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RPG Saint Seiya : Saints Of The Past
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Sujet: [4°tournoi-Phase II] Combat 3 Ven 22 Avr - 1:10
Vous qui avez réussi à triompher de ce combat hors norme vous opposant à deux autres éveillés au cosmos, vous avez prouvé non seulement votre valeur au combat, mais également un sens tactique indéniable. Vous avez marqué l'esprit du Dieu Forgeron, mais pour éviter que vous ne tombiez dans l'oubli aussi vite il vous faudra prouver cette fois que la puissance dont vous avez fait preuve était méritée. Vous ne serez jugé que par votre maîtrise ...
« Tout ça pour ça? Avoir mis si longtemps pour un si piètre résultat? J'ignore si tu te ramollis ou si tu l'es de naissance mais c'est décevant. Je me serais plus amusée en allant courtiser Héphaïstos... J'ose espérer qu'il n'y a bien que ça qui soit mou avec toi sinon tu n'aurais vraiment rien pour toi mon pauvre. »
« Hé... Si ça ne te plaisait pas, pourquoi tu n'es pas tout simplement allée chercher le sceau, comme convenus? »
« Crois-moi que je ne l'ai pas fait de gaité de cœur! Ce vieux boiteux a modifié à sa guise tout l'intérieur de l'Etna, de sorte que je ne m'y retrouve plus du tout! En plus, ce goujat est introuvable. En ce moment, il fait corps avec le volcan pour contrôler vos agissements. »
« Une idée sur son objectif? »
« Mmh... C'est toi le participant mon grand. Je suis simplement venue en spectatrice. Mais comme tu sembles complètement désemparé et que ta mine de perdant m'est insupportable j'ai fais un effort. En dessous de ce volcan se trouve la prison où Zeus a autrefois enfermé le Géant Typhon. Cependant ses sceaux semblent intacts, Héphaïstos n'a pas été assez fou pour y toucher. Plus haut par contre, la porte vers les Enfers située au fond de l'Etna a visiblement été fermée à l'arrivée des derniers participants, ainsi que toutes les autres sorties. Si l'on occulte l'échappatoire que représente le cratère, vous êtes tous les prisonniers du Dieu des Forges. Rien d'étonnant jusque là, mais... Je ne suis pas encore sure. »
« De quoi? »
« Oh rien. Mais sinon, comment va ton dos? Ils doivent être lourds non? »
« ... Tu parles trop pour un ectoplasme. »
En toute réponse, Hel émit un léger ricanement et flotta jusqu'à l'épaule d'Aukoti pour s'y écraser comme une masse, lui arrachant un grognement colérique. Certes, le poids d'une projection astrale était d'ordinaire négligeable pour n'importe quel humain normalement constitué, mais dans la situation actuelle de l'Alpha cela s'approchait de la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Péniblement, le Godwarrior avançait pas à pas vers la direction du lieu où s'étaient réunis quelques temps plus tôt les participants du grand tournois organisé par Héphaïstos. Sur son épaule, jetée comme un sac à patate et à peine retenue par un bras la tenant à la hanche, Ceridwen d'Oméga, toujours inconsciente, pesait au final plus que ce qu'il avait d'abord cru en décidant de la soulever. Sous son autre bras, plus ou moins dans la même situation, pendait le Chevalier de Bronze de l'Hydre, légèrement plus encombrant. Tous deux avaient été mis hors combat lors de la précédente manche, mais leur vie n'étaient pas en danger. Du moins, plus maintenant. Ce qui n'était peut-être pas son cas à lui...
Leur combat à trois, s'il s'était soldé par sa victoire, ne l'avait pas pour autant laissé indemne. Son corps comme son esprit avaient été menés à leurs limites, comme pouvaient en témoigner les blessures causées par l'explosion de son propre Cosmos, ou la plaie béante qu'il portait à la cuisse. Mais si cela n'avait été que ça... Sans doute ne s'en serait-il pas trop mal tiré s'il n'avait décidé, au dernier moment, de foncer en piqué vers le sol pour tenter de rattraper Ceridwen dans sa chute vertigineuse, à l'instant où elle avait perdu connaissance. Bien entendu, tenter un sauvetage alors que l'Alpha lui-même n'était pas en pleine possession de ses moyens n'avait pas été une grande réussite. Au final, il avait plus servit d'amortisseur à la jeune femme qu'autre chose. A ce moment là, le Godwarrior aurait pu espérer prendre une pause pour refermer ses plaies les plus superficielles et reprendre le contrôle de son Cosmos qui s'agitait comme un ouragan, mais ce luxe ne lui avait pas été permis. A peine écrasé avec la jeune femme sur le ventre, leur arène, sévèrement endommagée, avait commencé à sombrer dans la lave sur laquelle elle reposait. C'était à peine si Aukoti avait eu le temps de charger la Walkyrie et le Bronze Saint, assommé un peu plus loin, sur ses épaules pour s'enfuir avant d'être transformés en grillades. Et comme si porter deux poids morts dans son état n'était pas déjà un assez grand calvaire, c'était à ce moment que Hel s'était décidé à quitter les tribunes pour venir le tourmenter... Fantastique. Mais il ne devait peut-être pas se plaindre après tout. Certes il était blessé et avait durant un temps relâché le contrôle sur son Cosmos, mais au final personne n'avait été tué et ses blessures n'étaient pas très grave. Une chance, quand on savait quelles tragédies ce genre de manquements avait provoqué par le passé. Quand on savait à quel point ses mains étaient couvertes de sang...
Lorsqu'il aperçu à un tournant l'ombre des arcades qu'il avait quitté pour rejoindre l'aire de combat, à peine quelques dizaines de minutes plus tôt, Aukoti ne put réprimer une immense soulagement. Dégageant d'une brève secousse Hel de son perchoir, il se hâta pour atteindre au plus vite l'ombre rassurante des colonnes et y adosser ses deux ex-adversaires. Tout en reprenant son souffle, il inspecta rapidement leur état. Henriques, malgré les blessures importantes qu'il avait subis, n'avait au final qu'été assommé par un assaut éclair de Ceridwen. Sa capacité de régénération était telles que après si peu de temps, ses blessures s'étaient déjà presque toutes refermées. Sans doutes aurait-il été capable de combattre encore longtemps s'il avait eu assez de forces pour rester conscient... Oui. Décidément, pour un simple Chevalier de Bronze, ce jeune homme possédait un pouvoir véritablement exceptionnel. L'avenir lui réservait sans doutes une destinée prometteuse... Mais encore fallait-il qu'il puisse la saisir. A côté de lui, adossée à une autre colonne, la Walkyrie Ceridwen se trouvait dans un état plus préoccupant. Elle avait été frappée par la Sentence d'Alephist, une attaque qu'Aukoti n'avait jamais utilisée tant il en redoutait le potentiel. L'attaque qu'elle s'apprêtait elle-même à lancer au moment où elle avait été frappée avait visiblement atténué l'impact, la sauvant de justesse d'une mort instantanée... Mais son corps, son esprit, et même son Cosmos avaient été éparpillés par la destruction engendrée par sa technique. Même si ses fonctions vitales n'étaient pas atteintes, elle restait dans un état intermédiaire entre la vie et la mort... Et il n'était pas sur qu'elle puisse s'en remettre.
Hésitant sur la marche à suivre, l'Alpha effleura du bout des doigts la lettre "Aleph" qui brillait encore sur le plastron de son armure, preuve qu'il avait scellé une partie de la force vitale de la jeune femme dans son propre corps. Deux options s'offraient à lui: assimiler cette énergie pour se remettre de ses propres blessures, ou la libérer pour la rendre à sa propriétaire... Au final, la décision avait déjà été prise depuis un moment. La manière dont Ceridwen s'était comportée... Les paroles qu'elle lui avait adressé... Au final, en refusant d'abandonner, elle avait accepté de s'exposer à ce risque, et elle en payait à présent les frais. Ce n'était qu'un juste retour des choses, inutile de s'y attarder plus longtemps.
...
Serrant les dents et esquissant une grimace douloureuse, Aukoti porta la main à sa poitrine. La marque d'Aleph se mit à briller de plus en plus, d'une lueur douce et rassurante, semblable à celle des rayons de lune. L'aura qui s'en dégagea finit par prendre la forme d'une sphère dans la paume du jeune homme... Qui s'empressa de la placer sur le torse de la Walkyrie, dans lequel elle s'enfonça doucement pour fusionner avec son corps et son âme. A présent, elle devrait pouvoir retrouver sans mal ses esprits d'ici quelques heures. Les yeux dorés d'Aukoti s'attardèrent sur son visage sans que la moindre émotion y transparaisse, mais finit par recoiffer légèrement ses cheveux en bataille et effleurer sa joue du bout des doigts. Ceridwen avait été une adversaire tenace. Bornée même. Elle s'était entêtée à combattre en risquant sa vie, et ce uniquement pour des choses d'aussi relatives que l'honneur et le dépassement de soi. Pire encore, elle avait fait preuve de naïveté en combattant sans chercher à deviner les véritables objectifs d'Héphaïstos. Et pourtant elle avait cette flamme de vie dans le regard, cette force qu'il lui enviait tant... Mais elle était encore trop indécise, trop dispersée. Son corps, son esprit et son âme n'étaient pas sur la même longueur d'onde. Ses paroles avaient été trop à l'opposé de ses gestes pour leur accorder de la crédibilité... Mais si jamais elle parvenait à les faire s'accorder à l'unisson, alors cette jeune femme pourrait bien devenir sa véritable Némésis.
« Eh bien? Notre petit cataclysme ambulant serait-il en train de s'attendrir? Ca ne te ressemble pas, Guerrier d'Alpha. Ce genre d'émotion n'est pas acceptable pour les exclus de ton espèce. »
Aukoti sembla ignorer les paroles de Hel, les encaissant intérieurement en silence. En vérité, il s'étonnait que la Déesse Déchue ne s'en soit pas mêlée avant. Ce n'était pas son genre de lui donner un tel répit... Mais l'instant n'était de toute manière plus à la conversation. Il n'y avait pas âme qui vive sur la place principale où étaient inscrits les noms des participants. C'était inattendu, étant donné que le combat du Godwarrior avait été le dernier à s'achever. Aukoti s'était attendu à se retrouver avec une troupe de guerriers remontés à bloc après l'attente et déjà prêts à en découdre, au lieu de cela il retrouvait les lieux complètements déserts. Se relevant pour se diriger vers l'immense pierre noire dressée au centre de la zone, il s'attarda sur les noms inscrits en lettres incandescentes. La liste des participants avait diminué des deux tiers, ne laissant plus que 8 combattants sur les 24 qui étaient arrivés sur les lieux. Cependant, contrairement à la première fois qu'il avait posé les yeux sur la pierre, Aukoti put cette fois y lire des informations supplémentaires. Cette fois-ci, Héphaïstos ne s'était pas dérangé à les informer des dispositions des match, et leur avait simplement communiqué le nom de leur adversaire ainsi que le numéro de l'arène qui leur avait été attribué. Vers le bas de la liste, son nom figurait en face d'un autre qui, s'il ne lui disait rien, ne laissait néanmoins rien augurer de bon. Sköll, le loup chassant le soleil... Un nom bien Asgardien.
« Va jeter un œil aux autres participants ou tenter de découvrir ce que cachent les dernières phases du tournois. La solution se trouve peut-être là. »
« Tu me donnes des ordres, mortel? »
« Vois-le plutôt comme une simple suggestion. »
« Je préfère ça. Essai de ne pas mourir trop vite. »
Hel posa sa main d'une froideur cadavérique sur son épaule et déposa un sinistre baiser sur la joue de son champion avant de disparaitre dans un souffle glacial. Mimant une grimace de dégout, Aukoti s'appuya contre la pierre sombre et chaude pour se concentrer un moment. Il n'était pas doué pour forcer son corps à se régénérer, mais il s'agissait là d'une situation d'urgence. Il courait un trop grand risque en se jetant ainsi affaiblis physiquement dans un combat dont il ignorait le tenants et aboutissants. Le Godwarrior porta sa main à sa cuisse et relâcha une partie du Cosmos qu'il contenait. L'air s'humidifia temporairement autour de lui et il y eut comme un vent frais qui souffla sur sa blessure. Lorsqu'il retira ses paumes, il ne restait plus qu'une cicatrice assez rebutante de sa plaie ouverte. Ce n'était pas parfait, mais il aurait le temps de s'en occuper plus tard. A présent, son seul handicap, ce serait sa fatigue...
Le jeune homme inspira une dernière fois l'air saturé de vapeurs mais tout de même paisible de ce lieu éloigné des combats, le Dragon Maudit se redressa pour partir d'un pas déterminé vers l'arène où l'attendait son prochain adversaire. Tant qu'il n'en savait pas plus sur la situation dans laquelle les avait mis Héphaïstos, Aukoti ne pouvait que se prêtait au jeu et affronter opposants sur opposants... Jusqu'à forcer le Dieu des Forges à se montrer, et inverser les rôles en lui infligeant un juste retour des choses. Descendant d'un pas lourd les marches conduisant jusqu'à la fosse de la nouvelle arène, cette fois située en dessous du bord du cratère de l'Etna, le Guerrier Divin se prépara à la confrontation en cherchant son adversaire du regard. Ce ne fut guère difficile, se dernier se tenant déjà au centre de l'Arène en l'attendant pour en découdre. A la vue de son adversaire et de l'armure qu'il portait, un sourire fugitif se glissa sur son visage jusque là inexpressif. De tous les adversaires qui avaient franchis le premier tour, il avait fallut qu'il tombe sur celui-ci... Héphaïstos le faisait peut-être exprès, après tout.
Le Godwarrior de Zeta... Le Fauve Noir d'Asgard... Celui-là même qui était entré dans sa grotte pour utiliser le passage qu'il avait ouvert et se rendre à l'Etna, qui l'avait grossièrement pris en filature sans prendre la peine de voiler ses pulsions meurtrières, et qui avait finit par faire le fier devant les Spectres dés que l'occasion s'était présentée. Coup de chance? Peu probable. Pas ici.
