Plus de ponts et plus de Charon sur le Styx et l'Achéron !!!

==> Achéron, Faisons sauter les ponts

Le tumulte arrivait à son terme alors que les dernières roches achevaient de se désagréger dans les eaux furieuses de l'Achéron, frappant au passage des défunts déjà bien éprouvés. Traverser le Maudit à la nage était aussi fou qu'illusoire. Innombrables étaient les prisonniers de ces flots, battant des bras sans jamais parvenir à rejoindre la rive.

Si proche et inaccessible, le premier passage, le premier exploit traverser le Fleuve Sans Retour après celui des Serments. Le merveilleux regard de rubis scruta encore un moment les eaux sombres et glacées, charriant juste leurs lots de captifs. Ne pouvant se noyer, il ne pouvaient en revanche s'empêcher de souffrir du froid, du ballottement, de la terreur d'atteindre le fond, le lit, repoussés par leurs semblables au plus profond.

Un soupir échappa à la belle, enfin, c'était achevé. Les ponts étaient tous coupés.

Un instant, elle avait craint de retrouver celui qu'elle cherchait prisonnier des eaux du fils d'Hélios mais ce n'était pas le cas. Elle ne pouvait encore se l'expliquer mais elle en avait la certitude sans même avoir consulté le livre des morts ou les archives des tribunaux. Elle en était vraiment persuadée. Feu le père du Scorpion avait bien franchi l'Achéron.

Je le retrouverai, Bardamu. Je te le promets. Cela ne sera guère qu'une question de temps. Où que ton père soit, je retrouverais sa trace et l'interrogerais. A une spectre telle que moi, il ne pourra se dérober. Ses secrets seront miens mais ne te tourmente point, mon aimé, jamais je ne le rabaisserai ni ne m'approcherai de certaines choses qu'il souhaitera m'éclipser.

Un gracieux mouvement de cape plus tard et la brillante Etoile des Ténèbres se dirigea cette fois vers l'Entrée, près de la jetée donnant sur le Styx. L'un des lieux où devait justement se trouver le spectre qu'elle recherchait. Et il en avait des endroits où accoster pour effecter son passe-temps préféré : rudoyer les morts avant de leur soutirer enfin l'obole qu'ils avaient en bouche. Enfin du temps où ils étaient encore inhumés selon les rites anciens. A présent, c'était en bijoux, en anneaux ou autres possessions précieuses que l'on réglait ce genre de transaction.

Et Charon était vénal, si vénal qu'il ne se passerait guère plus d'un battement d'aile avant qu'il se laisse tenter par la fortune que pourrait lui offrir un vivant ou pire encore un chevalier. Rien qu'à y penser, son sang ne faisait qu'un tour et la belle spectre était prise d'une soudaine envie de planter ses crocs dans la nuque du passeur.

Et c'était bien pour cela que Rochel et elle-même se méfiaient à juste titre du passeur. Pour cette loyauté toute respective. La Vampire aimait de tout son coeur son beau Scorpion. Jamais plus, elle n'aurait la force de lever la main sur lui mais cela en faisait-il pourt autant une traîtresse ? Ses dieux infernaux y voyaient bien plus clairs que la soit-disant sage Athéna. Ils pouvaient lire son âme et déchiffrer son coeur sans la moindre difficulté.

Rochel était parfaitement au courant de la situation et cela et le lui avait même fait comprendre lorsqu'elle était venu en aide à leur reine vénérée. Ton coeur, les battements du coeur de la chasseresse à la chevelure de feu. Elle se sentait parfois si vivante. Bien davantage que les ombres blafardes que Charon faisait monter sur sa barque contre monnaie sonnante et trébuchante.

Oui, que lui importe d'où cela vient, tout lui est bon si on n'y porte pas plus d'attention.

Elle ne tarda d'ailleurs à le voir en pleine discussion avec des âmes, négociant le passage de l'Achéron tout proche et son regard se fit bien plus dur.

Quoi ? Tu oses m'ignorer pour marchander ? Tu oses négliger une de tes propres soeurs d'armes ? Le Seigneur Rochel avait bien raison.

Et ne faisant ni une ni deux, elle fit se lever le brouillard, première manifestation de colère pour noyer les âmes dans cette véritable purée de framboises.

Puis décollant à une vitesse hallucinante, elle bondit avant de plonger droit sur Charon, le clouant au sol comme elle l'avait fait du ver avant de lui arracher son casque.

- Charon, dis-moi ? A qui es-tu le plus loyal ?
- Au seigneur Hadès, bien sûr, ma jolie Succube.
- Succube ?
- Oui, qui, à part la Succube, a un tel pouvoir, mon joli petit oiseau. Je me doutais bien que tu me remarquerais. Tu sais, les affaires sont florissantes et puis, il y a quelques extras de prévu avec ce qui risque d'arriver...

Un clin d'oeil suivi d'un sourire entendu qui s'effaça lorsqu'il sentit le regard rougeoyant de la Vamprie se faire plus menaçant.

- Ne rêve pas de Kisara ou plutôt crains de la rencontrer car après ce que tu viens de me dire, je n'ai plus qu'une envie : aller informer personnellement le seigneur Rochel de ta duplicité. Et puisque tu as besoin qu'on te remette les idées en place, reçois déjà cela !!!

Le passeur vira à la plus belle des teintes crayeuses en voyant la main de la Vampire se lever avant de s'abattre à deux reprises sur sa face.

- Et estime-toi heureux car si d'aventure tu oses encore prendre quiconque sur ta barque et ce jusqu'à nouvel ordre, ce ne seront pas deux caresses que tu recevras mais bien une punition à la hauteur de celle que t'avait autrefois infligée notre seigneur Hadès lors du passage d'Héraclès.
- Mais mais ?
- Pas de mais. Ce sont les ordres de notre maître, le seigneur Thanatos.
- Thanatos !!! Hurla presque l'avare. C'est Thanatos qui t'envoie !
- Oui, c'est lui qui m'a chargée de te transmettre ses ordres de cette façon, t'offrant dans sa grande bonté, un avant goût de ce qui t'attend si jamais tu oses lui désobéir. Est-ce bien clair.
- Oui oui, dame... Dame. S'empresse-t-il de dire en claquant des dents au seul énoncé du nom de l'ancien Griffon.
- Lydia.
- Quoi !!!

Et sans plus attendre la Vampire le laissa là, le visage tuméfié. Elle avait transmis le message de la façon voulue par son chef et plus rien ne l'obligeait à demeurer en si mauvaise compagnie.

[HRP : le passeur est neutralisé, en dehors des spectres qui n'en ont pas besoin, plus personne ne peut louer ses services pour traverser le Styx ainsi que l'Achéron. Les ponts étant aussi détruits, il reste plus que la nage si vous avez envie de passer quand même.]

Edit de Rochel: a partir de maintenant Charon ne permettra à plus personne de passer, il va falloir trouver autre chose

Un futur incertain

Ainsi donc la guerre était tellement proche que l'armée des enfers se préparait à supporter un siège. Je n'avais probablement pas trouvé l'armure au meilleur moment après tout : me retrouver embarqué dans une guerre dont je ne connaissais rien risquait d'être compliqué. Je ne connaissais ni mes alliés, ni mes ennemis... Cela faisait beaucoup d'inconnues dans l'équation, bien que Thanatos ait éveillé mes pouvoirs endormis depuis plus de deux siècles. Tous les hommes d'armes que je croisais en traversant les enfers en direction de la porte semblaient tous pressés, courant en tous sens, préparant le terrain pour accueillir l'ennemi comme il se devait. Je ne l'avais pas remarqué à l'aller, mon esprit ayant été focalisé sur les réponses aux questions que je me posais.

Retourner au Styx fut beaucoup plus rapide qu'à l'aller : ma vitesse était devenue incroyable, et mes réflexes me surprenaient. Lorsque je fus en vue du fleuve des morts, un drôle de spectacle attira mon attention. Une très belle spectresse à la chevelure de feu était en train d'en réprimander un second. A son surplis, les voix me guidant jusque là me confirmèrent qu'il s'agissait de celle que je recherchais. Décidant d'attendre qu'elle en ait terminé avec sa victime, je m'assis au bord d'une petite falaise qui dominait la scène d'environ deux mètres, un sourire amusé sur le visage. Il s'agissait donc de Charon, le fameux passeur. Quant à mon nouveau commandant, elle se nommait donc Lydia. Lorsqu'elle eût mis les choses au point avec sa victime, elle fit demi tour, sans voir que je l'observais toujours. Un genou dans le vide, et l'autre replié contre mon torse, le bras posé dessus, je l'interpellai alors :
- Bonjour, Dame Lydia !

D'un geste souple, je fis un bond pour sauter depuis la falaise et atterrir non loin du spectre du Vampire.
- Je suis Inferno, Spectre du Démon de l'étoile Céleste du Tourment. Thanatos m'envoie me mettre sous vos ordres, repris-je alors.
Le vouvoiement n'était pas mon fort. Mais elle était pour l'instant ma supérieure, et les spectres semblaient pointilleux sur l'étiquette. Mieux valait donc être prudent.
- Alors, me voilà, conclus-je finalement en écartant les bras.

Mon regard fut soudain attiré par un des ponts qui n'était à présent plus qu'un amas de pierres fumantes s'enfonçant dans le fleuve. Mon regard s'assombrit à nouveau et je fis quelques pas vers le styx pour observer à nouveau les âmes des morts se débattre dans leurs tourments infinis. Lydia avait détruit méthodiquement chaque pont menant plus loin vers les Enfers. Jamais la réalité ne me parut plus réelle qu'elle ne l'était en cet instant. La guerre était sur le point de démarrer.
- Alors, c'est vrai... ? lui demandai-je soudain avec une voix qui n'avait plus rien d'amusé. Nous y sommes cette fois ?

Toutes ces informations étaient difficiles à accumuler en quelques heures, et les idées se bousculaient dans ma tête : la découverte de l'armure, l'éveil des souvenirs de mes vies précédentes, l'éveil de mes pouvoirs, l'allégeance à Perséphone, et maintenant une guerre dont je ne connaissais même pas les protagonistes. Il me fallait me ressaisir rapidement. Un guerrier paniqué était un guerrier mort, ça, j'en étais certain...

Le passeur était encore affalé sur le sol suite à l'explication tout en délicatesse que lui avait offerte la somptueuse Vampire. Les âmes en transit observaient cela de leurs regards éteints. Quoiqu'elles étaient, sans nul doute, suffisamment lucides pour apprécier l'humiliation que venait de subir celui qui les rudoyait sur le chemin de leur peine.

La rousse le toisa encore un moment de son regard de rubis. Ce regard magnétique qu'on ne pouvait oublier si facilement. Puis, d'un vaste mouvement d'ailes, elle le laissa. Ce Charon ne pouvait nier avoir reçu le message mais il faudrait le tenir à l'oeil même si la seule évocation du nom de Thanatos l'avait fait trembler comme une frêle jeune fille.

Et toi, qu'es-tu Lydia pour avoir ce genre de réflexion ? Si ce n'est une jeune femme. Elle secoua la tête chassant cette pensée. C'était avant. Bien avant et, jamais, je n'ai plié, jamais, je ne me suis résignée. Même piégée comme je l'étais, cela n'est arrivé. Jamais plus je ne serais le jouet de qui que ce soit.

Pourquoi ce genre de chose revenait maintenant ? La proximité des âmes ? Pourtant, elles lui étaient indifférentes.

Enfin, cela attendrait, un autre spectre venait de la rejoindre avant de se présenter.

