'il y laisse en plus de cela sa fameuse épée dont il ne se sépare jamais d'ordinaire. Enfin, je ne l'ai pas vu quitter sa lame du moins. Cela devait être d'une sacrée gravité, sans compter le fait qu'il a bien faillit s'en prendre à un des siens. Mattheus s'approche par la suite de ma direction, sans vraiment faire attention à ma présence, trop troubler par leur conversation j'imagine. J'ai voulu le suivre sur le coup, mais je ne fis rien. Je me disais qu'il avait besoin d'être un peu seul, et que ma présence ne ferait que l'embêter.

J'ai donc emboîté le pas en direction de Kappa, espérant trouver des réponses à mes tourments.

« - Bonjour, Kappa.. J'imagine que Mattheus a dû te faire part de ma présence. Mais je dois t'avouer que je suis moi-même un peu perdu avec ces événements. Serait-il trop demandé de m'indiquer ce qu'y a bien pu se passer ? Le Sanctuaire fut prit et ensuite libéré ? Combien de temps ai-je bien pu passé dans ma prison ? »

J'ignorais si c'était le bon moment de l'importuner avec cela, mais je devais en savoir plus sur l'état actuel du Sanctuaire, car jusqu'à maintenant j'ai l'impression d'arriver dans un univers parallèle.

Les propos du chevalier d’Or du Verseau avaient été pernicieux, violents et difficiles à entendre pour Mattheus. Il ne les avait pas choisis par hasard. Oui, Mattheus l’avait déçu, et il entendait bien le lui faire comprendre au prix fort. Les chevaliers que Kappa avait lui même triés sur le volet pour cette mission risquée étaient des personnes à qui il avait décidé d’accorder sa confiance, et aucun d’entre eux n’avait répondu à ses attentes, pas même son propre disciple et ami. Kappa aurait bien aimé leur ouvrir les yeux. Qu’ils comprennent la cruelle réalité et les actions qui sont nécessaires pour protéger la terre contre les Spectres et leurs autres ennemis. Mais d’un autre côté, il savait de par sa propre expérience qu’une fois basculé du côté de la triste réalité, on ne pouvait plus jamais revenir en arrière. L’idéalisme, l’utopie et l’optimisme, réservés aux jeunes chevaliers et aux naïfs, n’étaient alors plus permis. Et il n'était pas sûr de vouloir leur infliger ça...

Le Mage des glaces fit volte face pour observer le chevalier de Bronze retirer son armure. Il le toisa sans mot dire, et son regard fut attiré un bref instant par une colonne. Ils étaient épiés. Aucune importance, il s’en occuperait une fois Mattheus à l’abri. Celui ci exprima une nouvelle fois ses regrets, et s’éloigna de Kappa, l’air plus abattu que jamais. Le Verseau hésita un instant, mais il ajouta tout de même :
- Il est un peu tard pour ça, Mattheus... Le mal est fait, à présent... Réfléchis y, et prépares toi à en assumer les conséquences, conclut il d’un ton froid.
Là dessus, le jeune homme venu du futur disparut en direction du temple des Gémeaux.

Le général du Sanctuaire se tourna alors vers le mystérieux espion dissimulé derrière une colonne et ne put s’empêcher de lui dire en guise de préambule :
- Ca ne se fait pas d’épier les conversations...
Au même instant, la silhouette cachée sortit des ombres, dévoilant un chevalier que Kappa connaissait, ou plutôt, avait connu, il y a longtemps !
- Chronos... souffla t’il. Mattheus disait donc vrai !
Immédiatement assailli de questions par l’ancien chevalier d’Or des Gémeaux qui venait pourtant de réapparaître après avoir disparu pendant plus de sept années, le Verseau fronça les sourcils et coupa court aux questions :
- Chaque chose en son temps, Chronos ! C’est d’abord à toi de m’expliquer où tu étais passé pendant ces sept ans, tu ne crois pas ?! Quand tu m’auras expliqué ce qui est arrivé, je t’expliquerai ce qui s’est passé en ton absence !
Kappa ne lui donnait pas le choix. Les choses se dérouleraient ainsi et pas autrement.