Dernière édition par Aukoti le Dim 24 Avr - 19:53, édité 3 fois
Évidemment. À lui qui n'avait aucune patience, on avait attribué le retardataire de service. Tous les combats s'étaient terminés depuis de longues minutes déjà à l'exception de l'un d'entre eux, dont les protagonistes avaient cru bon de s'éterniser. Le reste du tableau s'était déjà émacié depuis près d'une heure quand enfin les noms des vaincus s'éteignirent dans un crépitement. Fort heureusement, avant d'y passer des heures, ils en avaient enfin terminé pour le plus grand soulagement de ceux déjà de retour dans la grande salle qui avait accueilli l'ensemble des élus au commencement.
Le moins qu'on puisse dire était que les règles établies avaient fait place nette dans leurs rangs puisque les deux tiers avaient disparu, coup de grâce après coup de grâce, pour ne laisser sur place que ceux épargnés par ces conditions extrêmes. Bien que la torpeur s'en soit emparé, le corps du représentant terrestre d'Odin n'avait pas été privé de la tension qui l'habitait depuis le début des hostilités, et celle-ci n'avait pas diminuée du moindre cran à son réveil. Un bâillement déchirant succéda aux exclamations satisfaites de ces gladiateurs modernes qui, déjà, se précipitaient chacun leur tour dans les arènes attribuées. De son côté, le fauve noir prit tout son temps : c'était inutile de se presser aussi longtemps que le dernier qualifié ne se serait pas montré. Ce ne fut qu'en l'entendant arriver au loin que rouvrir les yeux et se diriger d'un bon pas vers le lieu de sa prochaine victoire apparut comme un besoin urgent... Aussi, sans que son adversaire n'ait pu soupçonner avoir été espionné ou même que l'élu de l'étoile de Mizar n'était entré que peu avant sa propre personne, il était attendu de pied ferme par une force de la nature n'attendant que de pouvoir en découdre à nouveau. Le jugeant avec arrogance, le bretteur brandit l'énorme plaque de métal qu'il appelait une épée dans sa direction d'un geste aussi leste que menaçant.
« C'est pas trop tôt. La prochaine fois t'éviteras de te paumer en route, ça m'évitera d'avoir envie de t'arracher la tête. Ce serait quand même con que je doive ramener tes restes en rentrant au bercail, même si pour ça 'faudrait déjà que je réussisse à tous les ramasser. Certains ont tendance à s'éparpiller, moi j'éparpille les autres. Chacun son truc... »
Les instructions d'Héphaïstos à l'aube de la première phase avaient été limpides, tous auraient à traverser les mêmes épreuves. Pourtant, Sköll s'en tirait à bien meilleur compte que son homologue. Son facteur de régénération avait opéré comme à son habitude et, sans surprise, cela avait fait des merveilles. Sans aller jusqu'à dire qu'il n'y avait plus traces de combat sur sa robuste silhouette, les séquelles en avaient été gommées en majeure partie par une cicatrisation accélérée. L'impact psychologique qu'il en retirait régulièrement était à chaque fois une intense satisfaction. Les estafilades n'étaient plus présentes que par le sang versé qui maculait encore son teint mat de nuances cinabres, qui avaient séché plus souvent qu'à leur tour depuis la fin de son premier affrontement. Tout au plus quelques éraflures iraient-elles rejoindre la liste déjà étendue de celles qui n'avaient de cesse de recouvrir son épiderme, sans jamais que l'une d'entre elles ne se change en cicatrice. Un palmarès saisissant, mais pas autant que le fait qu'il soit en pleine santé. Cependant, il doutait de tirer une telle réaction de la part de l'Alpha. L'expressivité de ce dernier, bien qu'à peine discernée au loin, n'annonçait rien de bon quant à ses réactions à venir. L'habit ne fait pas le moine, mais l'intuition était pourtant plus que correcte...
Bien que le connaissant peu, essentiellement par des on-dit, ce qu'il pouvait en voir laissait penser à un gringalet rachitique avec le potentiel émotionnel d'une huître dans le coma. Voilà qui présageait un combat de titans mais une joute verbale plus plate que l'avait été l'élimination de Signun lors du précédent combat. À espérer que cette seconde manche ne soit pas aussi démotivante que cet événement l'avait été, sans quoi déclarer forfait tout de suite serait une bien meilleure idée. Combattre était un plaisir, pas une corvée, et si pas un ici ne pouvait résister à ses coups cela n'en valait pas la peine. En tous les cas, c'était cette fois à l'un de ses compatriotes que le colosse avait affaire et le crédit que cela apportait par extension l'incitait à ne pas faire preuve de retenue. Et puis, l'armure que portait cet Aukoti – c'était le nom que répertoriait le tableau des inscrits – était en toute théorie celle du général d'Asgard, supposé réunir les aspirations de ses pairs et les mener vers une vie plus facile et un avenir meilleur. Foutaises. Et Sköll allait le faire savoir à tous en les détrônant pour prendre sa place à la tête des armées d'Asgard pour se diriger vers un futur plus clément. Nul doute que ce n'était pas un légume s'étant terré des mois durant au fin fond d'une grotte qui aurait le charisme requis pour mener à bien une tâche aussi cruciale. Aussi, ce rôle n'étant visiblement pas pris très au sérieux, on pouvait en déduire que son titulaire ne verrait pas d'inconvénient à en être dépossédé. Et que son consentement soit donné ou non, c'était ce à quoi le champion des terres gelées allait s'employer sitôt le coup d'envoi donné.
« C'est bon, t'as fini de parler tout seul, on va pouvoir y aller ? J'espère pour toi que tu comptes pas sur ton ami imaginaire pour sauver ta peau, tu serais mal barré dès le départ... Ce qui change pas grand chose, c'est vrai. »
À défaut de pouvoir apercevoir et identifier la nature de tout un chacun à l'aide de l'aura, le géant voyait ses sens être surdéveloppés par son expérience en tant que chasseur être affinés encore par son éveil au cosmos. Déjà performant au naturel, cette symbiose avec l'énergie ambiante n'avait fait que peaufiner des perceptions déjà à fleur de peau. Son ouïe n'y faisait pas exception, et le manque d'attention aidant, entendre au loin la voix de son semblable n'avait pas été si compliqué qu'il aurait pu y paraître. Et étant donné l'état des vaincus quand il les avait abandonné à leur sort, sans grand risque que cela s'aggrave, il y avait peu de chances que ce soit à l'un d'eux qu'il s'adresse puisque tout deux avaient déjà sombré dans l'inconscience avant même sa sortie de l'arène sans quoi la quitter aurait été impossible. Quelle en était la cause ? Zeta ne voulait pas le savoir. Non pas que cela ne l'intrigue pas, mais il avait mieux à faire que de s'inquiéter de la santé mentale de son antagoniste à l'aube du choc des titans qui leur avait été ordonné. En tous les cas, sa présence déjà ténue de par son sommeil avait été volontairement effacée pour que celui qui portait les couleurs de Fafnir ne se doute point du fait qu'il ait pu l'entendre marmonner jusqu'au moment propice. Tentative qui avait de grandes chances d'être vaines, mais si cela pouvait déstabiliser un tant soit peu l'auteur des paroles susdites, cela ne pouvait qu'être appréciable. Qui ne tente rien n'a rien.
Plus cela allait, et plus le jeu pervers de l'organisateur s'ébauchait : après avoir du terrasser l'une de leurs consœurs au premier tour, le descendant présumé du héros Siegfried devait à présent faire face à l'un de ses égaux. On ne pouvait décemment pas parler d'ironie du sort. Ni ici, ni maintenant. Mais cette fois, l'obstacle en question ne le laisserait passer à aucun prix. Bien entendu, le tigre viking voulait découvrir les réelles motivations de l'initiateur de ces festivités tout autant que son confrère mais se venger de ses manières, dont l'incorrection n'avait toujours pas été digérée et ne le serait probablement pas avant qu'une bonne correction ait été flanquée à ce forgeron céleste de malheur. Ce n'était pas en vertu de sa condition divine qu'il pouvait se croire tout permis et lui rendre la monnaie de sa pièce ne serait pas de trop pour lui faire passer l'envie de jouer avec ce qui ne lui appartient pas – ou plus. Cette cuirasse était son unique propriété et nul ne pouvait y poser ne fut-ce qu'un doigt sans en payer immédiatement le prix. Comme tout félin, comme tout prédateur, Sköll était possessive et cela incluait également cette armure sur laquelle on lui avait intimé de veiller comme si c'était sa seconde vie, car une fois détruite ce serait comme s'il n'existait plus en tant qu'Ase. Et il n'était pas question que ce soit à l'ordre du jour.
« On va faire ça dans les formes. Je suis Sköll de Zeta... Je te passe l'appellation complète, c'est trop long et j'ai pas envie de m'emmerder. À ce qu'il parait, c'est toujours mieux de donner son nom aux personnes qu'on va défoncer, alors je te fais l'insigne honneur d'être poli. Je te conseille d'apprécier l'attention, c'est la seule que tu auras de ma part même si tu survis, et crois-moi je vais tout faire pour que ce soit pas le cas alors t'as intérêt à en faire de même. Sur ce... »
Tout au long de ce soliloque, Sköll s'était approché, lame au clair mais posée sur l'épaule, pour finalement tendre une main volontaire en direction de son vis-à-vis en gage de bonne volonté. Mais la poignée de main virile et amicale que suggérait ce geste n'était nullement dans ses projets puisque déjà ses doigts allaient se resserrer fermement sur le manche de Fenrir, qui virevolta dans les airs en un coup à la verticalité parfaite. Ni trop rapide ni trop fort, ce n'était qu'un rituel fait pour jauger ce dont était capable son frère d'armes avant d'entrer de plein pied dans le vif du sujet. Et si le prendre de court de la sorte suffisait à le faire périr, ce serait qu'il ne méritait sa place à aucun point de vue, définitivement. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas puisque, aussi lourd soit-il, le tranchant de son fendoir avait été arrêté net dans sa course inexorable vers le sol par une curieuse forme translucide. Une étude plus poussée l'informa que cet obstacle inopiné n'était nul autre qu'une épée surgie tout droit du néant, placée sur sa trajectoire pour arrêter la sienne – si tant est qu'on puisse encore juger que ce nom corresponde à ce matériel de boucher. Coupé dans son élan par son opposition, Sköll se campa fermement sur ses jambes pour maintenir sa prise avec plus de conviction. Certes, il n'avait pas frappé aussi fort qu'il en était capable, loin de là, mais bloquer net sa force brute n'était pas donné à tout le monde et l'exploit méritait d'être salué.
Le Choc des Titans allait pouvoir commencer... Tigre et Dragon... Quelle ironie.
La mémoire était chose capricieuse. Elle avait tendance à ne retenir que des détails en laissant de côté le principal, et lors des rares fois où elle enregistrait l'essentiel c'était pour l'oublier aussitôt. On ne parvenait jamais à retrouver volontairement un souvenir, mais il suffisait parfois d'un mot, d'une image ou d'un signe sans aucun rapport pour le refaire surgir au moment le plus inopportun. Aussi brutales et crues que furent les paroles du Godwarrior de Zeta ce fut un sourire frais et ravis qu'elles firent se dessiner sur le visage de l'Alpha une fois passée la stupéfaction première. Elles sonnaient comme une mélodie nostalgique à ses oreilles.
Dés le moment où le dénommé Sköll avait ouvert la bouche, Aukoti su que cet énergumène appartenait au genre de personnes qu'il admirait et détestait le plus: les barbares sanguins au langage improbable. Cette manière d'agir en respirant toujours l'arrogance et la confiance de soi... Cette volonté de cracher ce qu'on pense à la face de l'autre... Et surtout, surtout, cette intarissable soif d'écraser tout ce qui osait se dresser sur son chemin... Tout dans la manière d'être de ce fauve colossal rappelait à Aukoti l'abrupte comportement de son vieux professeur lors des années qu'il avait bien voulu passer à encadrer le gamin à problèmes qu'il avait été. C'était là un souvenir à la fois chaud et douloureux, à la fois rassurant et terrible. Roué de coup et traité de tous les noms, le jeune Asgardien en avait vu de toutes les couleur avec ce vieillard qui refusait obstinément de répondre à un autre nom que "Alephist". Pourtant, malgré la rudesse de sa compagnie, ce professeur avait été le seul capable de rester à ses côtés. Le seul à avoir bien voulu l'aider, aussi. Mais ça, c'était une chose toute relative...
Ah! Trop tard. Maintenant, en résultat de cette brusque réminiscence de sa mémoire libertine, il avait une terrible envie d'éclater la tête de ce Titan nordique. Et ce sans aucune animosité contre sa personne, pourtant...
Alors qu'il continuait à descendre les marches pour atteindre le sol de l'arène, Aukoti laissa le sourire né de l'agréable surprise qu'il avait eu se muer en un rictus condescendant adressé à ce mastodonte tout fier de sa tirade et qui pointait déjà un énorme bout de ferraille droit sur lui. D'ordinaire, le genre de speech agressif que tenait les brutes en puissance comme Sköll n'avait aucun mal à déstabiliser l'adversaire en face, qui le plus souvent ne savait que répondre. Ça, l'Alpha était bien placé pour le savoir. Malheureusement ce ne serait pas si simple avec lui, qui avait vécu avec ce genre de remontrances durant toute son enfance. Outre la maitrise de son Cosmos, il avait appris une précieuse leçon auprès de son Maitre. Comment réagir face à une provocation de crétin? Par une provocation de crétin.
