Sanctuaire d'Athéna


Là où il passait, rien ne subsistait. Ce n’était plus un homme, mais une comète. Il se déplaçait tellement rapidement que ses gestes étaient flous, difficiles à lire par un simple œil humain. Il courait, slalomait, sautait par-dessus les roches désolées de l’entrée des Enfers sans prêter plus attention que cela au décor. Il n’en avait que faire. Ce lieu était maudit et désolé. Il n’avait aucun intérêt à lui octroyer. Il n’avait que faire des conséquences de ses déplacements. Aussi, il laissait libre cours à son cosmos. Chaque pas qu’il faisait, chaque centimètre de roche qu’il laissait derrière lui, devenait poussière. Car le cosmos du Lion était tellement concentré, tellement puissant, tellement déterminé à remplir sa mission pour prouver sa valeur, qu’il détruisait tout sur son passage. Tout devenait poussière et volutes de fumée sur ses pas, comme une gigantesque tranchée de terre broyée, cicatrice aisément identifiable sur les terres infernales.

Mais ce qui générait également ce cosmos destructeur, que le Chevalier n’arrivait même plus à contrôler, ou tout simplement ne s’embêtait même pas à contrôler, venait de sa rage. Une colère bien présente, qui brillait dans ses yeux. Mais ce sentiment n’était pas le même que lorsqu’il était un renégat. La colère qu’il ressentait autrefois était comme une seconde peau, une partie intégrante de lui-même. Et elle ne possédait pas de raison particulière. Elle était dirigée contre tout et tout le monde. Contre la vie tout entière. Non, la colère qui ressentait en cet instant précis n’avait plus rien à voir. Elle était contrôlée. Et était comprise et maitrisée. Dirigée vers ces Spectres, qui avaient fait de lui un être si vil et malsain. Cette colère était un véritable moteur. Une raison de se surpasser.

Et il se surpasserait. Rien ne l’arrêterait. Pas même un Dieu. Tel était la philosophie du Champion d’Athéna.

Quand bien même il avançait sans sourciller, droit vers les profondeurs infernales, le cosmos du Lion était déployé sur une très large zone. Il ressentait tout ce qui se passait autour de lui. Il ressentait le cosmos de son ami du Cancer, qui apparemment avait été vaincu par un ennemi inconnu. Mais qu’un comme aussi puissant qu’Urio ait été vaincu ne terrorisait par le Lion d’Or. Les Enfers étaient défendus par des ennemis extrêmement puissants. Lui-même ne pensait pas y survivre.

Il sentait également l’arrivée de deux de ses frères d’armes : son fidèle ami Asmita de la Vierge, et l’inconnu de l’Adamantine. Ils avaient atterrit plus loin dans le territoire maudit. Il se dit qu’il les retrouverait bien assez tôt.

Puis il repensa aux paroles de la Déesse Artémis. Le Chevalier d’Or releva la tête, scrutant les cieux… Et y découvrit bien vite de quoi la chaste Déesse avait fait allusion. La protection d’Apollon et d’Artémis ne pouvait durer que douze heures : au-delà de ce laps de temps, les Chevaliers d’Athéna mourraient : ils ne pouvaient survivre en Enfer. Or le temps aux Enfers ne pouvait être calculé… Aussi, la Déesse avait utilisé son cosmos pour créer les Douze Constellations du Zodiaque dans les cieux du Royaume d’Hadès. Les superbes constellations brillaient d’une lumière dorée irréelle. Il eut une pensée de remerciement pour Artémis. S’il suivait la réflexion de la Déesse, les constellations allaient surement s’éteindre les unes après les autres, une toutes les heures… En commençant pas le Bélier. Parfait. Corell ne doutait pas qu’Urio et le Chevalier qui l’accompagnait seraient mis au courant par les prochains arrivants. Aussi, il continua son chemin, véritable furie destructrice, ne laissant que désolation sur son passage.

Fleuve Achéron