Visiblement Kappa n'était guère d'humeur, ce que j'avais certes déjà sentis et entendu auparavant durant sa conversation avec Mattheus. Toutefois, même si je ne le montrais pas, j'étais assez surpris par la perte de son calme légendaire, je ne l'avais jamais vu dans un tel état avant aujourd'hui. Sincèrement je me demandais ce qui pouvait bien se passer, pourquoi cet endroit et les personnes que je connaissais comme lui ou Mattheus semblaient avoir tant changé. En tout cas, lorsque je le vis froncer les sourcils et me couper aussi sèchement, je compris très vite que c'était d'abord à moi de m'expliquer. Je me suis donc tus pour l'écouter et je n'ai pas caché ma surprise lorsqu'il m'annonça le temps que je fus absent.

« - Sep.. Sept ans dis-tu ? » Lui ai-je demandé avec une stupeur qui devait bien se remarquer sur mon visage. « Tant que cela.. »

La nouvelle me fit comme un choque. Je ne m'en étais pas rendu compte jusqu'à maintenant de l'ampleur du changement. Je pensais sincèrement m'être absenté que plusieurs jours ou deux ou trois mois à la rigueur pas plus. Mais si Kappa me dit bien la vérité, et après tout je ne vois pas pourquoi il me mentirait sur une telle chose, j'aurais passé sept longues années coincé dans cette dimension. Cela pouvait éventuellement expliquer pourquoi je me suis tant affaiblis que ça en ressortant de cette horrible dimension.

Je suis resté plusieurs secondes à réfléchir et à encaisser l'information, temps durant laquelle Kappa devait attendre impatiemment que je donne ma version de l'histoire. Je repris ainsi mes esprits, même si j'avais encore du mal à me faire à l'idée que j'avais été absent durant toutes cette période.

« - Je.. Pardonne moi, cette nouvelle m'a profondément surprise. » Je fis une légère pause pour prendre mon souffle et me secouer légèrement la tête avant de reprendre. « - C'est difficile à expliquer, et je penses que je vais juste donner une version abrégé car sinon cela risque d'être long. Alors.. après la Guerre Sainte il y a sept ans je me trouvais dans le Temple des Gémeaux, et je fus en quelque sorte.. attaquer et sous l'emprisonne de cet être je fus envoyer errer dans les couloirs du Temps. Lorsque j'ai pu récupérer le contrôle de moi-même j'étais déjà très affaiblis et c'est uniquement grâce à l'armure de l'Horloge que je suis à présent ici.. »

Je fis une brève pause en baisser légèrement la tête pour échapper un profond soupir. Je m'imaginais ce qui avait bien pu se passer jusqu'à présent. Après tout en sept ans il a très bien pu arriver de nombreuses choses, et surtout.. sans doute beaucoup de mort au cours des batailles qui a pu se tenir.

« - Si tu souhaites également me donner une punition ou même me bannir de notre ordre après une si longue absence je comprendrais parfaitement. » Je relève la tête et croise le regard de Kappa avant de reprendre. « - Mais saches une chose, même privé de mon armure ou de mon rang, au fond de mon être je resterais un chevalier d'Athéna, prêt à donner ma vie pour la génération futur. »

Le silence régna dans le reste des décombres du Temple du Cancer. Le seul bruit que l'on pouvait entendre à la rigueur était le vent qui s'infiltrait dans la pièce pendant que le chevalier du Verseau et moi-même nous nous fixions du regard.

*Tu es sérieux quand tu dis que tu accepterais un bannissement ou un retrait de ton armure ? Tu n'as plus toute ta tête mon Chronos !*
*Je l'ai dis Dark, et ce que je dis n'est jamais à prendre à la légère. J'accepterais la décision qui sera prise.*

Je n'attendais plus que la réponse du chevalier d'or se tenant devant moi.

Le Mage des glaces eut un léger mouvement de recul et ne put dissimuler son étonnement en voyant que Chronos ne savait pas que cela faisait déjà sept ans.
- Tu l’ignorais ?! lâcha t’il, malgré lui.
Il écouta alors attentivement le récit de l’ancien chevalier d’Or des Gémeaux, et les pièces du puzzle s’imbriquèrent rapidement. Prisonnier des couloirs obscurs du temps, Chronos devait certainement déjà s’estimer chanceux d’avoir trouvé une porte de sortie, même après sept longues années. Le temps n’était pas du tout un domaine d’expertise pour le Verseau, il ne commenta donc pas ce qui lui était arrivé, et ne rouvrit la bouche que lorsque le nouveau chevalier d’argent aborda une possible punition. Kappa secoua négativement la tête et répliqua aussitôt :
- Non ! Non, ce serait idiot... Ce qui est arrivé n’est pas ta faute, Chronos. Je n’ai aucune raison de te punir.
Il s’approcha de lui, et posa une main amicale sur son épaule. Un léger sourire se dessina sur le visage ensanglanté et fatigué du chevalier d’Or, et il ajouta :
- Bon retour chez toi, Chronos ! Tu arrives malheureusement en des temps troublés, je le crains... Viens, asseyons nous, je vais te raconter ce que tu as manqué en bref. J’ai besoin de me reposer un peu... nous sortons d’une bataille, comme tu peux le voir...