« Allons, soit un bon garçon et commence par rassembler tes forces avant de parler d'éparpiller quoi que ce soit. A moins que ta spécialité ne soit justement l'éparpillement de paroles, petit chat? »
Dans un genre moins brutal et plus subtil, l'actuel leader des Godwarrior ne se débrouillait pas mal non plus. Même s'ils n'utilisaient pas tout à fait le même registre, les deux adversaires n'auraient au moins rien à s'envier sur le plan de la prose, si tant est que que la taille du cerveau de Zeta veuille bien être proportionnelle à celle du reste de son corps pour pouvoir tenir le rythme. Lorsque l'Alpha eut descendu la dernière marche et posa le pied sur la roche tiède qui constituait le terrain de joute, il put détailler plus attentivement le profil de cette statue dressée au centre de l'arène. A vue de nez, Aukoti ne devait guère atteindre plus haut que ses épaules, ce qui laissait largement à Sköll de quoi dépasser les deux mètres. Tout en muscles saillants, son corps respirait la puissance à l'état brut. Bien que tailladés en plusieurs endroits, son armure et ses vêtements ne laissaient entrevoir aucune blessure, ce qui laissait supposer que soit ses précédents adversaires s'y étaient pris comme des manches, soit il était plutôt porté sur les facultés de régénération. Cependant les traces de sangs qui tachaient ça et là son armure sombre et sa peau mate semblait plutôt pencher pour la seconde option, laissant penser que des plaies avaient été ouvertes en diverses points récemment sans qu'on en puisse rien voir. Cependant, dans la quantité d'hémoglobine qui maculait sa silhouette, on devinait sans mal que la majeure partie ne lui appartenait pas. Nul doute que Sköll était du genre à faire dans la boucherie humaine lorsqu'il en avait l'occasion... Il s'agissait maintenant de ne pas le décevoir.
Confiant? Aukoti ne l'était pas tout à fait. La première phase du tournois lui avais appris à se méfier des combattants que le Dieu des Forges avait sélectionné, en particulier ceux qui étaient portés sur la régénération du corps... Cependant il n'y avait aucune place laissée à l'hésitation ou le doute sur son visage. Face à un Asgardien tel que Sköll, l'Alpha était comme en territoire connu. Il connaissait la mentalité de ces combattants impitoyables, la clarté opalescente de leur Cosmos... De plus, le fait de se retrouver face à l'un de ses congénères Godwarrior éveillait plus d'anxiété chez lui que d'incertitudes. Lui qui n'avait jamais ressentis le besoin de se mêler à eux, il éprouvait soudain un vif intérêt pour celui qui était parvenu à se hisser à un rang égal au sien. Jusque là, il avait toujours pensé qu'il s'agissait de banals brutes éveillées aux Cosmos et fanatiques d'Odin... Mais peut-être étaient-ils des brutes intéressantes, après tout! Enfin, dans une certaine mesure seulement... Après tout, s'il en croyait les paroles incisives lancées par le Fauve noir, ce dernier l'avait entendu juste auparavant s'adresser à Hel sans être capable de déceler la présence de la projection Cosmique de cette dernière. Pas que cela étonnait Aukoti de découvrir un manque de capacités psychiques chez quelqu'un qui de toute évidence préférait parier sur sa force physique, mais cela restait décevant tout de même. Le combat à venir risquait, sur certains plans, de rester un échange à sens unique. Tant pis. Advienne que pourra! Et tant mieux s'il n'était pas capable de voir Hel, c'était de toute façon bien mieux pour sa propre santé mentale!
Alors que l'Alpha s'était immobilisé, ce fut Sköll qui fit un pas en avant en démarrant une présentation quelque peu inutile, mais surtout surprenante au vu de son comportement jusqu'ici. Alors qu'il continuait sa route vers lui d'un pas lourd et menaçant, la forme qu'il mettait à ses propos retrouva bien vite sa texture piquante qui lui donnait tout son charme. Restant pour sa part imperturbable avec son sourire en coin et un petit pétillement dans les yeux en guise de réaction, Aukoti patienta qu'il arrive jusqu'à sa hauteur et lui tende une main à première vue amicale pour engager un face à face dans les règles de l'art. Surpris par cette démarche inattendue, l'Alpha commença à hausser la sienne pour venir à la rencontre de celle du géant lorsqu'un tressaillement dans les muscles de celui-ci l'avertit du danger. D'une seule main, dans un mouvement d'une vitesse bien supérieure à ce que laissait supposer son imposante taille, Sköll balança son immense arme qui reposait sur son épaule pour trancher proprement, de haut en bas, son adversaire en un seul coup. Ayant vu le coup venir, Aukoti aurait sans doute eu le temps de se décaler pour éviter proprement l'attaque, mais une telle pirouette ne l'intéressait pas. D'un mouvement vif, sa main gauche se leva et sembla se refermer sur le vide... Pour au final saisir la poignée d'une épée matérialisée à l'instant à partir de Cosmos à l'état pur. De sa lame d'énergie à la couleur rouge aussi profonde que celle du sang, Garnet était la Star Sword ayant le meilleur tranchant, et pouvait trancher comme du beurre la plupart des matériaux connus. Cependant, lorsque l'Arme de Sköll s'abattit sur elle avec grand fracas, aucune des deux armes ne céda. Ni la lame cosmique, écrasée sous un poids et une force proprement monstrueux, ni la lame d'acier, bloquée dans sa course par la lame et la garde matérialisées à la va-vite. Les deux combattants restèrent quelques secondes ainsi, chacun à jauger la force de l'autre lors de cet échange où ni l'un, ni l'autre n'utilisait ses deux mains. Leurs regard, au delà des rictus et sourires que pouvaient bien montrer leurs visages, ne laissaient aucun doute sur leur détermination à l'emporter sur l'autre. Au final, ce fut l'Alpha qui se décida à briser l'énorme tension que pesait sur leurs épaules à tous deux, digne de cet échange qui s'annonçait des plus prometteurs.
« Tu es plutôt bavard, Zeta. Trop même. Surtout pour quelqu'un qui a été incapable de rejoindre cet endroit par ses propres moyens... Il serait temps que tu arrêtes de miauler pour tenter de griffer, tu ne crois pas? Sinon, c'est moi qui vais devoir prendre l'initiative. Et ça, ça risque de ne pas te plaire... »
« Star Sword : Opal ! »
A l'instant où la voix forte d'Aukoti prononçait ces mots, une nouvelle lame identique à celle qu'il avait matérialisé dans sa main gauche apparut dans sa paume opposée. Tout, du Cosmos qui là constituait à la forme d'épée classique qu'elle avait revêtit, était semblable à Garnet, à l'exception de sa couleur qui cette fois était d'un orange pâle assez inquiétant. A l'instant même où la lame était matérialisée, l'Alpha profita du fait que l'énorme tranchoir de Sköll soit bloqué par l'autre Star Sword pour l'attaquer au ventre avec sa nouvelle arme et une vélocité peu commune. Cherchant à le transpercer sans autre forme de procès grâce à sa vitesse d'épéiste expert, l'Alpha ne s'attarda cependant pas. A peine avait-il porté son coup qu'il lâcha Opal et se dégagea de son duel de force avec le Godwarrior de Zeta grâce à un puissant bond en arrière le mettant hors de portée de la gueule sanglante de Fenrir, la lame de Sköll.
A peine après avoir posé pied à terre, le meneur des Guerriers Divins sauta de nouveau vers l'arrière pour se positionner en haut du mur qui séparait la fosse des gradins vides de l'arène. A croire qu'il appréciait cette position de prédilection qui lui permettait de dominer le terrain, à tous les sens du terme... Son assaut n'était cependant pas destiné à s'arrêter en si bon chemin, car bien vite le Cosmos du jeune Alpha se mit à grandir de manière démesurée jusqu'à irradier dans toute l'arène, prenant possession de jusqu'à la moindre parcelle d'air présente. C'était comme si une pression hors-norme s'était abattue sur les lieux, comme si un Dragon avait poussé son terrible rugissement bestial en avertissement de son prochain assaut. Et au cœur de ce déchainement, enveloppé de la brillance de son étoile protectrice, Aukoti revêtait un sourire emplis de défiance adressé à son adversaire.
« Allez. Tu as fais un bon geste, je m'en dois d'en faire un aussi. Comme tu le devines sans doutes, je suis Aukoti, Godwarrior d'Alpha. En seul conseil avant de continuer, je te dirai que tu t'es assez retenu comme ça. Continus et tu mourras sans comprendre ce qui t'arrive. Montre-moi donc que tu sais faire autre chose qu'agiter ton épée dans le vide et réutiliser les passages déjà ouverts par d'autres! »
« Star Sword : Ruby ! »
Dans la main laissée vide par l'absence d'Opal se matérialisa une nouvelle lame à la couleur rouge, assez semblable à Garnet quoiqu'à l'éclat était plus vif que cette dernière, évoquant plus les flammes brulantes que le sang qui tachait l'armure de Zeta. Levant cette nouvelle Star Sword au-dessus de sa tête, il fit grandir sa lame en y concentrant son Cosmos jusqu'à saturation. Ruby, à la lame désormais presque haute de six mètres, étaient nimbée de flammes aussi brulantes que celles qui se dégageaient de la lave de l'Etna autour d'eux. Abattant son épée sans hésitation, Aukoti projeta un large torrent de feu dirigé droit contre Sköll. L'attaque ne couvrait pas une large zone, mais risquait de faire des dégâts si elle touchait sa cible pour la bruler en continu... Enfin. Un simple saut sur le côté devrait permettre au Fauve Noir de se tirer d'affaire. Si tant est qu'il puisse bouger. Car oui, Si Aukoti s'était permis de lancer une attaque assez simple à esquiver, c'était parce qu'Opal, la Star Sword avec laquelle il avait précédemment attaqué Sköll, avait pour propriété d'immobiliser temporairement les cibles qu'elle transperçait. Ainsi, avec le coup porté plus tôt, le Guerrier de Zeta se trouvait déjà en position délicate suite aux assauts parfaitement maitrisés et calculés de l'Alpha.
Mais cela n'allait pas s'achever aussi facilement. Pas en aussi bon chemin. Il voulait voir. Voir comment le Fauve allait se comporter face à son enchainement. Voir quelle force il pouvait déployer en se débattant contre son sort.
Les lames qui se heurtent... Les gerbes d'étincelles qui précèdent leur séparation... Mais chaque séparation ne fait que mener à une nouvelle rencontre, promise d'avance avant même de prendre forme. Croiser le fer avec le géant d'Asgard d'égal à égal n'était pas donné à tout le monde et Aukoti pouvait se vanter d'entrer avec les honneurs dans ce petit cercle de privilégié. Bien sûr, Sköll n'avait pas frappé de toutes ses forces mais cette résistance était tout de même assez remarquable que pour être notée. Bon bretteur, le tigre viking ne pouvait que s'étonner d'avoir trouvé un adversaire à sa mesure – dire « à sa taille » aurait été pour le moins inapproprié, une bonne tête séparant la hauteur à laquelle culminaient respectivement les deux guerriers en lice. Malheureusement pour les amateurs du genre, ce heurt ne se résumerait pas à un duel d'escrime, même si l'expérience d'un match d'exhibition de haute volée entre deux fines lames de cet acabit aurait été ô combien instructive. Nanti d'un besoin irrépressible de frapper à nouveau en y mettant cette fois plus de conviction, il n'en eut toutefois pas le temps.
S'il était d'une rapidité exemplaire pour son gabarit, Aukoti n'en restait pas moins tout aussi vif et en plus pourvu d'une agilité que le fauve noir n'avait aucune chance de pouvoir égaler. Mais il la compensait très largement par une solidité à toute épreuve et allait en faire la démonstration sans plus tarder. Pour avoir vu l'épée enchantée de son antagoniste se matérialiser sous ses yeux tout à coup, deviner qu'il puisse reproduire l'exploit à volonté n'était guère complexe. Compter sur quelque chose dont on n'a pas la maîtrise en des circonstances aussi critique était jouer avec sa vie sans se soucier de la broyer de ses propres mains à force de jongler avec. C'aurait été une erreur de taille, de celles qui ne peuvent passer sans apporter un lot de conséquences douloureuses. Mais bien évidemment, ce n'était pas le cas et l'Alpha en avait un parfait contrôle. Forger à si vive allure sans même avoir à se soucier de quoi que ce soit sinon du cosmos dépensé et ce en se payant en prime le luxe de pouvoir piocher à son gré dans un vaste arsenal... Tout cela dépendait d'une habileté surnaturelle dans l'utilisation de l'énergie astrale. Quelque part, Sköll l'enviait, lui qui n'avait droit qu'à une manipulation brute et peu raffinée de ce pouvoir auquel il avait pourtant un accès logiquement identique à celui de son confrère. Ce qui ne faisait que nourrir davantage son insatiable besoin de sortir vainqueur de ce face à face pour prouver qu'il n'y a pas que les plus doués qui puissent s'en sortir et garder la tête hors de l'eau.
L'héritier présumé de Siegfried était peut-être un prodige en ce qui concerne l'usage des compétences auxquelles il s'est éveillé mais Zeta avait d'autres cartes à abattre, et aurait besoin de chacune d'entre elles et dans les meilleures conditions pour s'assurer la victoire. Avant même qu'un coup décisif ait été porté, il était clair que même si gagnant il devait y avoir, ce ne serait qu'au prix d'un duel acharné à la violence inouïe, dénuée de toute once d'humanité pour ne laisser d'eux qu'un innommable fléau, une chute de météorites qui allaient faire brûler leurs vies, leurs cœurs et leur cosmos au-delà de leur paroxysme pour se lancer dans une joute fratricide.
Ils seraient un cauchemar... Un désastre.