Inferno du Démon, Etoile céleste du Tourment. A croire que cela expliquerait certaines choses. S'amusa-t-elle en contemplant le spectre nouvellement éveillé. Il fallait le croire vu que tout semblait lui paraître neuf. Après tout, un temps d'acclimatation était parfois nécessaire pour que les "jeunes" spectres retrouvent tous leurs souvenirs et savoirs.

La Belle sourit avant de saluer à son tour le guerrier que venait de lui envoyer Rochel. Elle appela dans la foulée ses compagnes qui se passèrent en un nuage sombre juste au-dessus d'eux avant qu'elle ne s'incline légèrement. La chasseresse avait toujours fait preuve d'élégance et elle ne changerait rien à ses habitudes.

- Tout d'abord, sois le bienvenu en Enfers, Inferno. Je suis Lydia de la Vampire, Etoile céleste des Ténèbres. Et en effet, tu arrives juste à temps. Puis, étendant le bras vers Charon. Et bien voici mon premier conseil, regarde bien ce rat de Charon. Il est un bon combattant et un spectre plus que travailleur, malheureusement, il a aussi un énorme vice, son avidité et son amour de l'or qui le conduisent à trahir systématiquement nos maîtres. Chose que nous essayons chaque fois de juguler.

Aussi, tout comme je le fais, je te conseille de le tenir à l'oeil et n'hésite pas à lui rappeler mes paroles de la façon que tu le souhaites du moment que le message passe.

Sa voix s'était de nouveau faite douce et chantante. La vampire avait cette façon de s'exprimer tout en délicatesse, formant un contraste saisissant avec les timbres de brutes de ses semblables masculins. Et reprenant...

- Pour ce qui est de la Guerre, oui, nous y sommes, enfin, nous y étions depuis déjà un bon moment.

L'une des chauves-souris se posa soudain sur son épaule avant de se laisser glisser la tête en bas, ailes grandes déployées comme pour protéger le coeur de l'Etoile des Ténèbres.

- Elle s'appelle Bella et m'a suivie sur le front. Nous avons combattu et succombé ensemble entre les murs du huitième temple du Sanctuaire de la déesse Athéna avant que notre reine vénérée nous rende la vie et que Zeus nous impose à tous une trève qui vient de s'achever avec son propre scellement. Mais...

Son ton se fit soudain plus douloureux.

- Il avait eu le temps d'emprisonner notre roi ainsi que le dieu des Mers et Océans juste avant, alors que la déesse Athéna est toujours libre, elle. Notre reine et le dieu Thanatos ont repris depuis les rènes des Enfers. Et il nous reste peu de temps pour préparer notre défense.

Elle se tut un moment, laissant à son interlocuteur le temps de digérer la dureté de ses paroles. Le tumulte des flots déchaînés leur parvint alors comme si les deux fleuves réagissaient eux aussi aux paroles de la Vampire à la chevelure de feu. Le Royaume souterrain privé du seigneur Hadès avait toutes les chances d'être la cible d'une attaque massive. Chose qui expliquait parfaitement les raisons qui avaient poussé Lydia a se montrer aussi violente avec un de ses frères d'armes.

Le vent souffla ensuite, faisant danser la lourde chevelure et les pans de la robe de Lydia. Un instant dispersées, les petites vampires ne tardèrent plus à se rassembler. Puis, ce fut au tour de Lucky d'apparaître. la fée considéra le spectre du Démon avant de repiquer la rose blanche dans la chevelure de la Vampire.

Celle-ci reprit alors la parole désignant d'un geste la fée installée tout contre elle.

- Je devine ta surprise en la voyant. Une Fée auprès d'une Vampire, pourtant, elle est bel et bien réelle. Lucky était autrefois l'une des suivantes du spectre de L'Incube. Il ma l'a offerte en toute amitié avant de disparaître. Depuis, elle est restée avec moi. Un autre sourire. Pourquoi, je te confie cela ? Simplement parce que tu es sous mes ordres et à ce titre, je considère que tu dois connaître mes suivantes et familiers. Lucky est parfaitement capable de parler mais rien n'empêche les chauves-souris de porter mes messages vers ceux que je leur désigne. Apprend donc à les reconnaître, toutes ne sont pas identiques.

Puis, se retournant vers le fleuve.

- Maintenant si tu as des questions, ou des suggestions, avant que je ne t'explique ce que je fais ici, en plus de malmener ce cher Charon, je suis toute ouïe.

L'accueil de la jeune femme m'étonna au plus haut point : je n'aurais jamais imaginé un membre de l'armée des ténèbres faire autant de manières. C'était assurément une surprise, une bonne surprise. Mon regard ne se tourna même pas pour observer le misérable Charon, trop stupide pour comprendre que son avidité lui avait fait frôler la mort de très très près. Toute mon attention était orientée sur les paroles de la jeune vampire, même si mon regard, lui, ne quittait toujours pas les morts se noyant dans le styx.

Le spectre du Vampire était peut être la personne qui me ressemblait le plus depuis que je m'étais éveillé. Quelque part au fond de moi, je le savais, le démon sommeillait, prêt à apparaître sur les traits de mon visage à la recherche de sang et de mort. Je l'avais senti au moment précis où Thanatos avait éveillé l'âme du spectre. J'avais beau avoir rejoint l'armée d'Hadès, il était hors de question que je laisse l'âme de ce spectre prendre possession de mon corps. C'était le mien, et je ne laisserais personne manipuler mon corps comme une marionnette. La seule force de ma volonté suffisait pour le moment à contrôler le démon en moi, mais je ne savais pas si cela pourrait durer.

C'était pourtant un précieux allié, de par les informations qu'il me murmurait, car j'en étais certain à présent, c'était bien la voix de l'âme qui me guidait aussi bien depuis qu'elle avait été éveillée, m'alertant des dangers et me protégeant. Je savais pertinemment que porter un surplis portant le nom de Démon n'était pas là par hasard. Mais il était hors de question que je laisse une chose envahir mon corps. Ma détermination à elle seule, était capable de contenir ce monstre et ses soifs de sang, j'en étais persuadé. Je ne pouvais plus revenir en arrière : un Démon sommeillait en moi. Tout ce qu'il me restait à faire, c'était tirer partie de sa force et de ses connaissances, me servir de lui, tout en l'empêchant de se servir de moi. Et dans ce domaine, je m'étais découvert une efficacité étonnante.

Un bruit de froissement me tira soudain de ma rêverie, et mon regard se posa alosr sur une chauve souris qui venait de se poser sur l'épaule de la jeune femme, m'arrachant malgré moi un bref sourire. Ainsi donc, Hadès en personne était actuellement emprisonné, et c'était pour cette raison que Perséphone et Thanatos avaient pris la relève. Quelques instants plus tard, une fée apparut aux côtés de l'étoile céleste, et mon regard s'agrandit de surprise. Comme si elle avait lu dans mon esprit, Lydia m'expliqua alors la raison de sa présence ici.
- Je vois. Je comprends mieux, lui répondis-je avant qu'elle ne tourne son regard vers le fleuve.

Les chauves souris de la jeune vampire me donnèrent aussitôt une idée. Peut être seraient elles capables de m'aider à retrouver la première personne figurant en tête de la longue liste de noms que je comptais éliminer. Mais comment leur faire comprendre ce que je recherchai. Peut étais ce une idée stupide, pensai-je en chassant cette idée de ma tête.

Des questions ? hum, oui, c'était l'occasion rêvée d'en apprendre un peu plus. Me tournant moi aussi vers le Styx, je repris aussitôt :
- Eh bien, oui, il est vrai que je sais peu de choses, si ce n'est que tu es là pour les ponts, ou du moins ce qu'il en reste... ajoutai-je avec une pointe d'ironie. Il apparaît évident que les enfers s'apprêtent à accueillir les armées du Sanctuaire. Mais, à dire vrai, je n'en sais pas plus. Je ne dirais pas non à ce que tu me... vous me donniez, pardon, ajoutai-je, embarrassé, de plus amples informations sur les puissances en présence.

- Je suis désolé pour le tutoiement, neuf ans à vivre seul n'ont pas aidé... conclus-je d'un air sombre.
Et puis j'aimerais aussi des détails sur notre mission actuelle. Après tout, ce matin encore, je ne savais même pas qu'il y avait une armée des enfers, et même si l'âme du démon a été éveillée, je n'ai pas encore saisi tout ce qui se passe autour de moi, avouai-je, le regard plongé dans le fleuve.

Face au spectre du Démon, Lydia restait étrangement conciliante. Peut-être était-ce du à la façon dont il l'avait abordée ou le simple fait que c'était Rochel lui-même qui le lui avait envoyé.

L'Etoile Céleste avait écouté avec une immense attention la réponse d'Inferno.

Il pouvait comprendre la raison qui poussait Lucky à rester auprès d'elle alors qu'il venait juste de s'éveiller ? Intéressant ce genre de réponse et très révélatrice. Pouvoir comprendre ce que ressentait un familier et communiquer avec eux était quelque chose de très subtil et demandait un savoir très particulier.

Cela ne fit que davantage éveiller son intérêt pour lui.

Serais-tu comme moi, Inferno, tout en étant très différent ?

L'esprit et le cosmos du démon flottaient derrière le visage du jeune homme. Elle sentait comme une dualité en lui. Une ombre passa dans les yeux du jeune homme.

Oui, le Démon est bien présent mais reste en arrière. Qu'y gagnez-vous tous les deux ? Une âme forte peut toujours prendre le dessus. Rochel en est le meilleur exemple mais si la cohabitation est toujours possible, l'une de deux âmes finit toujours par prendre l'ascendant.

Lydia ne tarda pas non plus à remarquer un autre détail, la quasi obsession avec laquelle Inferno guettait les files de défunts se jetant dans les eaux tumutueuses de l'Achéron tout en l'écoutant.

Rester concentré sur quelque chose sans pour autant oublier ce qui t'entoure. Intéressant...
Que ou plutôt qui cherches-tu parmi les morts, Inferno ?

Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres sensuelles de la belle rousse avant qu'elle ne lui pose simplement la question.

- Ils t'intriguent, Inferno ? Les défunts viennent par centaines chaque jour et n'ont d'autre chemin à suivre que celui les menant aux prisons que leur auront valu leurs vies passées. Toutes se dirigent ainsi, résignées et blafardes vers le tribunal. Peux-tu ressentir leur peur ? L'angoisse et l'attente du supplice, qu'elles ont peut-être mérité car toutes ne sont pas aussi pourries que nos pensionnaires, les terrifient. Oui, le ressens-tu, toi qui as eu l'honneur de croiser l'un des anciens juges en la personne du seigneur Rochel ou plutôt sa Majesté Thanatos ?

Un autre sourire indéchiffrable tandis que son regard se fixait sur le Démon. Bella et Lucky se tenaient toujours tout contre elle, fidèles et prêtes à partir sur son ordre. L'aura légère que les deux familiers dégageaient était plus qu'étonnante. Une partie du cosmos de Lydia semblait s'être imprégnée en elle et les protégeait. Se faire accepter et reconnaître par la Fée et les chauves-souris était simple mais établir un véritable échange avec elles nécessitait avant toute chose de gagner, dans un premier temps, la confiance de Lydia et, dans un deuxième temps, de se montrer digne de recevoir un tel présent.

Oui, tu pourrais en être digne, mystérieux Inferno.

Puis, jugeant que le répit avait été suffisamment long, elle reprit.

- Bien, je vois que tu as compris. Pour l'instant, elles sont désorientées par la perte des ponts et le léger accident de Charon. Les plus hardies d'entres elles tentent malgré tout de traverser à la nage et n'ont d'autre avenir que de se noyer sans pour autant en mourir.