Les deux hommes s’assirent, et Kappa lui raconta brièvement les évènements que l’ancien Gémeau avait ratés : la fin de la guerre aux Enfers, les six années de paix qui avaient suivi, puis la guerre Sainte s’étant achevée par la défaite des saints et la perte du Sanctuaire aux mains des Spectres. Il en profita pour lui expliquer que Shion et lui partageaient le pouvoir. Puis les évènements récents, quatre mois après, avec cette nouvelle bataille soldée par leur victoire et la récupération du Sanctuaire, grâce à l’aide inattendue des Marinas. Kappa se garda de partager ses doutes et ses suspicions concernant les réels objectifs pouvant se cacher derrière cette “bonne action” des serviteurs de Poséidon. Il rapporta simplement les faits à Chronos. A lui derrière d’en tirer ses propres conclusions. Le Verseau n’avait jamais été très enclin à réfléchir pour les autres, ni même à influencer leurs croyances. Il s’appliqua donc à raconter ce qui s’était passé, en espérant que Chronos se ferait sa propre idée sur les choses. Lorsque son récit se termina, le Mage des Glaces se redressa, non sans une grimace causée par la douleur sur son visage, puis il ajouta :
- Tu connais l’essentiel, Chronos. Pour les détails, je t’invite à en parler avec tes amis ou à consulter notre bibliothèque. Si tant est qu’elle soit en bon état... je dois aller vérifier cela...

Le Verseau commença à s’éloigner, hésita, puis son pas s’immobilisa, et il tourna une dernière fois la tête vers le chevalier d’argent de l’Horloge :
- Mais tâches de ne pas oublier une chose primordiale : on est en 1755, plus en 1748... les temps ont changé, et beaucoup de visages qui t’étaient familiers sont aujourd’hui disparus. C’est la cruelle réalité dans laquelle nous vivons... Et les temps sont plus durs que jamais. Je crains qu’il ne te faille te préparer au pire. Tu risques d’avoir de nombreuses mauvaises surprises comme celle que tu as eu en apprenant le temps qui était passé... poursuivit il d’un air sombre. Si jamais tu as un problème, je serai là pour t’épauler, en tant que général des armées, et en tant que chevalier d’Or. Mais il ne faut pas te leurrer : le Sanctuaire tel que tu le connaissais a disparu...

Sur ces mots qui n’avaient rien de rassurant, Kappa poursuivit sa route en direction des sommets du Sanctuaire. Il avait parlé de la bibliothèque, mais en réalité, un seul lieu l’appelait, et comptait pour lui : sa maison, le temple du Verseau !

Temple du Verseau

Kappa m'a semblé aussi surprit par mon ignorance que je le fus en apprenant la nouvelle. Après tout, rien de bien étonnant, comment pouvait-il savoir que j'ai passé ces dernier temps dans une prison temporelle. Prison qui d'ailleurs ma fait passer l'équivalent de sept heures en sept années. C'est plutôt horrible comme expérience, surtout lorsque l'on n'a plus le contrôle de celui-ci. Dire fut un temps où ce genre de mésaventure ne me serait jamais arrivé. J'en suis ressortis meurtris et plus grand désormais, mais le prix payé fut des plus douloureux.

En tout cas mes sentiments étaient partagés suite à la décision de Kappa concernant mon cas. J'étais sincèrement prit d'une sorte de malaise pour cette période involontaire d'inactivité, mais également heureux de rester auprès des rang des chevaliers d'Athéna. Il a en partie raison sur le fait que je n'étais pas responsable sur ce qui m'était arrivé. Toutefois, et si au fond j'en étais réellement responsable ? C'est Elias qui m'a envoyé me perdre dans ces dimensions, le même Elias en qui j'avais confiance et qui me prodiguait de sage conseil dans ma tête. Il était un ami, du coup dois-je vraiment me blâmer pour avoir fait confiance à un ami..