Tout compagnon d'armes qu'ils soient, ni l'un ni l'autre n'avaient l'intention d'y aller avec le dos de la cuillère pour autant, tout au contraire. Ils étaient du même camp, et même si les puériles provocations n'avaient de cesse de fuser en tous sens en un pugilat verbal fort peu élégant, cela voulait aussi dire pouvoir se lâcher sans craindre d'en faire trop. Là où se frotter aux membres des autres camps impliquait un risque de n'en faire qu'une bouchée, tout deux savaient ce que valaient les soldats qui sillonnaient avec eux les champs de bataille les plus sanglants et donc qu'ils pouvaient s'en donner à coeur joie, que jamais ils n'en viendraient à bout sans avoir du tout donner pour ce faire. C'était un soulagement, et cela rendit le colosse extatique quand sa main fit opposition au tranchant qui menaçait de parcourir son abdomen. Touché, il l'avait été, c'était un fait, mais pas autant que son homologue aurait pu le vouloir.
Un filet de sang goutta de sa main, un bruit liquide accompagnant les éclaboussures macabres qui allèrent colorer le sol d'un vermeil lourd de sens. Premier sang. Aussitôt, la frustration de n'avoir pu blesser le premier envahit le corps du géant et prit le pas sur la raison, son orgueil le persuadant de devoir laver cet affront de la même manière : dans le sang. Sa main s'engourdit des suites de cette blessure, gênante mais superficielle. Rien qui puisse l'empêcher de se battre au maximum de ses capacités, même si tenir son sabre avec une entaille pareille risquait d'être profondément irritant. Mais la colère était une motivation de premier choix et en être épaulé ne pouvait que le rendre plus performant. Les flammes vinrent lécher sa peau mais ne la foulèrent pas de leur marque douloureuse, ses chairs étant habitué aux températures extrêmes depuis la naissance et étant dotée d'une endurance hors du commun ne pouvant que résister à cette combustion.
Le mécanisme commençait à apparaître clairement. La gamme de rapières mises à disposition de son rival n'était point illimitée mais se constituait d'une variété à faire pâlir les maîtres d'armes aux collections les plus inestimables. À l'entendre, chacune d'entre elles répondait au nom d'une pierre précieuse : si son éventail était aussi abondant que celui de ces bijoux, inutile de dire que le champion des terres gelées n'avait pas fini d'en voir. Ce n'était qu'un but de plus dans ce combat déjà riche de sens par le nombre d'ambitions qui venaient le saturer. Chacun ne se battait qu'au nom de ses principes et de ses souhaits et les transformait en une force, qui se changeait elle-même en comète. Ils n'étaient que deux météores voués à se heurter dans cette arène jusqu'à ce que l'un d'entre eux se désagrège, et étant donné les pouvoirs déployés, nul doute qu'au bout du compte l'arène ne serait pas plus belle à voir que si une pluie d'astéroïdes s'y était abattue sans discontinuer des heures durant. Leur vie brûlait de pair avec leur cosmos, consommée sans modération dans un affrontement chimérique tant il transparaissait que cette ordalie était sur le point de prendre des proportions surréalistes.
« C'est tiède ! On pourrait même pas faire griller de viande là-dessus ! En Asgard, ça vaudrait pas plus que la flamme d'une bougie tellement c'est minable ! Me fais pas croire que c'était ton meilleur coup, je risquerais de crever de rire... »
La mer de flammes où l'on essayait de le noyer fut fendue en deux comme le fit Moïse en son temps d'un coup de taille, le tranchant de sa lame l'aidant à se frayer un passage au milieu de cet enfer. Tailladé en profondeur, le sol vibra sous ses pas alors qu'il se lançait dans une course endiablée au travers de cet enfer inextinguible venu supplanter même la lave qui s'égayait en ces lieux en temps normal. Une onde de choc le précéda, venue pour l'annoncer et destinée à faire place nette dans ce brasier tout en déséquilibrant l'unique autre être à pouvoir s'y tenir sans crainte à cet instant. Le rideau brûlant n'opposa pas grande résistance quand il s'y fit une place pour mieux se jeter sur Aukoti, un bond titanesque l'élevant dans les airs avant qu'il ne retombe poing le premier en direction de son vis-à-vis. Tendre la main à autrui ne lui convenait décidément que s'il s'agissait d'un crochet du gauche. Se sentant lésé de ne pas en avoir eu le temps quand « Opal » avait voulu ouvrir la voie jusqu'à ses viscères, il enchaîna directement sur un coup de pied à l'estomac.
L'élu de Dubhe était peut-être un spadassin de qualité, mais au corps à corps, nul ne pouvait décemment prétendre rivaliser avec Sköll, que ce soit en terme de force physique ou même de technique. Car tous les arts martiaux du monde ne valent au fond pas grand chose face à l'expérience acquise à force de jouer des poings et d'apprendre à s'en servir par ses propres moyens. Sa débrouillardise serait une fidèle alliée aussi longtemps qu'il s'agirait de cogner sans plus de fioritures. Mais Fenrir ne devait pas prendre ombrage de cette préférence pour le combat au corps à corps, aussi fut-elle mise aussitôt à l'honneur d'un coup vertical qui, cette fois, ne serait point contenu d'aucune manière que ce soit. La hargne qu'y mit le porteur de saphir d'Odin était sans commune mesure avec le coup qu'avait pu évaluer précédemment son vénérable confrère. S'il essayait de s'en défendre à l'identique, il ne manquerait pas de s'en mordre les doigts... À condition de le pouvoir encore. Parer d'une main alors que son épaule était la cible le ferait perdre son bras à coup sûr si rien n'était entrepris pour que ce coup ne porte pas.
Le poids déjà insensé du trancheur de têtes était démultiplié exponentiellement par sa capacité musculaire dépassant l'entendement, une portion de cosmos dénuée de tout dosage venant également apporter sa pierre à l'édifice inepte de cette débauche de cosmo-énergie si exubérante que c'en était absurde. Une rage primale régissait la véhémence disproportionnée de ses mouvements et cela se voyait, c'était le moins que l'on puisse dire. Le sol n'avait de cesse de se fracturer à chacun de ses gestes tant son aura était littéralement transpirée par tous les pores de sa peau et s'évadait dans toutes les directions.
C'était un flux inarrêtable, un torrent sans fin. Une rivière de vie et de mort où se confondaient les âmes des défunts flottant pour l'éternité dans l'atmosphère et le vide de l'espace, se confondant pour n'être plus qu'un carburant n'étant fait que pour être épuisé. Bien que la barbarie et la haine féroce semblaient diriger tous ses gestes, sa conscience demeurait indemne et chacune de ses pensées étaient soigneusement dirigée vers la gestion de son arme. Chaque coup visait un point sensible ou névralgique. Un instant de négligence engendre une éternité d'hérésie. Ne jamais oublier, ne jamais pardonner... Il était la marionnette du conflit, le pantin funeste de sa rancune, non pas dirigée envers Alpha mais plutôt à l'encontre de cet Héphaïstos qui semblait vouloir s'arroger le droit de régir leur avenir sans considérer leur opinion sur la question.
Il devait prendre le dessus. Il devait l'emporter. Pour connaître la vérité. Pour prendre sa revanche. Pas question de céder. Les fers translucides seraient tous brisés tour à tour pour finalement le laisser désarmé et ce serait alors que Sköll porterait l'estocade, si tant est que cela en vaille la peine. Vivant reclus, le prétendu leader des Guerriers Divin ne laissait filtrer que peu d'informations à son sujet, que ce soit dans l'ensemble ou sur son style de combat en particulier. Comment savoir s'il avait d'autres tours dans sa manche ? En retirer celui-ci était le meilleur moyen de voir s'il y avait une suite à laquelle passer.
« Laisse-moi te montrer... Le vrai pouvoir ! Le vrai visage du désespoir ! Tu voulais que je sorte mes griffes ? Tu vas pas être déçu... »
« VIKING TIGER CLAW ! »
La lame s'abattit, rendant son sempiternel jugement dans un cri animal de son propriétaire. Ce n'était plus un homme. C'était un animal. Ses chaînes étaient brisés. Privé de toute entrave, il ne pouvait plus se contrôler et ne serait maître de son corps et de ses actes qu'une fois que la mort aurait été donnée, ou du moins que la combativité de son adversaire aurait été réduite à néant. S'en contenter dans cette état de folie furieuse ne serait guère aisé mais il devrait pouvoir s'arranger une fois que ses nerfs auraient été entièrement passés. Ce pugilat n'était qu'un avant-goût du traitement vindicatif qu'il réservait à l'organisateur pour les avoir poussés à cette collision. Pour être à l'origine d'une guerre intestine, il avait mérité d'être châtié plus souvent qu'à son tour d'être châtié, mais pour ce faire il allait avant tout falloir en finir avec cette seconde manche qui débutait sur les chapeaux de roue. Le froid polaire qu'exhalait le cosmos du titan souffla, implacable, et plongea toute la salle dans une basse température contrastant radicalement avec la chaleur insoutenable qui y prenait place très peu de temps avant cela. Le gel l'avait supplantée sans mal, digérant feu et magma pour mieux régner en maître sur les lieux, devenus instantanément une banquise à petite échelle.
« Tu voulais me montrer l'Enfer ? Inutile. J'y suis déjà allé... C'est très surfait. »
Que ce soit par le confinement qu'imposait ce changement de configuration du terrain et donc le manque d'espace alors que celui-ci était primordial pour sabrer convenablement ou par la glace dans laquelle ses mains avaient de grandes chances d'avoir été prises des suites de cette entrée en matière, voilà qui les remettait sur un pied d'égalité. Déjà mal en point, la plate-forme sur laquelle tout deux se tenaient vola en éclats sous le déplacement d'air qu'avait provoqué son mouvement, des pics de glace jaillissant en tous sens avec la ferme intention de larder le corps frêle qu'il malmenait de leurs pointes acérées. Bien entendu, cet assaut aurait manqué de piquant et d'audace s'il n'avait pas immédiatement enchaîné sur un coup d'estoc, détruisant lui-même une bonne partie de son travail de congélation en fonçant droit sur un ersatz de Fafnir probablement quelque peu désarçonné à pleine vitesse. La valse mortelle était lancée et maintenant, plus personne n'était en mesure de mettre fin à la mélodie funeste qui en donnait la mesure.
Quoi qu'il arrive, quoi qu'il adviennent... Tout deux seraient liés, de gré ou de force. Prisonniers à jamais d'une chaîne de cicatrices...
Aukoti s'était attendu à bien des choses aux suites de son assaut. Oui. Vraiment. Bien des choses. Sköll aurait pu surpasser l'emprise incapacitante d'Opal et esquiver les flammes. Ou bien parvenir envers et contre tout à bouger son bras pour se protéger avec son arme surréaliste. Ou bien encore utiliser l'une de ses propres capacités pour s'en prendre au torrent de feu lui-même afin d'en atténuer voir supprimer les effets. Ses attentes avaient été telles qu'il avait même envisagé que le Titan nordique puisse posséder la même maitrise élémentaire que Ceridwen, et ainsi retourner son attaque contre lui! Mais à aucun moment il n'aurait oser imaginer avec quel cran le Fauve Noir allait répliquer.
Le courant infernal que Ruby avait déversé sur Zeta s'écrasa sur son imposante stature comme une vague sur un rocher en bord de mer. Visiblement nullement gêné ni par la température ni par la paralysie dont il aurait dû souffrir, Sköll avait levé son tranchoir funeste et fendu ce déchainement incandescent dans toute sa longueur. Plus insensé encore, le Godwarrior qui lui faisait face fonça au milieu de ce précaire passage qu'il s'était aménagé grâce à sa force brute afin d'atteindre la source de cet assaut... Dans le cas présent, Aukoti lui-même. Pris de court par ce brusque revirement de situation, l'Alpha ne se ressaisit que lorsque violente vague de Cosmos émise par son vis-à-vis vint dissiper de manière définitive les flammes crachées par Ruby. Voyant Sköll déjà en plein vol pour abattre son poing comme un marteau, il eut le bon réflexe de reculer d'un pas vers l'arrière au dernier moment pour laisser le colosse frapper le mur sur lequel Aukoti se tenait un peu plus tôt. Celui-ci s'en retrouva réduit en miettes par l'attaque de l'Asgardien aux cheveux blanc, qui avait pourtant frappé à mains nues. Le Dragon Noir tenta de profiter de l'ouverture laissée par ce violent assaut pour rendre à son adversaire la monnaie de sa pièce, mais au lieu de cela il fut projeté plus loin dans les tribunes de l'arène par l'imposante jambe du Fauve qui l'avait happé pile à cet instant, lui interdisant toute réplique. Le torse écrasé et sa respiration désordonnée, l'Alpha eut du mal à se réceptionner sans trébucher sur les sièges de pierre rustique mais parvint in extremis à conserver son équilibre sans trop perdre son adversaire de vue.
Cependant le repos n'était en aucun cas permis. Dans ce duel cruel ordonné par le destin, leurs deux volontés aussi acérées que des lames ne pouvaient laisser aucun instant de flottement entre leurs échanges, de sorte que tout s'enchaina dés lors avec une vitesse ahurissante. Se mouvant avec une rapidité dépassant de lui tout ce qu'il avait montré jusqu'à présent, le Fauve Noir d'Asgard fondit de nouveau sur lui en levant au clair son arme démesurée qu'il tenait désormais à deux mains. La férocité de l'attaque s'annonçant bien supérieure à celle du précédent coup qu'Aukoti était parvenus à parer, ce fut cette fois avec ses deux épées, Garnet et Ruby, qu'il bloqua la lame monstrueuse de Sköll. Néanmoins, malgré cette précaution nécessaire, le poids et la pression qui échurent sur le corps de l'Alpha lors du choc manquèrent de le faire plier en deux. Serrant les dents pour ne pas céder, le Godwarrior fut forcer à déployer toute l'endurance qu'il possédait pour résister à l'assaut enragé du Fauve. Bien vite, cette lutte de force enflamma leurs Cosmos et leurs volontés qui se firent face et se heurtèrent, provoquant sous leurs pas l'affaissement du sol des tribunes sur lesquelles ils se tenaient et formant un véritable cratère miniature. L'opposition acharnée à laquelle ils devaient tout deux faire face se prolongea durant de longues, très longues secondes lors desquelles l'œil d'Aukoti eu le temps de noter un détail qui, par la suite, pourrait s'avérer être d'importance. Il s'agissait de la main ensanglantée de Sköll qui s'employait à abattre son tranchoir sur lui. Visiblement, le colosse s'était servis de sa main libre pour stopper son coup avec Opal, ce qui expliquait sa parfaite maitrise de ses mouvements en cet instant. Pour un épéiste, risquer de se défendre avec une main libre était un acte admirable, mais dans le cas présent c'était un choix risqué de la part de Zeta. Pensait-il vraiment pouvoir s'en tirer avec un handicap de ce genre?