Les bruits des plongeons successifs n'échappaient guère à l'ouie hypersensible de la Vampire. Nul besoin pour elle de s'intéresser plus que de nécessaire à ce spectacle morbide. Le seul défunt auquel elle s'intéressait ne se trouvait pas parmi cette masse pitoyable. Non, il était mort depuis longtemps déjà. Elle était certaine qu'elle ne le trouverait jamais ici. Elle devrait faire autre chose pour le retrouver à coup sûr au milieu des siens avant que les armées ne se mettent en marche.

Ivictus. Songea soudain la splendide chasseresse. Si jamais Ivictus a vent de cette histoire, il connaîtra l'un de mes points faibles. En effet, même si le juge n'oserait sans doute rien tenté contre elle en dépit de l'humiliation qu'il avait subi en grande partie à cause de son initiative auprès de leur reine, il était par contre pluès que certain qu'il saurait s'en rappeler si l'occasion se présentait. La Wyvern n'était pas spécialement réputée pour sa clémence et sa miséricorde débordante.

Elle devrait redoubler de prudence tout comme ce spectres qui regardait déjà avec bien trop d'insistance des sihouettes envers lesquelles, il n'était pas sensé témoigner autant d'intérêt si ce n'était qu'en tant que gardien ou bourreau.

- Mieux vaut ne pas trop t'y intéresser. A moins que tu ne sois encore trop attaché à ta vie humaine et à un passé douloureux. Tour les spectres passent par une vie humaine et certain s'éveillent de leur vivant sans avoir à en mourir. Je pense qu'avec ce que je t'ai dit, tu ne seras pas étonné d'apprendre que je me suis éveillée de mon vivant.

Chercher à se venger des morts est vain, Inferno. Les juges l'ont sans nul doute déjà fait pour toi et c'est au coeur d'une prison que tu retrouveras un être qui te paraîtra avant tout méconnaissable. Et s'il s'agit d'un vivant,...

Le regard rougeoyant de la Vampire s'illumina soudain tandis que les chauves-souris se déployèrent en une multitude hurlante.

- Il n'a plus qu'à profiter des jours qui lui restent.

Bella planta soudain ses crocs dans la chair de Lydia sans que la Vampire ne bronche avant de reprendre brutalement son envol.

- Tel doit un spectre avec ses familiers pour établir et renforcer le plus incroyable des liens. Des jours, des semaines, des mois, des années peuvent s'écouler sans qu'elle n'oublie un ordre.

Et même bien davantage. Bella s'est aussi bien gorgée de mon sang que de celui de ma mère et de ma grande mère. Les deux précédentes Vampires à avoir porter ce surplis.

Un léger souffle lui échappa avant qu'elle ne se retourna de nouveau vers Inferno.

- Mais ce moment attendra encore Inferno. Comme tu as pu le voir, les ponts sont tous détruits et Charon ne portera plus personne sur le fleuve. Cela ne signifie qu'une seule et même chose. Seuls nous, les spectres pouvons encore franchir les fleuves sans retour. Les défunts eux s'y noient mais il n'y a pas que cela, regarde au loin. Regarde l'origine de ces files. Les morts sont innombrables et maintenant, ils n'auront plus d'autres choix que de se masser de ce côté du fleuve.

La voix de la Vampire se fit plus incisive.

- Mais si les morts sont innombrables, les spectres, eux, sont bien peu. Aussi, devons-nous préparer le terrain en les piégeant de plusieurs manières. As-tu une idée ou une suggestion avant que je ne t'explique la suite du plan ?

Soudain, une des autres chauves-souris revint avant de se poser tout contre l'oreille de la jeune femme et une sourire lumineux se dessina sur son visage.

Merveilleux.

Je ne pouvais détacher mon regard ces âmes décharnées souffrant mille morts sans pour autant être délivrées de leurs tourments. Je sentais le regard de la vampire me détailler, et je finis par m'arracher à la vision du Styx pour lui répondre.Etais-je intrigué par les âmes des morts ? Non, pas vraiment. Pas du tout, en fait. Seul un groupe d'âmes m'intéressait en réalité.
- Non, je... Je pensais à un groupe d'âmes en particulier qui a traversé le Styx il y a bien longtemps... et j'espère vraiment qu'ils n'ont pas fini comme ça, ils méritaient beaucoup mieux que ça, ajoutai-je en serrant les poings.

Un court silence s'installa entre nous avant qu'elle ne reprenne :
- Faire s'effondrer les ponts... plutôt malin, même s'il est bien évident que ça ne fera que les ralentir, c'est certain. Mais si nous avons de la chance, certains d'entre eux seront entraînés au fond de l'eau par les morts. Ils ne méritent pas mieux, de toute façon, ajoutai-je avec une soudaine pointe de haine dans la voix.

Chacun d'entre eux méritait la pire des morts. Mais la guerre était proche, et je serais bientôt coincé en Enfer pour défendre un royaume qui ne m'intéressait absolument pas. Il me fallait trouver un moyen de m'éclipser quelques heures pour retrouver mes premières cibles. L'idéal serait de pouvoir quitter les enfers quelques heures pendant que j'étais sous les ordres de la vampire, mais comment faire ?

- En effet, je suis attaché à ma vie humaine. Contrairement à la plupart des êtres vivant dans ce monde, je suis toujours en vie, et le port de ce surplis ainsi que mon alliance avec l'armée d'Hadès ne sont que temporaires. Je suis là pour vous aider à écraser le Sanctuaire, mais je ne suis pas un pion d'Hadès. J'ai conclu une alliance avec sa majesté Perséphone, ce qui est tout à fait différent.

Les morts ne m'intéressent pas, repris-je en observant à nouveau les âmes se diriger inlassablement vers la rive pour se noyer encore et encore. Seuls les vivants du Sanctuaire m'intéressent. Ils ont perdu le droit de vivre à mes yeux, et je ferai tout pour que les choses soient comme elles devraient être. Les juges ont sans doute la puissance nécessaire pour faire payer les meurtriers, mais cela ne les concerne pas, et je ne veux impliquer personne. Ce sera entre eux et moi, et personne d'autre...

Je me rendis soudain compte que j'en disais beaucoup trop. Malgré moi, malgré ma prudence et ma méfiance habituelle, la vampire avait réussi à me faire parler avec une facilité déconcertante. Durant un instant, mon côté secret et vengeur s'était dévoilé. Heureusement, je m'en étais rendu compte au dernier moment. Pour dissimuler mon trouble, je me contentai donc d'observer la jeune spectre tandis qu'elle parlait avec grand intérêt de ses familiers. Il m'était difficile de concevoir une confiance aussi aveugle entre eux. J'avais pris pour habitude de ne compter que sur moi même pour survivre durant neuf ans, et je ne me voyais pas posséder un compagnon de route. Ce n'était pas, ou plutôt plus, dans ma nature.
La jeune femme poursuivit en parlant des défenses du royaume. Cela ne m'intéressait pas vraiment. Pourtant, je me surpris à réellement réfléchir.

- Je ne connais pas bien le royaume, lui dis-je tout en réfléchissant, et par conséquent, je ne connais les meilleurs endroits pour créer des embuscades. Cependant, si je ne connais pas leur parcours et ses points faibles, je connais leur destination, achevai-je en me tournant vers la vampire d'un air malin. Nous savons qu'ils viseront le Giudecca à coup sûr. A votre place, je mettrais le paquet à l'entrée du Giudecca, car ils passeront par là, c'est certain. Je sais que ça ne vous sera pas vraiment d'une grande aide, mais j'avoue que pour le moment, je ne peux pas vous aider plus.

Je me tournai à nouveau dos à elle pour observer un des ponts effondrés. Soudain, ma voix prit une teinte extrêmement sérieuse, et je lui dis :
- Lydia, peux tu garder ce que j'ai laissé échapper il y a quelques secondes pour toi, s'il te plaît ? Je n'aurais jamais dû parler de ça... J'en suis désolé...

Je n'étais même pas conscient que je venais de tutoyer ma supérieure hiérarchique. Tout ce qui comptait, c'est que j'avais involontairement dévoilé un point faible, et je n'aimais pas ça du tout...

Le regard du spectre se fit plus dur plus haineux tandis qu'il continuait à parler sans vraiment réaliser la teneur de ses propres propos. La somptueuse Lydia l'écoutait avec attention. Ses mots, ses verbes, son attitude en général étaient si révélatrices. Lydia lisait clairement en lui. Inconsciemment, il se tournait vers la Chasseresse des Enfers. Un semblant de confiance s'était comme déjà créé entre eux.

Rochel a eu raison de t'envoyer vers moi. Toi aussi, tu es un vivant ayant encore un part de lui-même lié au monde des humains...

Impassible, la belle inclina juste la tête faisant glisser sa longue chevelure de feu. La tristesse et la souffrance autour d'elle, le spectre y était déjà insensible...

Soudain une lueur traversa son magnifique regard de rubis, unique et attirant, comme la lune illuminant la nuit, jusqu'à ce que l'on y plonge pour ne plus en ressortir. Ceux qui osaient plonger au plus profond du regard des Vampires finissaient par s'y noyer dans la plus grande douceur.

Pourtant, elle ne posa pas ce regard sur lui. Sa voix avait suffi à aiguiller la Vampire vers ce que cet homme désirait vraiment sans réaliser ce qui planait sur leurs têtes à tous.

C'est donc cela que tu cherches parmi eux. Un groupe en particulier... Sans doute ceux que tu as connus et aimés de ton vivant. La vie humaine des spectres est toujours remplie de souffrances, celle qu'il a pu infliger ou celle qu'on lui a infligé ou bien un étroit mélange des deux jusqu'à ce que la mort et le monde souterrain le rattrape et que leurs maîtres lui ouvrent leurs bras tout en le revêtant de son surplis.

L'âme du spectre peut se réveiller et tout balayer mais toi, tu es comme moi, encore lié au monde des humains...

Les pensées de la Vampire se firent murmure, léger, délicat, de fines notes harmonieuses se glissant au milieu du tumulte des deux fleuves.

- Mes paroles sont dures mais oubliez-les, Inferno, n'essaie pas de les retrouver dans les tourments de l'Enfer. Ou plutôt garde-les tels qu'il était au travers de ton propre coeur. Garde-les précieusement. Ta vie humaine s'est arrêtée lorsque le surplis t'a reconnu. Ceux que tu as connus ne sont pas ceux qui se trouvent ici.

En Enfers, Inferno, nul ne peut cacher ses péchés, sa cruauté, ses actes passés. N'essaie pas, nul ne sait comment ton âme tiendrait le choc...

La vérité est ici, au fond des Enfers, ne la laisse pas te brûler. Tu es un spectre...

Lydia irradiait de cette aura envoûtante qui était la sienne. Elle était franche avec lui et souhaitait simplement le lui faire compendre. Peu de temps, au fond d'elle-même l'Etoile des Ténèbres le sentait, il restait peu de temps.

Pour toi, c'est le mieux. Souviens-toi des défunts tels que tu les as connus pour en faire tes armes et avancer pas à pas vers le Démon. Deviens le parfait soldat du seigneur Hadès. Marche vers ton destin, sème la mort et nourrit l'âme du Démon jusqu'à ce qu'elle te submerge. A un moment ou un autre, vous serez de force égale. Et c'est là toute la différence entre nous, Inferno. Je suis Vampire humaine et même le sang de Rochel n'a rien pu y changer. Cette part humaine flotte toujours en moi aussi pure et lumineuse que depuis mon éveil au monde des non-vivants. Je suis elle et elle est moi...