Le geste amical de la part de Kappa me fit reprendre mes esprits, et son léger sourire, malgré les perles de sang qui pouvaient couler de ses blessures, m’arracha un léger sourire également, qui disparut bien assez vite hélas. Je lui ai apporté mon aide pour se poser dans un coin afin qu'il récupère légèrement, ou du moins, qu'il n'épuise pas plus ses réserves. Je l'ai écouté par la suite attentivement, comme un élève qui écouterait le cours de son maître. Le fait d'avoir apprit que six années de paix se sont écoulés après mon départ m'avait rassuré sur le coup, mais quand il m'annonça qu'une guerre avait par la suite eut lieux, poussant les Saints à devoir céder le Sanctuaire sacré au spectre je n'ai pu m'empêcher à toutes les vies qui auraient pu être sauvés avec ma présence. Je n'aurais sans doute pas pu faire grand chose pour changer le cours de l'histoire, mais si j'avais eu l’occasion de sauver une vie, je me serais sentis utile à mes semblables. Lorsqu'il fit par la suite part de l'intervention des Marinas, je fus quelque peu sceptique. Il était extrêmement rare, du moins, de mon temps, que les Marinas interviennent dans une histoire sans en tirer un quelconque bénéfice. Après, peut-être qu'en six ans avec le nouveau Grand Prêtresse du Dieu des Océans ils avaient changés.

*Mais malheureusement je ne peux rien confirmer avec le peu de chose dont j'ai pu apprendre jusqu'à présent. Au moins, nous avons récupéré le Sanctuaire..*

Les dernières paroles de Kappa me firent un coup plutôt dur. J'ai sentis une profonde douleur au cœur quand il évoqua le sujet des amis. Pour être franc, j'ignore si ils sont encore en vie pour la plus part. Hormis Shion, dont Kappa m'a donné des nouvelles, pour l'instant je n'ai rencontré que Mattheus, le chevalier du Phoenix que j'ai pu apercevoir de loin, et Kappa parmi les personnes que j'ai pu reconnaître. Toutefois, son conseil n'est pas une mauvaise idée, je peux très bien me rendre au Temple des Gémeaux et discuter avec Mattheus.. du moins, si il en ressent l'envie, ou tout simplement me rendre à la bibliothèque en espérant que celle-ci soit en état.

Il acheva son discours sur le fait que je ne devais pas oublier que nous ne sommes plus en 1748 désormais mais en 1755. C'était dur à admettre mais je devais m'y faire, on ne peut retourner dans le passé.. du moins, je ne peux pas tant que je n'aurais pas récupéré suffisamment de ma puissance du temps ou j'étais chevalier d'or.

« Je n'en doute pas.. J'ai sentis et vu beaucoup de ces changements, et pour être franc, même pour moi qui suit pourtant capable de manipuler l'espace temps, le retour en arrière est impossible. Ce qui est fait est fait et c'est la cruelle réalité que nous devons accepter. » Lui dis-je d'un air mélancolique. « Le passé est derrière nos, et même si comme tu le dis des mauvaises surprises m'attendront je ferais face à ces fatalités.. Je te remercie pour tout. En tout cas, au vue de ton état tu devrais te reposer et ne pas trop forcer. Je t'aurais bien aidé à accélérer ta guérison avec mon cosmos, mais tant que je n'aurais pas à nouveau une pleine maîtrise de mes capacités j'éviterais. Prend soin de toi Kappa.. pardon.. je veux dire général. »

Puis il disparut en direction des étages supérieurs, me laissant seul dans les décombres du Temple du Cancer. J'étais inquiet sincèrement concernant son état et j'aurais souhaité me tenir à ses côtés pour l'aider éventuellement sur certaines tâches, mais quelque chose au fond de moi me disait que le chevalier du verseau ne serait pas vraiment ravis. Le vent frais envahit de nouveau la pièce et porta plus bas dans le Sanctuaire en direction du temple où se trouvait Mattheus.

« Espérons qu'une nouvelle roche ne me tombe pas sur la figure ? Oh.. mais en faite.. qui est le nouveau chevalier des Gémeaux ? »

Temple des Gémeaux

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