Mais Aukoti n'eut guère le loisir de pousser sa réflexion plus loin. Sous ses yeux sidéré de l'Alpha, la lame de Ruby venait de se fissurer dans un sifflement qui n'augurait rien de bon. Pour la première fois depuis qu'il maitrisait ses Star Swords, l'une d'elle était en train de se briser. Le Leader des Godwarrior tenta dans l'urgence de déporter une partie du poids de l'assaut de son congénère sur Garnet, mais c'était trop tard. La lame vive de Ruby vola en éclats et la gueule de Fenrir glissa le long de l'arme encore intacte pour se refermer sur l'épaule de sa proie, la lacérant au sang. Aukoti s'en dégagea vivement, mais ce ne fut que pour voir Sköll changer l'angle de son arme et se lancer dans un assaut effréné durant lequel il martela son adversaire d'une avalanche de coups aussi violents que le tonnerre lui-même. Bien vite, les tribunes qui en premier lieu n'aurait jamais dû servir pour le combat se transformèrent en véritable champ de bataille où seules mort et désolation subsistaient entre les échanges d'armes des deux combattants. La force de Sköll était prodigieuse. L'Alpha lui-même se devait de l'avouer. En terme de puissance, Zeta le surclassait complètement. Pire encore, en vitesse et en technique, Sköll n'avait aucun mal à l'égaler. La sauvagerie de ses assauts et la puissance des ses muscles de prédateur lui fournissaient une rapidité telle qu'il tenait sans mal le rythme de son congénère. Quand à cette arme... Si elle semblait barbare et peu subtile au premier abord, son possesseur parvenait à faire corps avec elle et à lui faire décrire des mouvements inimaginables pour un profane. C'était là son instrument de prédilection à n'en pas douter, et cela lui procurait une assurance et une technique qui, même s'il ne s'agissait nullement d'un style d'escrime académique, rivalisait avec l'expertise d'Aukoti. Si ce dernier parvenait à tenir tête à ce combattant à la force démesurée sans jamais se faire toucher, c'était grâce à une seule et unique chose. Sa Maitrise. A présent qu'il était réduit à ne manier qu'une seule épée, les options de l'Alpha s'en retrouvaient réduite. Pourtant, il savait qu'il lui suffisait de peu de chose pour tenir tête à son formidable opposant. Un simple déséquilibre imposé à son adversaire... Une faible pression de la lame de Garnet pour déplacer le centre de gravité de Fenrir... Une courbe dans la course de leurs épées... C'était ainsi, en préférant dévier les attaques de Sköll que les parer de front et en dépensant un minimum d'énergie, qu'Aukoti pouvait faire preuve de toute la maitrise des armes qui faisait cruellement défaut à son adversaire et renverser la situation défavorable dans laquelle il s'était retrouvé lors cette échange de corps à corps exaltant. Cependant, aussi difficile que soit sa position, un étrange instinct soufflait à l'Alpha que quelque chose clochait. Les mouvements de Sköll, même si chacun aurait pu s'avérer mortel, manquaient de vivacité. Ils n'étaient pas suffisamment incisifs par rapport à ce que le Tigre d'Asgard était véritablement capable de fournir. Comme s'il avait l'esprit ailleurs...
Mais le jeu ne dura qu'un temps et voyant que son assaut ne portait pas, le Fauve Noir y mit un terme en élevant son arme haut au-dessus de sa tête et en y chargeant son Cosmos. Lorsqu'il l'abattit devant lui, ce fut pour déverser sur Aukoti un blizzard dignes des plus glaciales steppes d'Asgard, congelant terre, roche et même flammes se trouvant sur son chemin. L'Alpha n'eut le temps que de se couvrir le visage avant de se retrouver immobilisé par la glace qui se forma instantanément sur son armure, bloquant ses pieds au sol et mordant sa peau de sa mâchoire impitoyable. Mais le tigre viking n'en avait pas encore finit. Son attaque de glace avait fragilisé la roche des tribunes qui ne tarda par à voler en éclats, projetant sur eux de nombreux éclats qui étaient autant de lames effilées prêtes à leur taillader la peau. Mais au milieu de ce chaos arctique, Sköll s'élança sans prêter la moindre attention à ces fragments coupants comme des rasoirs. C'était à présent avec la pointe de son arme en avant qu'il se jetait vers la poitrine de son adversaire dans l'intention évidente de le transpercer en éparpillant les gouttes de son sang brulant sur cette glace pure qu'il avait formé. Sans doute cela aurait-il pu arriver, Aukoti étant bien incapable de se dégager de la glace qui le couvrait encore et de se défendre en un laps de temps si court. Cependant il n'avait pas dit son dernier mot.
A l'instant où l'Alpha prononça ces mots, juste avant que Fenrir ne l'atteigne, un voile translucide de même nature que ses Star Swords apparut devant lui, s'étendant jusqu'à prendre la forme d'un large mur argenté découpé en étoile à huit branches. Semblant flotter dans les airs, le bouclier d'énergie astrale fut heurté par la lame de Zeta dans un choc d'étincelles dignes d'une véritable petite explosion. Suite à cela, malgré tout la force que pu déployer Sköll, le Star Shield tint bon et l'empêcha de faire un pas de plus vers Aukoti. Et ce fut à cet instant que le courant changea. De l'autre côté de sa protection transparente qui ne cèderait pas avec un simple coup d'épée, aussi puissant soit-il, l'Alpha dévisagea le Fauve Noir de ses perçants yeux dorés. Si nulle trace de peur ou de douleur ne subsistait sur son visage, et ce malgré la blessure qu'il avait subit à l'épaule, on ne pouvait pas non plus y lire un fol amusement ou une colère féroce, comme c'était tour à tour le cas sur le faciès de Sköll. Il n'y avait que cette force calme qui couvait au fond de son regard... N'attendant qu'un instant pour se déverser!
« Je dois dire que tu me déçois, Zeta. Tu m'avais laissé une meilleure impression avec des précédentes fanfaronnades... Est-ce là toute la profondeur de ton "désespoir"? Cet air frisquet qui ne ferait pas éternuer une grand mère? Ne me fait pas rire! »
Libérant d'un coup toute la puissance de sa Cosmo-énergie, Aukoti ne provoqua cependant nulle violente bourrasque ou explosion comme se plaisaient à le faire la plupart des autres élus du Cosmos. Il n'y eut que cet éclat, tout d'abord minime, mais qui en quelques secondes alla en s'amplifiant jusqu'à au final s'étendre sur toute l'arène. La force de l'Alpha envahit tout le terrain, éclipsant le Cosmos de son adversaire jusqu'à complètement l'effacer. L'armure d'ordinaire sombre du Guerrier Divin se mit à luire jusqu'à scintiller comme une étoile, faisant fondre presque instantanément toute la glace dont elle était chargée et qui se trouvait autour d'elle. Telle était la force que possédait la première étoile de la Grande Ourse, la plus brillante et puissante de toutes. Provoquant une onde de choc qui fit voler en éclats les derniers fragments de gel autour d'eux, Aukoti ne tarda pas à contre-attaquer en manipulant le Star Shield de telle sorte qu'il avance droit sur Sköll et le projette d'un violent coup hors des gradins, dans les airs en direction du centre de l'arène qu'ils avaient déjà trop longtemps désertés. Sans attendre que le Fauve retombe au sol, l'Alpha prit une grande impulsion et, passant au travers de son Star Shield avant de le faire disparaitre, attaqua l'Ase en plein vol à l'aide de Garnet. Avec une précision presque chirurgicale et une force à l'impact vibrant et saturé par son énergie Cosmique, il fit au mieux pour rendre à son opposant tous les coups qu'il lui avait enchainé un peu plus tôt en frappant aux points les plus vitaux. Dans ce furieux échange qui ne dura que le temps des quelques secondes où ils furent suspendus dans les airs, aucun des deux gladiateurs ne sembla céder à l'autre jusqu'à ce que, d'un revers puissant de Fenrir, Zeta tente de balayer Aukoti et de le renvoyer au sol. Plutôt que de résister ou esquiver le coup grâce aux ailes qu'il gardait pliées dans son dos, l'Alpha accompagna le mouvement de la lame massive pour subir un minimum de dommages et retourner au plus vite sur la terre ferme. Lorsqu'il se réceptionna sur la roche chaude de l'arène, ce ne fut que pour lever les yeux et localiser la position de son adversaire qui lui aussi ne tarderait pas à toucher le sol. Cependant, plutôt que de profiter de cet état des choses pour relancer un assaut, le Godwarrior décida de s'occuper de ce sentiment dérangeant qui ne le quittait pas depuis qu'il échangeait coup sur coup avec son frère d'armes.
« Tu le sens non? Tu n'es pas au sommet de tes capacités. Tes mouvements manquent de réactivité... Et je peux deviner pourquoi. »
« Star Sword : Coral ! »
Oui. Il pouvait deviner pourquoi. Tout simplement parce qu'ils étaient pareils. Sköll et lui savaient que ce combat, aussi titanesque qu'il puisse être, ne marquerait nullement pour eux la fin de ce tournois. Il y aurait d'autres adversaires à combattre... Il y aurait un Dieu qui devrait rendre des comptes... Oui. Ils avaient tous deux pour objectif de passer cette phase et de découvrir pourquoi cet Olympien avait manigancé cette mascarade, ce simulacre de tournois. Après tout, ils étaient Asgardiens. Il n'avaient en aucun cas à répondre aux désirs d'Héphaïstos. Leurs principes tout comme leur fierté le leur interdisait. Tels étaient les Guerriers Divins.
Mais Sköll avait fait une erreur. Ici et maintenant, ce n'était pas le Dieu des Forges qu'il affrontait, mais Aukoti, et uniquement Aukoti. Et ce dernier, en tant que leader des Guerriers Divins, se devait de lui rappeler. La Star Sword à la lueur rosée qui était apparue dans la main libre de l'Ase à l'armure draconique fut pointée vers Zeta alors que l'Alpha terminait de prononcer ses paroles, puis, la faisant se retourner d'un habile tour de main, la tint à l'envers pour la planter dans le sol. Car si une épée était toujours par principe une arme de corps à corps, le cas de Coral était quelque peu spécial... Car son pouvoir était intimement lié à la terre que le guerrier foulait. Il y eu un grondement immense qui résonna aux oreilles des deux combattants présents dans l'arène, alors que les colonnes de laves autour d'eux s'agitaient comme si une force dans les entrailles de l'Etna se déchainait. Brusquement, dans un craquement assourdissant, toute une section des tribunes de l'arène se souleva en un énorme bloc de roche qui bascula pour s'écraser comme une immense masse sur Sköll lorsque celui-ci posa pied à terre. Décidément, manipuler les forces telluriques à travers son arme s'avérait bien pratique.
Abandonnant Coral là où il l'avait plantée, Aukoti fit un rapide bond jusqu'au sommet de l'immense roc qu'il avait déplacé sur son opposant. Cela devrait pouvoir occuper ce dernier quelques secondes... Suffisamment longtemps pour qu'il lui remette les idées en place. La voix forte mais parfaitement maitrisée de l'Alpha s'éleva dans l'air de l'arène, destinée à un adversaire qui, il n'en doutait pas, n'allait pas s'avouer vaincu pour un simple caillou qui lui tombait sur le coin de la figure.
« Tu te penses déjà à la suite du tournois? Au dénouement que nous réserve Héphaïstos? Mais plus tu t'y dévoue, moins ton corps réagit instinctivement. Se consacrer à ses objectifs peut être une source de motivation, mais si l'on projette son esprit trop loin, on risque de ne plus voir les obstacles devant soi et de trébucher... Tu vaux mieux que ça! »
« Star Sword : Alexandrite ! »
Levant la main au-dessus de lui, Aukoti y fit apparaitre une épée cosmique au vif éclat doré. Les multiples éclairs qui parcouraient sa lame ne laissant aucun doute quand à son affinité élémentaire, l'Alpha s'empressa de la planter elle aussi dans l'immense bloc de roche au sommet duquel il s'était perché et de l'utiliser à pleine puissance. Alexandrite, symbole de la foudre divine au même titre que Coral représentait la terre originelle, déversa dans le morceau massif issu de l'arène une multitude d'éclairs à l'intensité surréaliste. Dans un impact identique à celui de la foudre lorsqu'elle déchire le ciel pour s'abattre au sol, la roche se fendit pour laisser les serpents électriques nés de la Star Sword se frayer un passage jusqu'à l'endroit où était niché Zeta. En résultat de cette déferlante, le roc fut éparpillé en de nombreux rochers qui eurent tôt fait de se transformer en véritable éboulement qui ensevelis une fois encore le Fauve sous les décombres. Le Dragon Noir, lui, n'était plus là pour subir les affres de sa propre attaque. Laissant à Sköll le soin de se débrouiller avec, il avait déployé les sinistres ailes de sa God Robe et, d'un ample battement de celles-ci, avait pris de la hauteur pour contempler le spectacle et juger de la manière dont il avait atteint le fauve, tant par ses mots que ses assauts.
« Ton adversaire, ici et maintenant, c'est moi. Ne l'oublie pas! »
Il n'y avait pas d'Héphaïstos ici. Pas plus qu'il n'y avait de récompense ou de sanction à l'issue de leur joute. Il n'y avait qu'eux deux. Et leurs lames.