Etrangement, la Vampire avait gardé ces pensées pour elle. L'âme du Démon avait ses propres desseins. Elle le percevait si bien sous les traits d'Inferno.

Inferno qui reprit la parole, laissant échapper des confessions qu'il aurait sans nul doute voulu garder pour lui. Pas un instant la Vampire ne l'interrompit, se contentant de sourire comme hors d'atteinte de ses mots qu'elle avait pourtant parfaitement saisis et mémorisés.

Et pourtant, il y avait de quoi réagir plus que vigoureusment. Le jeune homme venait de clamer sans la moindre hésitation qu'il n'appartenait pas à Hadès. Lydia ferma juste les yeux, laissant un sourire indéchiffrable se dessiner sur ses lèvres.

Tous, à un moment de leur vie et surtout de leur mort, appartiennent à Hadès. Comment peux-tu te leurrer à ce point ? Tu as la chance de revêtir l'un de surplis et à cela tu préfèrerais la glace éternelle du Cocyte. Sois prudent Inferno, de telles paroles te coûteraient bien davantage face à d'autres que moi.

Le visage d'Ivictus reparut soudain devant ses yeux. La façon dont il avait éloigné la Vampire de la déesse Perséphone. Le regard qu'il lui avait lancé. Entre les mains d'un tel juge, Inferno ne pourrait que regretter sa franchise et son imprudence ou bien était-ce vraiment elle qui avait le don de le pousser à se confier ?

Une complicité naissante entre les deux spectres. Cette façon qu'il avait de la tutoyer en oubliant qu'elle était sa supérieure hiérarchique à moins qu'il ne la voyait juste que comme une Céleste. Ce qu'elle était au fond.

Lydia n'avait jamais ressenti un semblant d'amitié qu'auprès de Lille ou de Regen qu'elle n'avait fait que croiser. Pour Rochel, les choses étaient différentes, c'était une véritable vénération mais il n'avait plus rien d'un spectre. Peut-être avait-elle besoin de pouvoir accorder sa confiance à un autre spectre.

- Dis-moi, Inferno, une fois ta vengeance accomplie, que deviendras-tu ? Cela n'a-t-il donc aucune importance pour toi ? Ceux qui seront tes frères n'auront-ils aucune importance à tes yeux ? Ne suis-je qu'une ombre traversant ta vie ?

Le ton de Lydia s'était fait plus triste avant qu'elle ne se reprenne soudain, se tournant vers Giudecca.

- Tu penses être le seul à vouloir te venger ? Ton cas n'est pas unique, loin de là. Mais ensuite ? Restera-t-il encore quelque chose pour toi dans le monde des vivants si tous ceux qui avaient de l'importance pour toi se trouvent désormais en Enfers. La décision n'appartient qu'à toi...

Puis, se faisant plus douce.

- Je veux bien garder cela pour moi, Inferno. Cela restera entre nous. Le seul à pouvoir te trahir, ce sera toi, spectre du Démon.

Puis, revenant au présent et à la défense des Enfers.

- Tu parles de défendre Giudecca, le juge Ivictus s'en charge déjà. Ici, nous sommes à l'Entrée. Les morts sont comme des papillons perdus dans l'ombre se précipitant vers la lumière. L'illusion d'une flamme vers laquelle ils ne peuvent que se brûler. Le monde des vivants n'est plus le leur mais la flamme de la vie, du soleil est si grande si vaste...

A ces mots, Lydia embrasa son cosmos laissant transparaître le cosmos doré qu'elle avait pris aux autres. La lumière de la Vampire humaine rayonnait dans les Ténèbres encore plus intense que celle de la Lune d'Ambre et aussitôt, plusieurs âmes se tournèrent vers elle.

Cela ne dura que quelque secondes avant qu'elle ne laisse son cosmos retomber.

- Comprends-tu les raisons de ma présence ici, Inferno ? les défunts peuvent nous aider en bien des points. Nous surprendre en empruntant d'autres passages sera impossible grâce à eux. On ne peux cacher sa vie en Enfers encore moins aux sens surdéveloppés d'une Vampire se nourrissant de la vie. Mais les morts eux sont aussi attirés par certaines lueurs.

Un regard alors que la fée se reposait sur son épaule.

" - Lydia tu penses que cela va être possible ?
- Oui, Lucky.
- Cette âme ? Tu vas partir la mettre à l'abri.
- Oui, là, où seul Bardamu pourra la rejoindre aussi longtemps que les Enfers seront dans cet état.
- Lydia, tu risques de devoir affronter la lum...
- Je lui ai fait une promesse. Nul ne sait si nous nous reverrons Lucky. Peut-être que cet acte sera ma dernière preuve d'amour...
- Non, tu ne peux mourir ! Vampire, tu es, vampire, tu restes. Vous vous reverrez.
- Oui mais je dois d'abord m'occuper d'Inferno et je crois avoir trouver quelque chose qui nous arrangera tous les deux. "

La fée rompit le contact télépathique, laissant Lydia reprendre la parole.

- Bien, je pense que tu n'as nul besoin d'autres explications pour l'instant. Il me reste encore plusieurs choses à vérifier avant de tout mettre au point.

Le ton se fit plus enjoué.

- Trouve-moi des âmes toutes fraîches ou bien tue des vivants pour mettre au point le piège. Le temps que je rassemble les derniers éléments nécessaires, tu devras me les avoir ramenées. Je te donne juste le temps qu'il me faudra pour disposer le premier piège. Ensuite on pourra le généraliser à l'ensemble des défunts se trouvant à l'Entrée et tout autour des Enfers. A tout de suite, Inferno, débrouille-toi comme tu veux mais ne me fais pas faux bond.

Les paroles de la jeune femme se répercutèrent plusieurs fois en écho dans mon esprit, comme s'il refusait de les assimiler, de les accepter : " Ta vie humaine s'est arrêtée lorsque le surplis t'a reconnu ".
Je refusai de croire que ma vie humaine était terminée seulement parce que j'étais entré en possession du surplis du démon. Je me raccrochais à ma vie qui était à mes yeux ma seule véritable possession, et il était hors de question qu'elle me soit dérobée. Cependant, j'étais réaliste : un démon vivait à présent en moi, et tôt ou tard, il tenterait de revendiquer mon corps comme étant le sien. Cette perspective était peu réjouissante, pourtant, c'était une réalité avec laquelle il faudrait que je vive. Je pourrais m'inquiéter plus tard d'expulser cet hôte indésirable. Pour l'instant, il avait autant besoin de mon corps que j'avais besoin de sa force et de ses conseils. Une symbiose malsaine et gênante, malgré tout nécessaire pour arriver à mes fins.

Lydia était étonnamment franche dans ses paroles, chose qui attira particulièrement mon attention. Le démon m'avait fait partager ses expériences précédentes, et dans le monde des spectres, les trahisons et les tromperies sont souvent présents. Se pourrait il que ma confession involontaire ait éveillé son intérêt ? Ou bien peut être ne me considérait elle pas comme une menace à ses projets, ce qui en soi était tout à fait justifié.

Notre discussion bascula à nouveau sur la défense du royaume souterrain. L'embrasement durant quelques secondes du cosmos me fit comprendre que la spectre entretenait un lien que je ne pouvais m'expliquer avec les défunts. Peut être les choses s'éclairciraient elles avec le temps. Je ne dis pas un seul mot, me contentant d'acquiescer à mon tour face au petit discours de la jeune femme. Quelque part, je le sentais, mon hôte s'apprêtait à se manifester...

L'étoile céleste des ténèbres me donna un ordre quine pouvait tomber mieux avant de disparaître.
- Entendu, lui dis-je aussitôt, je connais déjà plusieurs cibles toutes indiquées.

Une fois resté seul, je pris rapidement le chemin de la porte des Enfers lorsque mes craintes se manifestèrent : alors que je courais rapidement, l'âme du démon fit surface d'un seul coup, me forçant à m'immobiliser pour résister de toutes mes forces à son invasion. La main droite crispée sur le coeur, la respiration haletante, je pris plusieurs secondes pour réguler ma respiration et empêcher de toutes mes forces le démon de s'emparer de mon corps.

- Ce corps est à MOI ! murmura aussitôt la voix du démon dans ma tête.
- Laisses moi tranquille ! hurlai-je en posant la main gauche sur ma tempe.
- Tu ne pourras pas me résister éternellement ! Je serai toujours à l'affût ! Et à la moindre occasion, au moindre signe de faiblesse, je t'attaquerai à nouveau !

Une nouvelle attaque mentale encore plus intense me poussa à me mettre à genoux, et un phénomène incroyable se passa : mes cheveux se décolorèrent pour devenir tous blancs et mes yeux prirent une teinte rouge sang. Concentrant toutes mes forces, je fis soudain entendre ma voix frappée de haine, se répercutant en écho dans tout le canyon :
- Hors de mon corps, Démon !!! hurlai-je en intensifiant mon cosmos.

La seconde d'après, mes cheveux et mes yeux reprenaient leur teinte habituelle, et la voix ainsi que la présence démoniaques avaient disparus. Le souffle court, je pris plusieurs secondes pour me remettre de l'attaque mentale du démon. C'était sa première tentative, mais ce ne serait pas sa dernière, je le savais parfaitement. Tout comme il était capable de lire en moi, j'avais été en mesure de lire en lui lorsqu'il me communiquait des informations, et son objectif était on ne peut plus clair : obtenir mon corps.

Spoiler:

Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis l'attaque du démon, et j'avais eu le temps de faire ce pour quoi j'avais quitté le monde souterrain. Parcourant la route à vitesse soutenue, je vis finalement le lieu où Lydia et moi avions rendez vous. Je pus constater qu'elle n'était d'ailleurs toujours pas là en balayant les yeux du regard. Après un haussement d'épaules, je décidai de m'adosser à un rocher, et de fermer les yeux en attendant la jeune femme. L'attaque de mon hôte m'avait épuisé, et le combat qui avait suivi m'avait empêché de récupérer.

~> L'Olympe, Salle du Conseil

Le portail s'ouvrait laissant sortir de son sein Cerbère et Perséphone, ainsi qu'une urne qui lévitait derrière la Déesse des Enfers. Lentement la belle posa un pied à terre puis l'autre, avec une grâce toute particulière. Inspirant profondément, la Divinité se disait qu'il était particulièrement plaisant de se retrouver chez soi, tandis qu'elle portait son regard sur l'urne juste derrière elle.

"- Alala Père, que vais-je bien pouvoir faire de toi?"

Dit-elle en esquissant un sourire un brin ironique avant de porter son regard émeraude tout autour d'elle. Hum tient donc, les lieux avaient changé. Où avait donc bien pu passer cet avide Charon? Un petit haussement d'épaules, elle finit par se dire que cela devait être l'oeuvre de Rochel qui gouvernait en son absence.

Puis sondant les lieux, elle avisa la présence de deux cosmos, l'un d'eux lui étant plus que familier: Lydia. Le cosmos de la Déesse s'intensifia, marquant les Enfers de sa présence, indiquant ainsi son retour à l'ensemble de ses troupes, qui, elle l'espérait, s'étaient accrues en son absence.

Car des forces armées, les Enfers en auront bien besoin. En effet, maintenant qu'elle venait de ramener Zeus, il était fort à parier que nombreux seront ceux qui voudront récupérer le Père des Dieux.

Elle avisa alors une présence non loin de là, un spectre visiblement, et c'est d'une façon curieuse qu'elle l'observa. Visiblement, oui les troupes s'étaient accrues, et l'homme qui se trouvait assis là en faisait parti. Qui pouvait-il bien être? A en juger par son surplis, il semblerait qu'il s'agisse là du Spectre du Démon, et ce dernier semblait lui être familier, mais pour quelle raison, elle ne se le rappelait plus.