Son corps était un brise-lames dans la houle désordonnée de cette mer de flammes. Et des lames, il comptait en briser : celles de son adversaire. Trop nombreuses et surtout trop agaçantes, chacune munie d'un effet plus contrariant que le précédent, s'en débarrasser ne serait pas une sinécure mais c'était indispensable pour poursuivre dans les meilleures conditions. Agité frénétiquement par les fils d'un destin conçu de longue date dans les méandres des plus lointaines dimensions, il était un démon invoqué par l'impudence du Dragon Noir, plus conductrice de malédictions que les rituels les plus occultes. Ce duel n'était pas un fruit du hasard. Car le hasard n'existe pas. Seule la fatalité régit les vies. Les leur, en l'occurence. Ce n'étaient plus que des jouets agités par les mains infantiles et malhabiles d'une entité supérieure, voués à être heurtés à répétition jusqu'à ce que l'un d'entre eux vole en éclats et soit tout juste bon à être mis au rebut. Triste issue que voilà mais nul n'y pourrait rien changer. C'était écrit, et personne ne pourrait aller à l'encontre de ce sordide récit. La plume noire des maléfices n'en avait cependant pas encore rédigé les dernières lignes de ses lettres cursives et nul ne pouvait savoir à l'avance quel en serait l'épilogue. Le dernier chapitre devrait attendre car l'enfer des batailles était toujours en pleine combustion et ne saurait s'éteindre que quand sonnerait le glas de l'estocade, la dernière note de ce requiem mythologique.
Ses sombres desseins prirent de l'ampleur et sa mauvaise humeur avec eux. Son désor sanguinaire allait bon train, prenant une envergure insoupçonnée même dans ses crises de démence les plus poussées. Tout cela n'était qu'une danse mortuaire, un massacre sacré. Cette arène dévastée était un autel où un sacrifice devrait être offert à ce fou qui avait eu la pensée malsaine de réunir en ces murs les plus grands guerriers de cette ère pour les faire s'entredéchirer jusqu'à ce que l'Etna ne soit plus qu'un charnier enfumé dans les tréfonds bouillonnants duquel se consumeraient les cadavres. Dépouillés de toute vitalité et de toute fierté, l'honneur brisé par la lame de l'effort et de l'ambition de celui qui se tiendrait en face d'eux et les pourfendrait. Pour sa part, Sköll n'avait qu'un désir : s'adapter à son totem et n'être plus qu'une bête sauvage, exempte de toute pensée superflue. Protégeant ses biens. Chassant pour vivre et se sustenter. Planter les dents dans cette chair dans une gerbe vermeille qui rendrait un peu plus macabre la scène que tout deux dépeignaient à grand renfort de cliquetis métalliques, avec leurs lames pour tout pinceau. Ils étaient les peintres de cette fresque épique immortelle qui traverserait les âges et remémorerait aux générations futures la valeur de leurs ancêtres et le respect qu'ils devaient inspirer. Inconnus de la Mort, ni de la Vie... Tels des paladins courant après l'auguste. Auréolés de gloire, ils le seraient. Mais avant cela...
« J'ai rien senti. L'Acier est mon corps et le Feu est mon sang... Je vais te mordre à mort. »
C'était à eux de prendre leur avenir en main. De choisir si il serait teinté de lumière ou de ténèbres, de clair ou d'obscur. C'en étaient les acteurs et il ne serait pas question de jouer une séquence dont ils n'auraient pas décidé eux-même. Ils ne voulaient pas de ce destin et se battraient pour le modeler à leur convenance et pour ciseler leur contradiction dans les chairs de tous ceux qui auraient l'audace de désavouer cette quête d'Idéal et de Réalité. Ils s'illusionnaient peut-être dans leur idéal de force mais d'autres devraient faire face à une cruelle vérité : tout le monde n'est pas fait pour devenir fort. Peut-être était-ce un système de pensée erroné. Mais ils iraient jusqu'au bout, car c'était tout ce qu'ils avaient. Et de leurs propres mains, ils traceraient leur ligne de conduite sans ciller et iraient de l'avant, quitte à ce que ce soit pour foncer droit dans le mur. Lequel d'entre eux pourrait les arrêter, de toute façon ? Nul obstacle n'était infranchissable ; certains le paraissaient, voilà tout, mais cette image ne subsistait jusqu'à ce que l'on ôte la bonne pierre et que tout s'effondre dans un claquement de doigts. Si quiconque s'était interposé entre leurs potentiels en pleine collision, qu'il soit Dieu ou homme, le désagrément n'aurait pas duré plus que le temps de le réduire à néant sous la charge invraisemblable de leurs cosmos démesurés.
Ses mouvements étaient peu académiques mais d'une efficacité incroyable, et l'aigreur d'Aukoti se ressentait dans chaque parade, chaque esquive. Lui qui était de toute évidence doté d'un style très scolaire avait vraisemblablement du mal à digérer le fait qu'un barbare sans éducation apparente - malgré son sang bleu - puisse le confronter sans frémir et lui tenir la dragée haute. Son épée n'en était même pas une mais les siennes ne faisaient pas le poids une fois la pleine puissance, en témoigne le bris de verre qui accompagna le fracas de l'une d'entre elles. C'était un premier pas sur la bonne voie. Celle du carnage, où peine et douleur sont de rigueur. La pierre des gradins vola en éclats de même que la glace, qui l'avait fragilisée, et dont l'étau ne devait pas durer plus longtemps. Hélas, ce n'était pas un résultat satisfaisant, pour la bonne et simple raison qu'un franc succès aurait voulu que ce fracas cristallin aille de pair avec de sinistres bruits d'os qu'on fracture et de sang qui fuse et teinte les stalactites restantes de sa chaleureuse rougeur... Le rempart était dressé et tenait le choc, étonnamment bien. Ce bouclier avait-il réellement absorbé l'impact ? Les yeux écarquillés, sidéré par cette impensable résistance, l'Ase ne vit venir qu'à la toute dernière minute la contre-mesure à sa fougue déchaînée.
Projeté en arrière, dans les airs, il ne sut que lever les bras en croix pour s'en faire un bouclier. Non pas qu'il craigne une blessure gênante, mais plutôt que si ce projectile le touchait au visage, ce serait handicapant car ses sensations en seraient court-circuitées. Son but était de ne pas céder un pouce de terrain et c'était la victoire elle-même qui aurait été offerte sans ce geste défensif de sa part, aussi rare que chaleur en Asgard. Plus que le coup en lui-même, c'était sa capacité à soulever sa lourde carcasse qui le surprenait, le laissant plus démuni encore qu'on ne l'est au naturel dans les airs faute de pouvoir se mouvoir à sa guise. Pourtant, malgré son engouement à rendre les coups sans compter, Aukoti n'obtint qu'un résultat minime puisque bien souvent le fil de sa lame ne faisait qu'érafler la peau dure de son antagoniste. Sköll était une force de la nature mais aussi et surtout un bouclier humain au sens premier du terme puisque nul n'était jamais parvenu à le briser ou même à passer outre son endurance saisissante. Mais la position était inconfortable et désavantageuse ; un revers de Fenrir vint le séparer de cet agaçant moucheron qui peinait tant à franchir sa carapace charnelle. Un geste logique et nullement voué à causer des dégâts, même si ce ne serait pas un mal : il était donc tout aussi rationnel qu'Alpha s'en tire comme si de rien n'était.
Les paroles de son homologue finirent par le faire tiquer. S'il n'avait pas cru bon de réagir à ses puériles provocations, bien qu'étant celui qui avait entamé ce petit jeu, le contenu de ses dires avait ici tout pour lui faire hausser un sourcil. Lui-même se sentait... Incomplet, et n'arrivait pas à comprendre pourquoi. Alors qu'il ne vivait que par et pour le combat, ses coups étaient sans saveur, comme filtrés par un sentiment nébuleux et dérangeant que toute son astuce ne suffisait pas à identifier. Il avait cru bon de ne pas y prêter attention pour éviter toute distraction mais si l'héritier de Siegfried l'avait remarqué, ce ne devait pas être anodin. Loin de baisser sa garde, il accepta tout de même de prêter une oreille attentive à ce que le spadassin pouvait avoir à lui confier, s'attendant surtout à ce qu'il essaie de le déstabiliser grâce à son discours. Mais qui ne tente rien n'a rien, aussi préférait-il essayer d'entendre ce que son partenaire pouvait avoir à dire. Sait-on jamais que de l'intérêt puisse y être trouvé. Mais il n'eut pas le temps de juger de quoi que ce soit puisque déjà, une lame rosée – ce qu'il trouva particulièrement grotesque et risible, soit dit en passant – fit office de levier, et souleva une portion généreuse du décor aménagé dans ce colisée contemporain.
La masse déplacée en aurait choqué plus d'un, si cet endroit n'avait pas rassemblé en son sein des surhommes par dizaines pour qui cela n'avait rien d'une surprise. En revanche, les foudroyants reptiles qui en jaillirent suite à une nouvelle invocation d'épée de la part du Dragon Noir étaient déjà bien plus inattendus. Sköll en balaya plusieurs d'un revers de la main et en saisit un de plus pour lui tordre le cou sans plus attendre, le renvoyant au néant qui l'avait vu naître sous forme de poussière d'étoile issue du cosmos qui l'avait mis au monde. Plusieurs d'entre eux s'échouèrent sur la musculature finement taillée du géant des neiges sans causer trop de dégâts, bien qu'un semblant d'engourdissement se fasse sentir dans les quelques secondes qui suivirent, perturbant son flux énergétique dans une certaine mesure. Il lui fallait forcer davantage pour en dégager une grande quantité, mais ce n'était pas ce léger handicap qui le retarderait dans sa riposte. Il s'en tirait à bon compte, mais le freluquet aux cheveux bleus avait plus d'une corde à son arc, le doute n'était plus permis.
« Tu pourrais cracher le morceau avant de jeter des cailloux sur les gens ! »
Le tranchoir traversa la pierre comme si ce n'était rien de plus qu'un imposant bloc de pierre, scindé en deux en son centre de ce tranchant sans égal. Et alors que sa surface gigantesque se fendait, une colonne de lumière aile-de-corbeau s'éleva sans attendre, du sol au plafond, agitant les confins de ces lieux d'une énergie qu'ils n'étaient plus apte à enfermer sans danger. De cet éclat maléfique jaillit la silhouette plus véloce que jamais d'un Zeta prêt à en découdre, qui venait de fragmenter en des dizaines de morceaux cette arme de lancer improvisée d'un genre pour le moins singulier. En lui envoyant ce bloc de roche, Aukoti avait commis un impair : étant donné le nombre de gravats éparpillés, suspendus dans les airs par une énergie défiant la normalité à en enrayer les lois de gravité les plus élémentaires, prendre appui n'était maintenant plus un problème, de même que le rejoindre en quelques bonds pour frapper. Un chemin tout tracé semblait l'attendre jusqu'à son ennemi pour reprendre de plus belle et relancer la machine de ce combat sans merci encore très loin de son apogée malgré l'animalité qui le définissait. Mais pourtant, il restait en retrait. Il était convaincu que ce n'était pas qu'une diversion, et que cette introduction en était vraiment une. Quelques explications n'étaient maintenant pas de refus. Et elles furent pertinentes, le colosse lui-même devait l'avouer...
« Tu as raison. Alors maintenant, fini de jouer. Je vais passer aux choses sérieuses. J'espère que tu n'as pas oublié de faire tes prières avant de partir, car tu n'as encore rien vu. Si c'est tout ce que tu sais faire, tu ne pourras pas tenir le choc. Qui n'est pas fort n'est pas longtemps... Je ne perdrai pas ! »
Les proportions étaient insensées et crevaient le plafond, d'un côté comme de l'autre, et quiconque en dehors d'eux se serait risqué à entrer dans la salle aurait été plaqué au sol et privé de respiration tant la tension vibrant dans l'atmosphère au point de la faire exploser. Chaque coup, chaque hausse de leur ressentiment était une pression d'un millimètre de plus sur un détonateur imaginaire qui aurait tôt fait d'engendrer une déflagration dont nul ne se sortirait sain et sauf. Et si Aukoti avait cru être frappé par la foudre quand la pluie de coups s'était mise à tomber, ce n'était qu'un avant-goût en comparaison de ce qui se préparait. Les arcs électriques se faufilaient déjà entre ses doigts pour mieux remonter le long de son bras, partant en tous sens dans un chaos de mauvaise augure mais entièrement approprié à cette situation ou déjà plus rien n'était sous contrôle grâce à l'absence de modération qui caractérisait chacun de leurs goûts et menaçait de remuer les entrailles du volcan et de causer une éruption tant la résonance montait en flèche dans une propagation si vaste qu'elle en était absurde. Tout cela était-il vraiment en train de se produire ? Ou n'était-ce qu'une illusion ? Une chimère ? Le meilleur moyen de le savoir était de s'enfoncer plus loin dans la douleur à la force de leurs poings ensanglantés jusqu'à ce qu'éclose la fleur d'opale de la Stricte Vérité...
« Brûle, mon Cosmos ! »
Si classique, et pourtant...
Le grondement de tonnerre roula au loin alors que le crépitement s'élevait à vive allure, assourdissant et discordant. Les étincelles volaient en tous sens, sans pouvoir être réprimées une seule seconde. La colère de la terre elle-même sembla vouloir participer à la bataille sans pourtant prendre parti, se contentant de faire monter la pression d'un grondement abyssal qui fit frissonner davantage la pierre cuisante de cette cage où on les avait enfermés pour se dévorer à pleines dents. Repoussant les ombres, faisant cliqueter son armure, faisant voler les os, avalant la chair, grinçant des dents... Allant seul... Vers un horizon lointain. L'électricité statique avait envahi l'air, faisant souffler un vent de folie. Inconstante mais d'une puissance remarquable, et surtout prête à frapper à tout moment et à réduire toutes choses en cendres brûlantes sur son passage. Un rictus féroce déforma les traits de Zeta pour y matérialiser une arrogance sans fin alors que le regard propre au fauve s'apprêtant à bondir sur sa proie venait y prendre place de concert...
« Tiens-toi prêt. Ma lame frappe comme la foudre, ma colère passe comme un orage, puis la vie, de nouveau, se calme comme le ciel, et recommence ainsi qu'avant. Se souvient-on d'un nuage ? »
« BLUE IMPULSE ! »
Sa course folle reprit. Sa fulgurance était à couper le souffle, même à lui. Était-ce le pouvoir qui l'habitait qui conférait à son corps de telles propriétés ? Il ne le saurait jamais. Peu importe... Ses réflexes et sa conscience unirent leurs efforts pour projeter son bras vers l'avant à cette même vitesse de la lumière qu'il venait d'utiliser pour se frayer un chemin. Puis, dans un éclair, sa vengeance s'abattit. Un scintillement azuréen s'élança droit vers Aukoti pour le frapper à la tête avant que l'écart ne se creuse entre eux, physiquement parlant. Emporté par son essor, Sköll se retrouvait à nouveau dans les airs. La pesanteur n'avait plus cours et y demeurer n'était donc pas un problème, ce qui lui laissa tout à loisir de préparer une seconde salve qui cette fois partit tel un trait couleur saphir. Son énergie relâchée partit en tous sens, une série de faisceaux lumineux aveuglants colorèrent le monde de nuances céruléennes l'espace d'un instant avant que le sol ne s'effrite de plus belle. Déjà disloqué par leur emportement, il n'était maintenant plus qu'un souvenir et la lave refaisait surface, allant grignoter avec appétit les restes de glace disséminés aux quatre coins du terrain pour ne laisser à leur disposition que quelques îlots en passe de disparaître à leur tour dans cet océan de magma qui, peut-être, devrait être le tombeau de l'un d'entre eux...
S'enflammer comme un éclair. Dépasser ses limites. Briser ses entraves.
C'était différent. Parmi tous les adversaires qu'Aukoti avait déjà eu à affronter, qu'ils aient été capables ou non d'utiliser leur Cosmos, qu'ils aient été Asgardiens ou étrangers, jeunes ou vieux, pétris de bonnes intentions ou pourris jusqu'à la moelle, aucun n'était jamais parvenu à le toucher, tant physiquement que mentalement. Ni leurs attaques ni leurs paroles ne l'avaient atteint et ils étaient tous morts de la même manière: sans mériter un seul regard de sa part. Qu'ils implorent leurs Dieux, hurlent le nom d'un être cher ou supplient pour leurs vies, ils l'avaient laissé indifférent. Point de cruauté néanmoins dans ce comportement : il avait décidé vivre pour poursuivre sa voix et retrouver ce qu'il avait perdus, et cela signifiait combattre pour continuer à avancer. Lorsqu'on attentait à sa vie, l'Alpha répliquait impitoyablement. C'était là une nécessité. S'il n'avait rien éprouvé de plus, c'était simplement parce qu'il n'en était plus capable depuis longtemps. La vie que menait ces hommes lui semblait fade, vide de couleurs et de sens. Peut-être parce qu'il avait cessé de se considérer comme l'un des leurs... Mais ici, c'était différent. Depuis que le Godwarrior était entré dans l'Etna, de curieuses sensations qu'il avait oublié depuis des années lui étaient peu à peu revenues. Cela avec commencé avec Henriques et Ceridwen, et cela ne faisait que continuer avec Sköll. Il les enviait. Il les détestait. Ils l'intéressaient. Ils le dégoutaient. Il voulait les toucher, les voir, se séparer d'eux et s'en souvenir... Mais avaient-ils vraiment quelque chose de spécial, ou n'était-ce qu'Aukoti qui avait décidé de voir chez eux ce quelque chose en plus? La réponse n'était pas encore claire... Pas plus que ces sentiments qui couvaient dans sa poitrine.
Une étrange tension s'emparait peu à peu du corps de l'Alpha qui survolait le champ de bataille en piteux état. Il se découvrait en train de pousser Zeta à toujours plus déployer ses forces pour au final atteindre sa limite, et peut-être même la dépasser. Il le faisait en son âme et conscience, sachant pertinemment qu'en retour il devrait lui-même libérer de plus en plus de son Cosmos Destructeur afin de répondre à l'écho de celui de Sköll. Les risques qu'il encourait ainsi, il les connaissait mieux que quiconque, lui l'ange aux ailes noirs, devenu Dragon Maudit. Il répandrait toujours plus le chaos autour de lui jusqu'à ce qu'il ne reste rien. C'était là ce qu'il redoutait le plus... La raison pour laquelle lui et son Maitre avaient scellé sa puissance pour la rendre contrôlable... Et pourtant, en sentant les pulsations de l'être extraordinaire qui lui faisait face, il ne pouvait que pousser la chose plus haut, encore, toujours. Il avait le sentiment que c'était ce qui devait être. Une rencontre inéluctable. Mais encore incomplète.
Une immense lame de Cosmos à la teinte d'ébène émergea du tas de gravas où Aukoti avait enterré son adversaire et s'élargit jusqu'à venir lécher la voute de l'immense caverne, provoquant la chute de nombreux fragments de celle-ci. En contrebas, sur le sol de l'arène, la portion de gradins que l'Alpha avait projeté sur son opposant était rapidement éparpillée par l'imposant Cosmos de Sköll qui ne cessait de croire en repoussant tout ce qui se trouvait autour de lui. Survint alors un phénomène des plus improbable auquel sans doute aucun des deux gladiateurs ne s'était attendus : sous l'effet de l'air saturé de Cosmo-énergie dégagé par les deux Asgardiens, les rochers que le Fauve venait de projeter en l'air pour se libérer restèrent suspendus entre ciel et terre, comme retenus par des fils invisibles. Leur furie et l'intensité de leurs échanges commençait à agir sur leur environnement à un degré toujours plus élevé... Après la matière brute, c'était à présent la gravité qui s'en retrouvait altéré. Bientôt ce serait le temps et l'espace... Et peut-être la réalité elle-même s'ils continuaient à ce rythme. Mais pourtant, cela n'avait aucune forme d'importance. Qu'ils anéantissent les lieux ou atteignent l'omnipotence de véritables Divinités, la nature de leur combat ne changerait pas. Pas plus que celle de leurs vies.
Sköll, s'il avait été blessé par l'attaque combinée qu'avaient accomplis Coral et Ruby, n'en laissait absolument rien paraitre. Il se tenait là, droit et fier, à l'observer de son regard de prédateur affamé. Un véritable Tigre levant les yeux vers l'immense Dragon dont les ailes s'étendaient pour lui masquer le ciel et envahit de l'envie de le réduire en lambeaux. Cependant, à la grande surprise d'Aukoti, Sköll ne se jeta pas sur lui immédiatement, comme aurait pu le laisser présager la terrible aura agressive qu'il dégageait. En place et lieu de l'assaut auquel l'Ase d'Alpha s'était attendus, il eut droit à un acquiescement en bonne et due forme de ses précédentes paroles. Lui qui s'était attendus à une véritable crise de nerfs du Tigre qui aurait interprété ses paroles comme une provocation, il lui découvrait une nouvelle dimension qui ne faisait que renforcer son intérêt. Sous cette perspective, son comparse Godwarrior n'avait de cesse de lui arracher un sourire sauvage. A présent, le Fauve Noir était complètement dans le match.
« Là! Voilà ce que je voulais entendre! »
Observant attentivement les mouvements suivants de Sköll, l'Alpha put le voir levers son poing et bander chaque muscle de son corps pour concentrer son énergie et un seul et unique centre d'inertie : son bras. Bien vite, le Cosmos de Zeta éclata, résistant et repoussant celui de l'Alpha et faisant fuser les éclairs autour de son membre. Sentant la tempête approcher, Aukoti se mit en garde en pointant Garnet droit vers le poitrail de son opposant et en remontant la poignée jusqu'à hauteur du visage. En prévision de l'assaut qui allait inéluctablement arriver, l'éclat de son Cosmos s'intensifia jusqu'à illuminer le bout des ailes de sa God Robe et désagréger les quelques rochers qui flottaient trop prêt de lui. Sköll lança son attaque comme il l'avait toujours fait jusqu'à présent, avec une fougue et un panache sans limite. Son poing commençant à saturer sous l'effet de la foudre qu'il y massait, il s'élança et, sautant de rocher en rocher dans les airs, s'éleva jusqu'à atteindre la hauteur de sa proie et se jeter pour la mordre au sang. Fier, mais pas au point de se jeter à corps perdus dans une confrontation de force brute qu'il avait toute les chance de perdre, Aukoti leva sa main devant lui afin de mettre en place un contre qui, il le pensait, aurait tôt fait de lui permettre de porter un coup décisif.
« Crystal ! »
Se matérialisa devant l'Alpha, à l'instant où le poing de Sköll allait s'abattre sur lui, le même bouclier en forme d'étoile à huit branches qui avait auparavant bloquer sa lame lors d'un coup mortel. L'idée était simple: bloquer l'assaut du Tigre viking et enchainer avec une attaque qui s'avèrerait mortelle. Cependant, lorsque le poing de Zeta entra en contact avec la surface argentée, le déchainement de la foudre fut tel qu'il dépassa tout ce qu'Aukoti aurait pu imaginer. Loin d'être repoussé par le mur, le Blue Impulse le fit reculer, se tordre, et finalement le brise dans un cataclysme cosmique. Le poing de Sköll se fraya un passage au milieu des débris jusqu'à atteindre le visage de son opposant et, dans un craquement sinistre, le heurter pour le renvoyer avec une brutalité sans borne vers le sol. Ayant à peine eut le temps de comprendre ce qui lui était arrivé, Aukoti se retrouva encastrer dans le sol de l'arène et à moitié assommé. Son casque avait été pulvérisé sous le coup de Zeta, mais sans cela sa tête n'aurait dés lors plus été qu'une infâme gélatine rougeâtre étalée sur le sol. Mais lorsque le Godwarrior ouvrit les yeux, ce ne fut que pour voir son confrère recharger sa foudre pour relancer cette même attaque, cette fois-ci à distance et sur une zone bien plus large. Une multitude d'éclairs à la puissante lueur azur s'écrasèrent sur l'aire de combat, la perforant de part en part jusqu'à atteindre la lave en fusion qui se trouvait en dessous et qui bien vite se fraya un chemin jusqu'à la surface pour l'envahir.
Lorsqu'enfin les éclairs cessèrent, ce fut pour dévoiler un spectacle désolé d'une terre ravagée par les éléments et les combats qu'elle avait hébergée. Sköll ne tarda pas à retomber sur l'un des ilots encore épargné par le magma, tandis qu'autour de lui les rochers un peu plus tôt suspendus en l'air commençaient à tomber pour se noyer sous les flots en fusion. Car oui, le Cosmos de l'Alpha avait disparut lorsque la zone de son crash avait été recouverte par la lave, et à présent, suite à ce déséquilibre, la gravité retrouvait son cours normal. En brisant ainsi la défense de son adversaire, Zeta était parvenus à porter un coup mortel à Aukoti. Le combat aurait pu s'arrêter là. Oui. Il aurait pu.
« Hahaha... Je me suis fais avoir à mon propre jeu. Vraiment, cet endroit ne cesse de m'étonner. D'abord on y parvient à survivre à mes plus puissantes attaques, et maintenant on y brise mes Star Swords, et même mon Star Shield! Tu es vraiment un phénomène, Zeta! On dirait qu'il va falloir que j'arrête de jouer, moi aussi... »
La colonne de lave qui venait de s'élever au centre de l'arène sous l'impulsion d'un Cosmos massif et écrasant. Émergeant de la colonne pour se mettre à marcher sur la lave, l'imposante silhouette de l'Alpha reparus, visiblement épargné par la brulure de la lave en fusion qui coulait sur son corps. Tout le bras gauche de son armure avait été anéantis, de l'épaule jusqu'à la paume, et il en était de même de son aile gauche. Son bras mis à nu, saignant en de nombreux points, n'était cependant pas très beau à voir, et l'Ase était obligé de le soutenir avec son membre encore valide. Aucune Star Sword ne se voyait à son côté, Garnet s'étant dématérialisé lors de l'attaque du Fauve Noir. Cependant, quelque chose dans la brillance doré de son regard et son sourire calme indiquait que le combat allait passer à un tout autre niveau. Un éclat de peur et de tristesse... Et pourtant une tranquillité propre au véritable guerrier. Oui... Finis de jouer.
« Star Sword : Turquoise ! »
Dans la main blessée de l'Alpha se matérialisa une nouvelle Star Sword, celle fois à la lame d'un bleu si clair qu'il en devenait cyan. La lueur rassurante qu'elle émettait semblait un instant clamer les ardeurs du volcan avant qu'une fine pellicule d'eau s'en détache pour venir recouvrir le bras de son propriétaire. L'eau si clair ne tarda pas à se teindre de l'écarlate de son sang, puis à retomber pour dans un crépitement s'évaporer au contact du magma sur lequel Aukoti se tenait. Le liquide dévoilà dés lors une peau soignée superficiellement, où toute les précédentes plaies n'étaient plus que simples cicatrices. Remuant son bras pour être certain que tout allait bien, le Godwarrior adressa un sourire cynique assez provocateur à son collègue et leva son arme au-dessus de lui en faisant éclater son Cosmos... Mais cette fois pour le rappeler immédiatement à lui et le concentrer dans son propre corps. Oui... Et cela n'irait guère en s'améliorant. Une masse d'eau propre extraordinaire s'échappa de Turquoise pour se mettre à tourbillonner autour de l'Alpha. Le tourbillon se mua en minuscule typhon qui, d'une puissant impulsion astrale, s'étendit brusquement pour former une immense vague qui balaya tout le terrain. A son contact, la lave en fusion se solidifia instantanément, laissant s'échapper un sifflement strident et une nuée de vapeur de souffre qui ne tarda pas à recouvrir tout le terrain laissant tout vision, ouïe et odorat inutiles. Dans ce voile opaque, les pas d'Aukoti furent couverts par le sifflement de la roche brusquement chauffée puis refroidis et il put s'approcher de sa cible en la repérant à son Cosmos, chose que cette dernière aurait certainement du mal à faire s'il en croyait ses facultés psychiques largement moins développées que ses capacités physiques. Mais se déplacer furtivement était une chose, frapper en était une autre...