Le moins que l'on pouvait dire, c'était que l'ordre de Lydia avait trouvé un écho plus que favorable dans l'esprit de son frère d'armes. Mieux que cela, l'envoyer tuer des vivants semblait l'avoir presque comblé. La Belle ne pouvait ignorer cette jubilation qu'elle sentait croître en lui ainsi que le conflit qui risquait d'éclater sous peu. Elle ne pouvait malheureusement rien y faire. Inferno devait affronter seul l'âme du Démon. Tout comme elle l'avait fait avant lui et était restée elle-même. Elle était Vampire avant même de boire le sang de sa lignée. Nul véritable conflit en son âme depuis son éveil, juste un risque de plongeon dans une bestialité d'où elle pourrait toujours ressortir...

Oui, assouvis ta vengeance, Inferno. Cela t'aidera déjà à y voir plus clair sur ce que tu souhaites vraiment. Tu as ignoré certaines de mes propositions. Moi qui étais prête à t'offrir ma confiance, voilà que tu ne saisis guère la chance que je t'offres.

Et lorsque le spectre lui signifia son départ, elle se contenta d'acquiescer d'un signe de tête. Puis, elle le regarda simplement disparaître sans un mot, laissant Lucky et l'une des chauves-souris lui murmurer à l'oreille.

Bien, il est temps. J'ai moi aussi quelque chose d'important à faire avant que cette guerre ne commence.

Elle allait s'en retourner vers les prisons lorsqu'elle se ravisa. Son regard se reporta sur Charon qui s'était quelque peu remis de si sa douce apparition. Quelques pas s'ensuivirent. La belle s'avançait de se démarche gracieuse, accompagnée des délicats mouvements des tissus dont elle se plaisait tant à se couvrir. La Vampire était un véritable enchantement, telle une apparition mystérieuse gardant tout son charme et sa séduction.

D'un geste lent, elle s'inclina vers le passeur en train de rajuster son casque. Un sourire sur les lèvres, elle s'adressa à lui de sa douce voix chantante.

- Je vois que tu sembles remis, cher Charon. N'oublie pas les ordres, s'il te plaît. Cela m'ennuierait vraiment de devoir de nouveau te taper dessus ou pire.

Ceci fait, elle se redressa avant de déployer ses ailes. La Céleste s'envola sanhs hésiter vers le lieu que lui désignaient ses petites compagnes. La rencontre allait débuter et pour la première fois de sa vie, la Belle était intimidée.

Spoiler:

De longs, de très longs instants plus tard, Lydia reparut sur les lieux de sa rencontre avec Inferno. Le spectre l'y attendait déjà avec les âmes qu'elle lui avait demandées.

Parfait...

Elle s'apprêtait à le féliciter pour cette première misson accomplie sans la moindre bavure lorsqu'un cosmos plus que connu se fit ressentir à la Porte des Enfers. Aussitôt la spectre se rendit auprès de son subordonné pour accueillir leur reine que venait tout juste de revenir.

La splendide chasseresse avança encore d'un pas avant d'ôter son casque et de s'agenouiller avec tous le respect du à la déesse des Enfers. Sa voix s'éleva ensuite au-dessus du tumulte ambiant.

- Mes hommages, ma reine. Moi, Lydia de la Vampire, me réjouis de vous voir enfin de retour et attends vos ordres.

Plusieurs minutes s'écoulèrent alors que mon regard se perdait dans la voûte céleste pourpre et noire du royaume des morts. Puis, soudain, je sentis un cosmos d'une puissance écrasante s'intensifier, un cosmos que je ne connaissais pas. Mais alors que je me perdais déjà en conjectures sur l'origine de ce cosmos, Lydia se présenta devant moi. D'un bond, je me redressai rapidement et m'époussetai sommairement.

Mais le spectre de la vampire semblait elle aussi attirée par le cosmos et se dirigea vers son origine. Comprenant qu'il n'y avait pas grand chose d'autre à faire, je lui emboîtai rapidement le pas. Il ne nous fallut que quelques pas pour trouver d'où émanait l'énergie cosmique qui irradiait de sa puissance. Lydia s'agenouilla immédiatement devant une jeune femme brune magnifique, qui dégageait un charisme et une noblesse impressionnants. On ne doit pas s'ennuyer ici si toutes les femmes appartenant à l'armée d'Hadès ressemblent à ces deux là, pensai-je à la vue des deux jeunes femmes côte à côte. Les paroles de ma supérieure me dévoilèrent immédiatement l'identité de cette jeune femme mystérieuse.

Il ne me restait plus qu'à poser un genou à terre moi aussi, mais ma jambe refusa pendant un instant de m'obéir. Il n'y avait rien à faire, je détestai manifester un quelconque signe de soumission. J'avais même évité face à un dieu tel que Thanatos. Pourtant, le souvenir de la manière dont j'avais obtenu le surplis me revint en tête et je dus admettre que c'était uniquement grâce à elle que quelques minutes plus tôt, j'entamais ma vengeance en éliminant mes premières victimes. Pour cela, elle méritait donc une marque de respect, par signe de reconnaissance.

Humblement, j'imitai Lydia, posant un genou à terre, la tête baissée et les yeux fermés, ne sachant si je devais me présenter ou simplement attendre que notre reine ne prenne la parole. Par prudence, je décidai de ne plus bouger en attendant qu'elle ne s'adresse à moi.

Atlantide =>

Raïmi et sa bande avait donc quitté le Royaume Sous-marin, après s'être entretenu avec le proprio des lieux. L'épouse de Poséidon en personne, en l'absence de ce dernier. Accompagné d'un Marina, l T1000 du XVIIIème siècle, les trois lurons arrivaient enfin au terme de leur voyage. Après les profondeurs marines, les profondeurs souterraines, en clair.

_ Bienvenue dans notre humble demeure, les Enfers, glissa-t-il à leur arrivée, tout excité.

C'était un peu comme Rolland-Garros. On marchait sur de la terre sanguinaire, il y avait un arbitre de chaise, et deux ramasseurs de balles déjà en position. Bon d'accord, question terrain et délimitation semblait à revoir. Mais bon, à l'époque, déjà qu'on jouait avec la paume de sa propre main... si Raïmi s'était pris à constater à voix haute, c'est sa sale face qui aurait sans doute servi de balle.

Plus sérieusement, le Spectre du Ver avait presque bien réussi son entrée. En tout cas, mieux qu'à l'aller au Giudecca. Cette fois-ci, Perséphone était présente... mais non pas pour l'accueillir. C'eut était trop beau. Elle paraissait revenir d'on-ne-sait-où, tandis que deux soldats en Surplis posaient le genou à ses pieds.

S'assurant tout d'abord que son hôte de marque divine le suivait bien, le bossu accéléra ensuite le pas pour s'approcher le plus respectueusement du monde aux côtés de sa Reine. D'une révérence bien dosée juste derrière les formes de la Vampire (mouahahaha), il s'annonça dès que l'occasion se présenta.

_ Majesté Perséphone ! S'exclama-t-il fièrement. Je suis heureux de vous retrouver parmi nous. Je reviens à l'instant de l'Atlantide, accompagné de la Déesse des Océans, Amphitrite. Elle souhaiterait échanger quelques mots avec vous.

Coincé sur le sol à fixer les cailloux, Raïmi avait alors utilisé ses tentacules pour le reste de sa gestuelle et démontrer ses dires... même si deux cosmos puissants qui s'entrechoquent ne passaient pas inaperçus.

Atlantide

Le Ver de la soumission était face à sa Souveraine et à ses frères d'armes, lui présentant ceux qui suivaient son sillage. Derrière lui, une onde marine et iodée faisait son apparition, dans un siphon inversé venant du néant, des milliers de billes d'eau pénétraient dans le royaume infernal et un magnifique Dauphin fit son apparition pour prendre l'apparence d'une femme aux cheveux noirs de jaie et à la peau diaphane, ses yeux améthystes scrutèrent les Enfers avec un léger pincement au coeur. Les deux cosmos divins se fracassèrent l'un sur l'autre à l'image des vagues sur les récifs, malheureusement pour eux, les récifs étaient les guerriers qui se trouvaient à côté des deux souveraines à la beauté inaltérable .

Serrant un trident d'argent à sa main droite, elle réajusta de son autre main la lourde capeline de velours noir, tenue par deux belles broches dorées à une chaînette du même ton. Foulant le pas sur le sol des Enfers, elle n'avait aucune expression sur son visage, quelques petits cailloux vibrèrent pour signifier l'annonce de cette vague assez familière dans l'Océan Pacifique. Les deux Déesses se faisaient face et le regard de la souveraine des Océans se porta finalement sur l'étrange objet qui lévitait à côté de sa cousine. Le sceau de son fils y était gravé sur un parchemin. Puis, relevant la tête, elle regarda de nouveau celle que l'on appelait la Reine des Enfers. Amphitrite connaissait mal la Dame des Saisons, elle se demandait toutefois pourquoi elle n'avait pas profité de l'enfermement de son époux pour prendre le pouvoir et apporter un peu de repos aux âmes ici enfermées.

Ses prunelles s'abaissèrent sur les deux spectres qui devaient lui faire office de garde. Le premier, à la silhouette féminine, dégageait un cosmos à la fois froid et chaleureux. La Souveraine des Océans sentait en elle une chaleur humaine cachée sous les oripeaux de son surplis, elle sourit à cette vue en sentant l'angoisse des femmes de marins en lui, il était inquiet. Ce spectre était donc amoureux et cela démontrait que les expressions humaines existaient toujours chez ces âmes guerrières, malgré leurs penchants à l'excès inutile. Ensuite, elle observa le second spectre, son cosmos était plus faible que son devancier, il était plus jeune visiblement. Mais son cosmos se débattait comme un beau diable contre ceux des Déesses, un parfum d'insubordination régnait dans son coeur. Enfin, elle revint à sa cousine et belle soeur, toujours aussi belle et énigmatique, colérique et rentre-dedans selon certaines légendes. Amphitrite ne cessait de se questionner sur cette histoire d'enlèvement dans l'antique mythologie, à priori, Hadès avait eut le choix entre des milliers de nymphes et de Néréides à enlever, pourquoi la fille sans saveur de la Déesse des récoltes ? Une paysanne dans le monde divin ! Enfin... Le temps des réponses allait attendre sur ce point.

" Nous ne nous attendions pas à vous voir ici ! Son excellence, Raimi de l'étoile terrestre de la Soumission, ambassadeur du royaume infernal auprès de notre Cour, est donc un homme si avisé qu'il vous aurait prévenu sans que nous le sachions, cela mérite encore plus notre attachement à votre serviteur. Ceci dit, nous ne voyons pas Hadès à vos côtés. Cela se complique donc un peu... C'est pourquoi nous devons nous entretenir rapidement de notre entente, sinon de notre alliance, pour délivrer nos " marins " prisonniers des griffes de la Foudre de votre Père. "

Le ton de la petite fille de Pontos battait la mesure avec tact et autorité. Son regard ne s'adoucissait point, elle n'en avait pas le temps, devant veiller à ce que cette Guerre ne se fasse pas sur ses propres terres. Mais la vision de l'urne levait cette question et cela amusait la Déesse des Ecumes et des anciennes magies. Ainsi donc l'empire sous-marin n'allait pas perdre ses forces à se défendre.

" De plus, nous avons donné des ordres pour éviter que d'anciens vassaux un peu récalcitrants en profitent pour s'allier à cette.... Déesse de la Sagesse ! "

Il était vrai que la malédiction de Lune avait enclenché une mécanique qui allait occupé les Ases pour un moment. De plus, elle savait que Perséphone était l'ancienne prêtresse des Ases, elle devait ainsi savoir si sa belle-soeur avait encore de l'affection pour eux. En temps de guerre, l'affection peut nuire aux plans les mieux élaborés. Elles avaient toutes les deux les mêmes objectifs en étant un peu pragmatique. " Décidément, tu es toujours aussi soucieuse de ma personne, tu n'hésiterais pas à ruiner tout espoir autour de toi pour me protéger... Pauvre Scylla... " Les anciennes paroles de Poséidon étaient vraies, Amphitrite pouvait s'avérer d'un machiavélisme exacerbé, quand on avait l'audace de toucher aux siens.

Atlantide

Nous étions enfin arrivés à destination. Seul un passage, qui fut des plus simple à emprunter, nous séparait des Enfers et du monde des Hommes. Normalement, selon plusieurs légendes que j'ai entendu de la part de mon père et des livres que j'ai lu, les Enfers ne sont pas accessible à n'importe qui. Pour cause, peu de personne on eut la chance de voir les Enfers étant encore en vie bien sûr, et l'accès nous y menant peu également nous être fatal. Maintenant, je sais l'utilité de la bague que m'a confié Dame Amphitrite.

Mais, passons sur ce détail. L'entrée dans le royaume des morts fut assez spectaculaire, plusieurs ondes marines, des milliers de bille d'eau apparurent. Sans oublier ma chère Déesse qui avait prit l'apparence d'un magnifique dauphin avant de récupérer sa véritable apparence. Quant à moi, mon entrée fut bien plus simple que la sienne, je fis mon entrée dans le royaume d'Hadès, de la même manière que dans le Sanctuaire sous-marin, en surfant sur une énorme vague. Bien sûr, cette fois j'ai fait bien attention. La vague s'arrêta au moment où Dame Amphitrite rencontra ce qui semblait être la Reine des Enfers.

*C'est du rapide comme rencontre.*

En guise de respect, je fis malgré tout une révérence afin de saluer la Reine Perséphone. Après tout, nous ne sommes pas chez nous, et je suis le seul garde de Dame Amphitrite et eux, sont trois si on compte ce curieux ambassadeur.

Pendant que ma Reine débutait les discussions avec la Déesse Perséphone, moi, je me tenais à ses côtés, jetant un coup d'œil rapide sur les spectres ici présent. Par contre, ne connaissant pas les surplis, je ne pourrais pas vraiment m'avançais sur son probable style de combat. L'un d'eux n'avait rien de bien spectaculaire, mais, il dégage comme une étrange aura. Et la dernière, une jeune femme au teint pâle et une chevelure rousse qui lui donne un certain charme.

*Je ne suis pas plus avancé au final.*

Dame Amphitrite avait terminé et à présent c'était à la Reine des Enfers de prendre la parole.

Immobile, l'Impératrice Infernale regardait le Spectre du Démon, ses iris émeraudes plongées dans les siennes, alors que l'un de ses mains caressait avec douceur et tendresse la chaude fourrure de Cerbère. Elle se rappelait à présent où elle l'avait vu. Elle lui avait promis qu'il obtiendrait vengeance des actes odieux commis par les Saints à l'encontre de sa famille s'il s'alliait à elle.

"- Je suis heureuse de voir que tu as accepté ma proposition Inferno."

Tournant le visage, la Déité eut le plaisir de constater la présence de la Spectre du Vampire. Lydia, sa fidèle Lydia, était là, entourée d'une multitude d'âmes prêtes à combattre pour défendre le Royaume infernal.

"- A ce que je vois Lydia, vous n'avez pas perdu de temps en mon absence. Je suis fière de vos décisions. Excellente idée que d'avoir fait "taire" Charon. Le Passeur n'aurait pas manqué de nous trahir pour quelques pièces d'or."

La Rose des Enfers esquissa un sourire dédié à la Vampire, avant de reporter son attention sur Inferno. Ses deux subordonnées étaient à présent agenouillés respectueusement devant elle, tout comme l'ensemble de l'armée qu'ils avaient formé. Il lui semblait en cet instant être appréciée de tous, et un sourire bienveillant ourler ses lèvres tandis que d'un geste, elle intimait à tout ce beau monde de se relever.

Quelqu'un venait de pénétrer dans les Enfers, mais cela ne l'inquiéta pas outre mesure, car elle reconnut sans le moindre mal le cosmos du nouvel arrivant. celui-ci vint s'agenouiller avec le plus grand respect tout en lui annonçant l'arrivée on ne peut plus imminente de sa belle-sœur et cousine, Impératrice de l'Atlantide et des Flots: Amphitrite.

"- Je te remercie de l'avoir conduite jusqu'ici Raïmi, Spectre du Ver. une fois de plus, j'ai pu compter sur tes bons et loyaux services. Relève toi à présent."

Répondit-elle à l'adresse de son dévoué serviteur, tandis qu'un grognement sourd fut émi par Cerbère, qui redressait ses trois énormes têtes vers les cieux des Enfers. Ceux-ci d'ordinaire si sombres, prirent une forme aqueuse, tandis qu'au cœur même de l'étendue d'eau apparut un magnifique dauphin qui prit alors forme humaine, révélant une jeune femme d'une grande beauté, qui déploya toute la puissance de son cosmos, faisant trembler le Royaume Infernal, suivie de près par l'un de ses hommes.

Pour qui se prenait-elle à agir comme si elle était chez elle. Afin de protéger les siens de l'écrasante présence, la Rose des Enfers tendit le bras en arrière, créant par ce geste une barrière protectrice autour d'eux, tandis qu'elle ne laissait rien paraître de son cosmos, ses iris de jade plongeant dans celles de l'épouse de Poséidon qui observait avec une certaine curiosité le Royaume des Enfers. Nul doute que le territoire d'Hadès lui déplaisait, mais de cela, Perséphone n'en avait cure.

D'ailleurs, tout dans le regard de la Déesse des Flots fleurait le dédain, même lorsqu'elle la fixait. Quant à son ton, même si ses paroles étaient dites avec tact, la sombre beauté n'avait aucun mal à deviner que la petite fille de Pontos était pressée. Aussi, attendit-elle que son invitée ait fini de s'exprimer pour prendre la parole sur un ton qu'elle voulait courtois.

"- Soyez les bienvenus aux Enfers, domaine du Seigneur Hadès, qui se trouve être malheureusement dans la même situation que mon cher oncle Poséidon. Il semblerait donc bien que nous devons toutes deux à gérer nos royaumes en l'absence de nos époux bien aimés. Je suis d'accord avec vous pour vous convenir d'une alliance, j'ai d'ailleurs ici quelque chose de très grande valeur et je ne doute pas que la...Sagesse, comme vous la nommez, désirera reprendre ce bien. Quant à vouloir étouffer dans l’œuf une mutinerie dans votre propre camp, c'est on ne peut plus normal."

Inferno l'avait suivie sans la moindre hésitation avant de suivre son exemple.

Tu es vraiment très prometteur, Inferno du Démon. Si seulement, tu pouvais faire la part des choses maintenant qu'une partie de ta vengeance est accomplie. Nous avons tous nos croix à porter et nos secrets à garder. Respecte-moi autant que je l'ai fait avant d'accéder à l'une de tes requêtes. C'est moi et les autres spectres qui sont ta nouvelle famille. Le temps s'écoule et tôt ou tard, tu devras affronter celui qui sommeille en toi. A moins que vous en trouviez un autre arrangement.

Ainsi, à l'image du courant tumuttueux de l'Achéron s'enchainaient les pensées de Lydia. Rapide et efficace, telle devait se montrer la spectre du Vampire en ces moments de préparatif essentiel pour cette guerre qui ne tarderait plus à éclater.

Le visage humblement penché vers le sol poli et usé par les passages des milliers d'âmes, Lydia attendait la réponse de sa reine tandis qu'un silence respectueux s'était installé aux abords des deux fleuves. Les défunts s'étaient tous tus se figeant littéralement au passage de la sublime fille de Déméter. La crainte ainsi que la fascination se lisaient dans ce qu'il leur restaient de forces et d'esprit. Charon quant à lui s'était pratiquement jeté à plat ventre à des dizaines de mètres de la déesse et de ses deux serviteurs. Comme s'il voulait montrer à tous son dévouement envers la divine Coré.

D'autres longues secondes s'étirèrent avant que les paroles de Perséphone ne se fasse entendre. Aux félicitations de celle qu'elle s'était jurée de protéger au péril de sa vie, la somptueuse chasseresse rousse répondit d'une voix aussi mélodieuse que vibrante.

- C'est une joie de vous servir, ma reine. Et plus que tout votre protection me tient à coeur. Régler au mieux les choses ici aux portes même des Enfers est essentiel surtout avec ce cher Charon. Il est brave et puissant mais son amour de l'or est aussi sa pire faiblesse. Je veillerai à ce qu'il n'oublie pas la leçon. Soyez-en assurée, ma reine, personne ne pourra nous surprendre et ceux qui oseront venir seront chaudement accueillis.

Un sourire radieux répondit à celui esquissé par la reine des Enfers. Lydia rayonnait pour bien des raisons dont certaines devaient absolument demeurer secrètes.

Puis, soudain, d'autres cosmos se firent ressentir. Celui bien connu du spectre du Ver accompagné d'une énergie si puissante qu'elle ne pouvait qu'être divine ainsi que de celle d'un sous-fifre.

Aussitôt, Lydia qui s'était relevée avec grâce ordonna aux âmes de suivre ses petites compagnes. Il était en effet plus que superflu d'exhiber devant de nouveaux arrivants les derniers préparatifs de la défense qui serait déployée tout autour des frontières du Royaume.

Un regard en arrière pour saluer Raimï qui par un heureux hasard avait trouvé le moyen d'émerger dans son dos. Un autre geste et elle se saisit de l'une de ses lames qu'elle confia à Lucky. Puis, pour revenir au grand maître de la Perversité à faire rougir une Succube, celui-ci annonça fièrement la venue de la déesse en terre infernale.

L'épouse du seigneur Poséidon en personne. C'est donc elle qui émet ce si puissant cosmos.

Conclut la délicieuse spectre au teint d'albâtre avant de voir surgir un magnifique dauphin au beau milieu d'une fontaine aussi limpide que les eaux de Styx pouvait être sombres et boueuses. Le dit dauphin se changea aussitôt en une jolie déesse qui s'avança d'un pas tranquille mais aussi décidé vers la reine Perséphone.

Lydia ne pouvait bien sûr pas intervenir sans y avoir été invitée par sa reine si celle-ci le désirait. La Vampire avait beau être proche de Perséphone, elle n'en oubliait pas pour autant sa place, Spectre Céleste en présence de deux déesses, de deux frères d'armes et d'un marina apparut dans son sillage.

Son regard allait d'ailleurs se poser sur le combattant des mers lorsqu'elle sentit une sorte de chaleur l'entourer. D'un geste, elle releva la tête en direction de ce regard qui l'attirait. Et ses yeux de rubis croisèrent ceux de la reine des Océans qui lui souriait.

La surprise brilla un très bref instant dans les magnifique yeux de la chasseresse.

Elle a du lire quelque chose en moi qui lui plaît mais quoi ? Qu'est-ce qu'une déesse peut voir de beau dans l'âme ou le coeur d'un spectre en dehors de notre vénérée Perséphone ?

Cela troubla Lydia qui sans réellement s'en apercevoir rendit un sourire à la déesse. Et puis, après tout si la déesse des Océans se plaisait compagnie de certains spectres autant tout faire pour que cela serve avant tout à leur reine.

La Reine des enfers posa rapidement un oeil sur moi, visiblement satisfaite de notre accueil, avant d m'adresser rapidement une phrase de bienvenue parmi les rangs des spectres. Je ne sus si je devais ou non lui répondre. Il était entendu pour moi que Perséphone serait ma seule véritable supérieure, celle que je respecterais. Aussi ne souhaitais-je pas faire de stupide erreur de protocole dès notre première rencontre. Pour toute réponse, j'abaissai un peu plus ma tête en signe d'approbation et un sourire discret se dessina sur mon visage.

Quelques secondes plus tard, un autre spectre fit son entrée derrière Lydia : Raïmi, le spectre du Ver, qui n'avait visiblement pas été gâté par la nature. Sa manière de se tenir était loin d'être gracieuse et il était bossu, quant à son visage, mieux valait éviter tout commentaire. Tout le contraire de la jeune spectre du vampire en somme. Raïmi annonça l'arrivée de rien de moins qu'une déesse faisant partie du peuple de Poséidon, les Marinas. Immédiatement, mon sentiment fut partagé entre curiosité, étonnement, et un agacement clairement prononcé. Je n'avais jamais entendu parler des Marinas et ne savais même pas qu'ils existaient. Rapidement, le démon en moi me remémora un flot de souvenirs impressionnants qui me forcèrent à serrer dents et poings pour me contrôler. Cependant, au bout de quelques secondes, le résultat était là : je savais tout ce que j'avais besoin de savoir sur les marinas, et la migraine stoppa aussitôt.

Mon sentiment ne fut donc plus dominé que par une seule chose : l'agacement. J'étais à présent coincé en pleine réunion diplomatique, et l'entrée aux enfers de la déesse avait beau être spectaculaire, seul une lueur farouche passa dans mon regard lorsque je relevai la tête pour les observer un bref instant elle et son escorte. Les Marinas ne m'intéressaient pas, ils n'étaient que d'autres pions sur l'échiquier, et il était fort probable que la Reine Perséphone se servait d'eux parce qu'elle en avait besoin. La venue aux Enfers des Marinas marquait très probablement la fin des préparatifs de la guerre à venir. C'était ainsi que fonctionnait le monde : se servir des autres pour écraser son ennemi.

Mais que contenait donc l'urne voletant aux côtés de notre Reine ? Quelque chose de grande valeur pour appâter les Saints ? Quelle chose pourrait bien pousser les Saints à se jeter dans la gueule du loup ? Oh, et puis, après tout, quelle importance ? Les voir accourir vers leur propre mort me plaisait assez comme vision. Et leur témérité était suffisante pour que ce plan soit efficace.

Un échange de bienvenue aux goûts diplomatiques s'entama alors entre les deux déesses. Les faux sourires et les phrases déjà toutes prêtes sonnant toutes plus creux les unes que les autres rythmaient un bal dont les manières me rendaient malade rien qu'à les voir. La politique et la diplomatie n'étaient clairement pas faits pour moi. Mon attention avait décroché aussitôt que la discussion s'était engagée pour vagabonder autour de moi : d'abord sur le marina servant d'escorte à Amphitrite, puis sur le Spectre du Ver et enfin sur Lydia. Il s'immobilisa une seconde sur elle, et je voulus lui faire un signe montrant que tout cela m'ennuyait.

Malgré tout, je finis par me raviser. Il y avait beaucoup de monde autour de nous et deux déesses, et je connaissais pas la jeune spectre si bien que ça. Mon regard revint donc fixer le sol à mes pieds, et un soupir discret s'échappa lentement de ma bouche.

Pitié, que cette réunion ne s'éternise pas trop... pensai-je sans prêter la moindre attention aux paroles des deux déesses.

Tandis que Raïmi recevait les compliments de la Reine des Enfers, une vague énorme grandissait dans son dos. Pas le temps de crier "hourra ! Mille vierges de plus à mon harem !", que le bossu devina tout de suite qu'il ne pouvait s'agir que du Marina rencontré plus tôt dans le Royaume Sous-marin. Puis, surgissant majestueusement des eaux sorties de nulle part, un dauphin ne tarda pas à se métamorphoser en silhouette humaine. C'était Amphitrite, évidemment.

Le Spectre du Ver s'était relevé pour reporter son regard sur la Déesse des Mers et éviter les filets de bave du gros toutou à trois têtes. Les négociations allaient pouvoir sérieusement commencer entre les deux grands chefs de camps. Amphitrite plaçait d'ailleurs déjà le ton du débat, à peine la discussion lancée. En tout cas, prions pour que les deux femmes ne se crêpent pas le chignon dans un moment pareil.

Pendant ce temps, les autres sbires coltinés à la besogne de simple escorte et spectateur se jaugeaient. On se serait cru comme dans un Western... mais sans les colts et les chapeaux. Il ne manquait plus que le fêtu de paille traversant la plaine sous une légère brise, au milieu de tous ces rivaux. Ichiru résistait pour ne pas s'endormir, mais peut-être était-ce juste l'atmosphère oppressante du monde des Morts qui pesait lourd sur son crâne ? Ou tout bonnement qu'il adorait assister à ce genre de réunion ? Lydia aussi avait l'air de se demander quoi. À vrai dire, elle ne devait pas connaître les autochtones atlantes, en déduisit Raïmi.
Et pour finir, ce nouveau Spectre que l'étoile terrestre de la Soumission n'avait encore jamais croisé auparavant. Ou du moins, pas dans cette vie. Pas mieux non plus. Il semblait ne pas trouver sa place ici bas. Une tentacule vint lui faire discrètement de l'ombre, afin de montrer que quelqu'un le regardait de haut.

_ Ce n'est qu'un mauvais moment à passer, lui souffla Raïmi, avec le sourire aiguisé.

Il disait surtout ça, grâce à son expérience d'émissaire qui l'avait beaucoup aidé par le passé. Qui plus est, en temps de crise, il y avait de fortes probabilités pour que les deux divinités expédient leur échange vite fait bien fait.

Bref, il y avait assez de gente féminine à zieuter en douce pour s'occuper l'esprit et laisser le temps filer plus rapidement. La plus proche étant... la Vampire, comme de par hasard.

/hrp: pierre, feuille, papier, ciseaux ! (euh... oups, c'est pour amuser Inferno, huhu)

Ecoutant doctement sa belle soeur, la Déesse des flots lui fit une petit signe de la tête pour signifier son accord. Silencieusement, elle réfléchissait sur la situation actuelle. Comment agir ? Est ce que pousser les Saints à venir sur la Terre infernale était une bonne idée ? Elle n'avait pas de réponse et elle savait que les évènements en Asgard allait s'accélérer sous peu, il fallait donc y aller plus franchement, étant donné que la Déité infernale n'avait pas compris la subtilité de son propos. Cependant, elle n'avait pas totalement tort sans le vouloir, elle devait en convenir.

" Perséphone, nous allons être en guerre côte à côte. Et cette fois-ci, nous ne voulons pas laisser la vierge de la guerre nous dicter quoi que ce soit ! Nous devons vous dire que notre pays va attaquer sous peu les terres d'Asgard, notre Prêtre a pris le commandement de l'assaut à venir et nous comptons éliminer sous peu la Prêtresse d'Asgard. Vous connaissez l'alliance entre Saints et Ases, nous avons pensé à nous prémunir d'un danger potentiel.
Regardant l'assistance froidement, ses paroles allaient avoir son petit effet. Ses prunelles améthyste fixèrent l'assemblée avec un grand sang-froid. Si Perséphone pensait que les Ases ne viendrait pas dans la bataille, c'était mal les connaître. Ou plutôt non, elle les connaissait mieux que quiconque, elle était bien l'ancienne prêtresse d'Asgard et elle pouvait estimer mieux que quiconque le sens de l'honneur des Ases. Avec cela, Amphitrite pensait que l'unique moyen de contrer Athéna et ses chevaliers était de ne pas permettre aux Ases de se rajouter dans la bataille.

Elle fixa alors les Spectres entourant l'Olympienne. Le petit sourire gêné du spectre féminin fût vu brièvement, et elle se retourna vers le Démon et l'ambassadeur Raimi pour les entendre chuchoter dans leur coin. Peu amusée par ce genre de chuchotements, Amphitrite les fixa froidement un instant, son regard exprimait quelque chose d'indéfinissable. Elle fit alors signe à son Marinas de ne pas s'exprimer, étant donné que les spectres se permettaient une certaine légèreté dans un moment si important, autant laisser sa cousine gérer leurs manquements à la règle élémentaire de la courtoisie.

Tel sera votre bon plaisir Majesté !

Ca y est ! Il ne suffisait qu'un mot de la belle déesse aux yeux émeraude pour sceller une nouvelle alliance. Philosophiquement, l'une était l'antithèse de l'autre, mais leurs malheurs communs étaient l'argument imparable qui levait toutes les autres questions. Amphitrite ne doutait pas de l'intelligence qui existait à l'entrée du Monde infernal.

Spoiler:

Cerbère s'était étendu aux côtés de l'Impératrice Infernale, sa patte avant reposant sur l'autre, alors que l'une des mains de la jeune femme flattait, le dos de l'imposant molosse. Tout en agissant de la sorte, Perséphone écoutait avec la plus grande attention les propos que lui tenaient son homologue de l'Atlantide.

Ainsi, Amphitrite avait envoyé son Prêtre et quelques uns de ses guerriers en Asgard. Voila qui était une excellente idée! Car comme toujours, il était fort à parier que les Ases avaient conclu une alliance avec le Sanctuaire. Voila qui était finement joué, elle devait le reconnaître.

"- Hé bien, je dois reconnaître que vous avez fait là un choix astucieux et judicieux. Toutefois, nous aurions tord de sous-estimer les Guerriers d'Odin. Comme vous le savez, ce sont là de fiers et nobles guerriers. Mais je pense que quand bien même, ils feront tout leur possible pour honorer leur alliance en dépêchant quelques uns des leurs afin de renforcer les troupes d'Athéna. D'où vous est venu cette idée de tuer la Prêtresse? Si vous y parvenez, tout le monde va finir par penser qu'il plane une sorte de "malédiction" sur ce poste."

Elle avait dit cela sur un ton quelque peu amusée. Après tout elle-même n'avait-elle pas pris le corps de l'ancienne prêtresse d'Odin: Callan.

Elle perçut le regard glacé que portait la beauté des Eaux sur les trois Spectres qui se tenaient derrière elle. Au chuchotement qui parvint à ses oreilles, Perséphone comprit que l'attitude du Ver agaçait plus que certainement sa cousine. Même si cela amusait quelque peu la jeune femme, elle devait rappeler à l'ordre son obligé, sans quoi, Amphitrite la jugerait très certainement comme une sotte, incapable de faire preuve d'autorité sur ses troupes, ce qui, très certainement, nuirait à tout idée d'alliance entre Spectres et Marinas.

"- Raïmi? Je te demanderai de bien vouloir faire silence je te prie car une telle attitude est irrespectueuse. D'autant plus que tu devrais prêter attention à ce qui se dit, car après tout, tu es tout aussi concerné par ce qui va se dire ici que tes frères et sœurs d'arme."

Pour deviser, la Belle ne s'était nullement retournée, sa voix était restée parfaitement calme et neutre, le message était on ne peut plus clair. Après ce petit rappel à l'ordre de l'épouse du Sombre Monarque, la petite fille de Pontos en profita alors pour renouveler son offre d'Alliance.

Tout reposait à présent entre les mains de Perséphone, qui acquiesça après quelques secondes de réflexion.

"- Fort bien, faisons Alliance ma soeur. Laissons la, elle et ses hommes, venir jusqu'en l'antre d'Hadès, pour que chacun d'eux y brûlent à jamais. car elle ne manquera pas de venir délivrer son Père bien aimé."

A ces mots, la main de l'Infernale épouse se tendit en direction de l'urne qui lévitait toujours derrière elle, tandis que l'ébauche d'un sourire ourlait ses lippes.

La discussion entre les déesses se poursuivait et tandis que Lydia tendait une oreille plus qu'attentive aux dires des deux femmes, ses frères d'armes, eux, montraient de légers signes de relâchement. Les mouvements et messes basses de Raimï lui parvenaient parfaitement alors que ses appendices demeuraient actifs. Elle sentait même son regard posé sur elle, la détaillant avec insistance. Un sourire amusé se serait sans nul doute dessiné sur ses lèvres si ses deux compagnons avaient choisi un bien meilleur moment pour agir de la sorte.

Pourtant, elle ne dit rien, se contentant de garder le Maître Pervers à l'oeil. A croire qu'il regrettait la leçon qu'elle lui avait administrée près de la Tolomea pour la guetter ainsi. Leçon qu'elle se serait fait un plaisir de lui rappeler en d'autres circonstances puisque ce n'était pas à elle d'intervenir mais à sa reine. Aussi, la somptueuse spectre demeura-t-elle humblement agenouillée auprès de celle qu'elle avait juré de servir et protéger.

Et la discussion se poursuivit à peine troublée par le bref rappel à l'ordre de Perséphone. Des mots plus qu'importants s'échangeaient sans qu'elle ne manifeste le moindre trouble jusqu'à ce que l'annonce du maintient de l'alliance entre le Sanctuaire d'Athéna et le Royaume d'Asgard ne lui fasse l'effet d'un véritable électrochoc.

Les Ases...

Un flashe lumineux, des images qui lui apparaissaient soudain comme si elle se trouvait ailleurs. Une grotte immense, parcourue de ruisseaux et de fleuves de lave incandescente. Cette voix qui résonnait directement dans l'ensemble de bien surprenantes arènes sans qu'elle ne puisse en voir le propriétaire. Des combats sans merci contre des amis contre des ennemis.

Les Ases étaient nobles et puissants si on se fiait aux paroles des deux déesses.

Oui, pour frapper dans le dos !!! Hurla son âme tandis que sa mémoire lui revenait d'un seul coup. Une chance que son visage était penché sur le sol sombre car son regard trahissait ce que lui inspiraient en ce moment précis les guerriers du grand nord.

Tout lui était revenu d'un bloc comme si la simple phrase de la déesse Amphitrite avait ouvert une brèche dans sa mémoire, libérant un flot de souvenirs étrangement occultés comme enfouis derrière un voile de brumes. Belle ironie pour elle qui était le maître du Brouillard de la Nouvelle Lune. Mais, maintenant, elle se rappelait de tout, de sa paralysie, de la douleur dans son coeur et dans sa chair. Une torture dont elle ne voyait pas la fin.

Cet homme dont je ne connais même pas le nom alors qu'il m'a massacrée après m'avoir attaquée en traître. Et pourquoi ? Pourquoi ces souvenirs reviennent-ils maintenant ? Maintenant que les Ases et les saints risquent de nous attaquer de concert ?

D'autres images suivirent. La voix du dieu des Forges penché sur elle, ce cosmos brûlant qu'il lui avait directement insufflé dans le corps pour la sauver d'une mort certaine après l'avoir empêchée de chuter dans la lave. Pour son bon plaisir, il l'avait jetée contre celui qu'elle admirait le plus parmi ses frères pour son seul plaisir. Ses crocs plongeant dans la peau de Rochel, lui transperçant la nuque. Elle avait donc porté à deux reprises la main sur le divin Rochel.

Enfin, l'instant n'était pas à ce rappel douloureux mais bien à ce qu'il se déroulait devant elle, une alliance entre les Enfers et le Royaume de Poséidon. L'alliance des deux Reines.

Ma reine... Les Ases sont des brutes ignobles et des lâches imbus de leurs puissances. Jamais, je ne les laisserai approcher de vous. Que les Marinas les massacrent et les empêchent de venir souiller le Royaume Souterrain.

A présent qu'elle s'était rappelée, la magnifique chasseresse à la chevelure de feu ne pourrait plus oublier. Ce tournoi, malgré les tortures qu'elle y avait subies, lui avait aussi offert une chose à laquelle elle ne croyait plus. Il lui avait révélé l'existence d'un autre Vampire. Caché là où nul ne penserait à aller le chercher, partageant le corps d'un chevalier d'or de la déesse Athéna.

Puis, la voix de la divine Coré lui parvint, confirmant ce que tous pressentaient.

Les chevaliers vont donc venir... Bardamu, puissions-nous nous retrouver sans devoir nous blesser. Si on me laissait le choix, je sais qui je souhaiterais rencontrer.

Inferno passera son tour pour l'instant; afin de ne pas bloquer le topic: c'est à Raimi de poster

Super ! Voilà comment on était récompensé, à peine après avoir reçu les éloges de sa propre Souveraine. C'est, en plus, dans ces moments-là qu'on voudrait ajouter "mais je...", et qu'on ne peut pas. Déjà que tenir debout et immobile relevait de l'exploit pour un bossu du genre, alors s'il fallait aussi garder sa langue dans la poche...
Bref ! De toute manière, aussi étrange que cela puisse paraître, Inferno n'avait même pas sourciller pour autant. Eh bien tant pis. Qu'il reste dans son coin !

Raïmi plissa les yeux vers l'épouse de Poséidon, et ouvrit grand la bouche, langue pendue, dans le dos de Perséphone. Il avait certes été pris en flagrant délit, mais son manque de respect, même infime soit-il, lui avait permis d'être au centre de la discussion. Comme quoi, même involontairement, on pouvait attirer l'attention et les regards sur soi.

_ J'enlacerai cette prétendue protectrice des Hommes de toute mon âme, répondit-il, courbé et fier. Pour mieux lui briser violemment les cervicales ensuite, pour la gloire de mon Maître Hadès !

Le Spectre en avait profité pour parfaire sa révérence, toujours plus près de la Vampire qui, elle, avait décidé de camper à même le sol, en attendant la fin de cette Réunion. Il ne manquait plus qu'une peau de banane, et d'un roulé-boulé, il aurait pu lui tomber dans les bras.

Désormais, l'alliance avec les Marinas était conclue. Amphitrite avait expliqué qu'il suffisait de renvoyer son assistant à l'eau, afin que toute la bande aquatique se tienne prête, ou même se mette carrément déjà en route.
Le Ver braqua ses tentacules vers le ciel, tel un chandelier, comme s'il s'agissait de poings fermés victorieux. Enfin, sur un dernier sourire sadique par-dessus Lydia à sa botte... oups, à ses pieds... il se tut, comme on le lui avait demandé.

Le regard de la souveraine des Océans se montrait plein d'optimisme en entendant les mots de sa cousine. C'était dans ces moments là que les Dieux trouvaient leur grandeur, mais aussi leur petit moment de joie et le Spectre de la Soumission fit sourire pour la première fois celle qui arborait un visage si fermé habituellement. Le temps était donc venu de sortir les Souverains des deux plus grands Empires de leurs prisons respectives, et elle se tourna vers le jeune Spectre, ses yeux le fixant avec une certaine tendresse.

" Bien bien... Excellence, Spectre de la Soumission, nous espérons votre réussite dans votre projet. Et cela ne fera pas de mal à la Déesse de la Guerre de découvrir que la Guerre n'est pas seulement une question de campement militaire et de bonté envers les Humains. Certains hommes oublient les bienfaits des Dieux, nous devons nous rappeler à ces personnes. Ichiru, nous vous mandons immédiatement de repartir pour le monde sous-marin pour prévenir notre fils et libérer les créatures marines sur les côtes du Sanctuaire, nous espérons ainsi vous donner quelques précieuses heures ma cousine. Nous serons à vos côtés pour défendre le royaume de votre impérial époux ! "
Amphitrite regarda ensuite sa cousine avec attention. Cette jeune Déesse avait bien changé avec le temps, elle ne laissait rien paraître de son malheur et agissait avec soin pour prévenir les égos divins. Cette marque d'attention plaisait à l'ancienne Déesse de l'Ere des Titans, remarquant une magnifique rose dans les cheveux de l'un des spectres, la souveraine des Océans ressentit le parfum doux et fort de sa cousine. Elle avança soudainement de quelque pas et prit la main de la Déesse infernale.

" Ma soeur, nous allons combattre ensemble, et personne ne pourra nous arrêter, je ferai tomber les flots sur le monde d'Athéna si elle n'obtempère à votre demande. D'ailleurs, je suis d'avis d'envoyer un Héraut divin sous la protection conjuguée de nos cosmos au sanctuaire sous-marin pour accompagner Ichiru, ce jeune guerrier qui est à vos côtés semble avoir toute votre confiance... Et si cela vous plaît, je suis disposé à unir nos Cosmos pour réveiller certaines anciennes forces enfuies dans les profondeurs de votre Royaume, au cas où... "
Ses prunelles se posèrent sur le Démon. Cet Homme avait besoin manifestement de se changer les idées. Silencieuse tout à coup, Amphitrite avait montré une partie de sa bonté naturelle, elle se mordit alors sans s'en rendre compte la lèvre inférieure pour reprendre rapidement son air froid et détaché. Elle prit une forte inspiration et attendait maintenant la réponse de son Hôtesse royale.

Sanctuaire Sous-Marin

Dasyatis qui avait reçu sa mission de Kyro venait d'arriver en Enfer. Il s'avançait dans ce royaume de mort tout en voyant sur ses côtés des âmes et cadavres décorant le sol. Ce spectacle aussi répugnant soit-il ne choquait pas du tout le jeune Marinas. Il pénétra au plus profond des Enfers pour ressentir un puissant cosmos familier. Vêtu de sa longue cape brune qui recouvrait son corps de la tête au pied, il s'avança. Cette cape masquait totalement son corps et ses écailles, personne ne pouvait voir de qui il s'agissait et avec sa capacité à dissimuler le cosmos, le sien était quasi indétectable pour de simple Chevalier.
Il continuait de marcher se dirigeant vers ce cosmos si particulier et si familier tout en gardant dans l'esprit la mission de Kyro. Même si celle-ci lui paraissait si ennuyante à réaliser mais si tel était les souhaits d'Amphitrite, sa Déesse. Le jeune capitaine se devait d'obéir.
Plus il avançait, plus il pouvait ressentir un bon nombre de cosmos présent juste prêt de la porte des enfers. C'était la première fois que le jeune marinas pénétra en ce lieu mais celui-ci ne lui procurait aucune confiance, ni en ces occupants. En effet, il se méfiait beaucoup des Spectres contrairement à d'autres qui leur voue une confiance totale et aveugle. Dasyatis avait appris par son expérience à ne compter que sur soi-même.
Lorsqu'il s'approcha un peu plus, il vit la Déesse Amphitrite accompagner d'une dame possédant un cosmos égale à celui de sa Déesse et un groupe de spectre. Mais elle n'avait pas vraiment d'escorte malgré qu'on était en territoire ennemi. Il continua de s'avancer toujours recouvert de sa longue cape brune. Une fois arrivé, il s'agenouilla pour saluer sa Déesse:

Dame Amphitrite, je vous salue.

Puis il se releva et attendit une parole de sa Déesse.

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