Le véritable changement qui s'était opéré chez Aukoti et qui faisait toute la différence entre leur combat tel qu'il l'était à cet instant par rapport à ce qu'il avait été quelques minutes auparavant ce situait dans son corps. Après avoir émis l'éclat de son étoile autour de lui pour effacer le Cosmos de son adversaire et l'écraser comme un insecte paralysé, il le concentrait à présent sur sa propre personne, renforçant ses capacités physiques pour les pousser à son paroxysme. Aussi, lorsque Turquoise frappa le flanc de Sköll au travers de la mer de vapeur qui l'enveloppait, ce fut avec une force largement supérieure à tout ce qu'il avait pu subir jusqu'à présent. Pire encore, lorsqu'il chercha à frapper là où se trouvait Aukoti, ce ne fut que pour éparpiller de la vapeur et trancher le vide. L'Alpha attaquait déjà son épaule depuis un point mort et disparaitre de nouveau. Les attaques éclairs s'enchainèrent ainsi, sans que le colosse du nord ne parvienne à saisir son adversaire, rythmée uniquement par les percée meurtrières du Godwarrior au totem de Fafnir qui ne cessait de viser des points vitaux pour finalement forcer Zeta à poser genoux à terre. Mais la chose n'arriva pas. Lors d'une attaque visant le ventre du Fauve, Turquoise s'enfonça dans la chair de sa cible jusqu'à en ressortir de l'autre côté. Jugeant cette soudaine faiblesse du corps de Sköll trop opportune pour réellement valoir quelque chose, Aukoti tenta de se dégager mais c'était trop tard. La poigne de fer du géant se referma sur son poignet pour l'empêcher de disparaitre de nouveau. A cette instant la gueule de Fenrir jaillit hors de la brume et happa la lame de la Star Sword, la découpant comme une cisaille tout mordant sa hanche au passage. Se sachant condamné s'il ne se dégageait pas de la poigne de Sköll, Aukoti manipula mentalement son armure pour forcer l'avant-bras à se désassembler et desserrer la prise sur son poignet et d'un bond en arrière disparaitre à nouveau dans la brume.
Encore une fois, son stratagème était outrepassé par la ténacité et la force incommensurable du Godwarrior de Zeta. Depuis le début de ce match, le colosse accomplissait des exploits qu'il n'aurait jamais crus capable et que lui-même aurait douté pouvoir accomplir. Différents de bien des manières, les deux guerriers se ressemblaient pourtant dans la démesure et la violence qui émanait de leurs Cosmos qui résonnaient presque à l'unisson dans ce lieu tourmenté. Ce Guerrier Divin avait décidément autant de choses pour lui plaire que pour qu'il le déteste, et entre les deux options Aukoti ne savait lequel choisir. Mais une chose était sure, combattre Sköll lui avait permit de fonder une pensée au fond de son âme pour cet incroyable adversaire. Une pensée de laquelle naissait un sentiment, puis un espoir pour le futur auquel il aspirait. Oui, tout comme il avait eu un espoir en combattant Ceridwen. Un espoir... Mais un espoir complètement différent.
Dans une violente onde de choc cosmique, les vapeurs de l'arène furent balayées. Au centre de l'arène complètement défigurée ne demeuraient que le Tigre et le Dragon aux couleurs de la nuit. Les deux portaient leurs blessures mais demeuraient debout avec vaillance pour n'en rien montrer à l'autre et en conserver leur fierté. Aukoti, au couvert de la brume, avait invoqué deux nouvelles Star Swords entre ses mains. La première, à l'éclat argenté, et la seconde, à l'éclat violacé, étaient tenues vers le bas sans aucune forme de mise en garde, et ce malgré la relative courte distance qui séparait les deux gladiateurs. Le sourire calme que conservait l'Alpha depuis sa réapparition hors de la lave n'avait pas disparus, et cette fois-ci encore cette tranquillité déconcertante était comme une incitation envoyée au visage de Sköll pour le pousser encore plus loin. Prenant une grand inspiration, Aukoti se pencha vers l'avant comme pour bondir sur son adversaire, mais au lieu de ça il s'immobilisa et croisa les bras, inclinant ses épées pour les tenir comme si elles se trouvaient au fourreau à sa ceinture. Autour de ses jambes et dans le sol sur lequel il se tenait, une étrange luminescence bleutée commença à s'élever sous l'effet de la large densité du Cosmos qui s'y massait. Il fallait qu'il y aille plus fort... Plus loin... Plus vite...
« Pearl et Amethyst... Je n'aurais pas pensé avoir à les utiliser dans ce combat. Ce seront sans doutes les dernières lames que tu verras, grave-les bien dans ta mémoire! »
« Accel ! »
Dans une bourrasque de ce Cosmos bleuté qui entourait ses jambes, Aukoti se volatilisa, purement et simplement. Sa vitesse, ainsi augmentée de manière exponentielle par l'Accel, lui permettait de se déplacer à une vitesse même supérieure à celle de la lumière, pour peu que ce soit en ligne droite et sur une courte distance. Ce fut donc ce cette manière qu'il reparus instantanément à quelques centimètres seulement de Sköll, à l'intérieur de son périmètre et par conséquent difficilement touchable par l'arme imposante de Zeta. Sans attendre, l'Alpha trancha le corps du Fauve avec ses deux lames, traçant une croix de part en part de son torse sans que ses Star Swords rencontrent la moindre résistance. Et pour cause ces deux armes n'étaient pas faites pour taillader sa chair, mais sa puissance elle-même. Pearl à la lame d'argent tranchait directement le Cosmos en ignorant le corps de l'adversaire. Elle n'existait que pour effacer les Cosmos trop faibles et détruire ceux des puissants. Amethyst à l'éclat d'un violet presque indigo, elle, frappait la force vitale de l'ennemi pour lui retirer ses forces et lui retirer toute combativité. Toutes deux pouvaient être utilisées en tant qu'épées classiques, mais c'était de cette manière que tout leur potentiel pouvait être exploité. Utilisées ensemble lors d'un coup fatal, elles suffisaient à mettre fin au combat.
Cependant l'Alpha n'était pas naïf. Aucune de ses Star Swords n'avaient eu prise escomptée sur le colosse nordique, et il y avait peu de chances que cela commence maintenant. Cet homme était même assez téméraire pour tenter de le frapper avec son arme malgré leur proximité, au risque de se blesser lui-même dans la manœuvre. Oui, ça lui ressemblait bien. Ainsi tout prêt de lui, il était une cible idéale pour Sköll... Si tant est qu'Aukoti veuille bien rester sur place.
« Double Accel ! »
A peine après s'être transporté devant Sköll et l'avoir frappé avec ses deux Star Swords avant de les faire disparaitre, Aukoti fit reparaitre à ses pieds le même souffle de Cosmos qu'il avait invoqué précédemment pour de nous disparaitre à une vitesse sans commune mesure. Avant qu'un millième de seconde se soit écoulé, il était déjà derrière Sköll en train de tendre la main vers le haut en y faisant apparaitre une épée au rouge profond bien connus du Fauve Noir : Garnet, celle qui croisait le fer avec lui depuis le début de cette joute. Celle qui était la plus solide de toute... Mais surtout, celle qui se renforçait à chaque assaut pour devenir toujours plus forte. Celle qui évoluait en s'adaptant à son adversaire, et qui au terme de tous ces échanges connaissait Zeta et son arme par cœur.
« C'est terminé. »
La lame de Garnet se cisela de nombreuses dents écarlates et se mit à vibrer, avide de mordre le corps de cet opposant infatigable. Cette fois, rien n'arrêterait son tranchant. Ni la résistance naturelle de l'Ase, ni son armure légendaire. Rien ne pourrait l'en protéger.
Rien ne pourrait l'en protéger, non. Et pour cause.
Aucune volonté défensive ne l'animait. Non pas parce qu'il admettait sa défaite, mais bien parce que ce n'était pas son genre de fuir face aux coups de son adversaire. Qui plus est, se perdre en vaines parades n'aurait fait qu'éparpiller une énergie déjà en bout de course au même titre que celle de son antagoniste. Ce serait faire trop plaisir que de lui accorder cette fleur. Alors même si cela devait signifier une blessure profonde à l'épaule, celle-ci guérirait comme toutes les autres avant elle. Qu'importe. C'était un maigre prix à payer pour prendre l'avantage. Tout deux ne concédaient pas à céder le moindre pouce de terrain mais il allait bien le falloir maintenant que leur duel au sommet touchait à sa fin. Car aussi passionnant soit-il, leur ressource, aussi disproportionnée soit-elle, avait ses limites. Et à force d'en faire des lames supplémentaires à entrechoquer, leurs auras s'étaient épuisées prématurément, leur gabarit n'aidant pas à ménager les belligérants. Rien n'était joué, mais un vainqueur allait devoir être choisi. Et pour rien au monde Zeta ne baisserait les bras. Pas maintenant. Pas si proche de la victoire. Rendre les armes et en rester là après une lutte si acharnée aurait été un affront. Et si le marteler de coups était un pur plaisir, Aukoti ne méritait pas pour autant qu'on lui crache au visage de la sorte, surtout sachant qu'un tel comportement n'avait jamais été dans la nature du colosse.
À peine égrenée, les dernières secondes émergèrent en sa mémoire...
Tout cela était proprement irréel et c'était bien ce qui l'enthousiasmait. Tout deux semblaient nanti d'un potentiel encore plus infini que celui possédé au départ et tout ce qui pouvait inhibe leur puissance n'était plus. Au contraire, tout était fait pour sublimer cette force incomparable et la mener à un dangereux paroxysme dont les vestiges de la salle ressentaient déjà les effets plus souvent qu'à leur tour. Ce n'étaient déjà plus que des ruines, et pourtant le coup de grâce n'avait pas encore été porté. Et férocement, ils allaient continuer à s'entretuer jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un, celui à qui incomberait l'insigne honneur de remettre Héphaïstos à sa place en leur nom à tous les deux. Et pas une seule seconde Sköll n'avait envisagé de ne pas être celui-là. Fort de cette volonté de fer, il avait plongé la main dans les débris du bouclier pour toucher de plein fouet et mener à bien une offensive qui avait toutes les chances d'être décisives. Mais même cela n'avait pas pas suffi à le terrasser. Ses plaies étaient d'une gravité sûrement sans précédent pour l'Alpha et cela fit sourire le champion des terres gelées de toute ses dents. Ce n'était pas donné à tout le monde de détenir un tel record et pour tout dire il en retirait une grande fierté, alors que le travail n'était pourtant pas fini, bien que proche de l'être.
Et maintenant...
Par réaction en chaîne vis-à-vis de celle soulevée par le Dragon Noir, plusieurs colonnes de lave s'étaient mises à émerger de toutes parts, réduisant à néant les efforts précédents du Tigre Viking pour couvrir de gel ces étendues ardentes. Qu'à cela ne tienne, ils n'avaient plus besoin de ces lopins de terre pour très longtemps. Ce n'était l'affaire que de quelques coups et enfin le résultat leur serait connu, et ne serait pas beau à voir quoi qu'il arrive. Tout deux étaient déjà grièvement blessé, et ce n'était pas parti pour aller en s'améliorant. À son instar, son semblable possédait un sort aux vertus curatives qui l'avait modérément remis d'aplomb, mais c'était une goutte d'eau régénératrice dans l'océan de sa douleur, qui ne tarderait pas à être alimenté à nouveau. Et si l'armure à l'image de Fafnir n'était plus au mieux de sa forme elle non plus, on pouvait en dire autant de la sienne. Parcourue d'entailles de toutes parts, parfois même de fractures béantes engendrées par les mouvements des lames d'Aukoti en son sein, la GodRobe d'ébène n'avait plus aussi fière allure qu'au commencement. Le nombre de fissures qui y serpentaient n'indiquait rien de bon, et très probablement aurait-il à en quémander la réparation aussitôt rentré au bercail. La régénération naturelle dont elle était capable ne pallierait pas des dégâts de cette ampleur, du moins le pensait-il. Mais ce présent divin avait surpris plus d'une fois et pouvait réitérer l'exploit, même si rien n'était moins sûr.
Fichée dans son épaule, la lame déjà vermeille de Garnet luisait d'une couleur plus lugubre qu'à l'accoutumée. Enfoncée jusqu'à la garde, sa pointe avait transpercé la chair, les muscles et les os sans distinction pour ressortir de l'autre côté, sans toucher de point vital. Mais le point d'impact avait été choisi avec minutie, car ce serait une gêne supplémentaire pour la suite. Son bras aurait beaucoup plus de mal à se mouvoir maintenant que son articulation était inutilisable en apparence. Néanmoins, pour la seconde fois, Sköll venait d'arrêter le geste de son opposant et s'apprêtait à lui rendre la monnaie de sa pièce. Avec perte et fracas, le poids effarant de Fenrir toucha le sol tandis qu'une brusque rotation arrachait la Star Sword des mains de son propriétaire. En échange, ce fut à un coup de poing en plein visage auquel il eut droit. Si son casque l'avait protégé précédemment, volant en éclats sur le coup, ce ne serait cette fois plus le cas. Si son nez ne se brisait pas instantanément à sa rencontre avec les phalanges du géant, ce ne serait que pure chance étant donné que sa force physique dépassant l'entendement n'avait souffert d'aucun dosage. Sans laisser à son frère d'armes le temps de se reprendre, le Fauve Noir esquissa un coup de pied circulaire qui faucha les côtes de sa proie dans le seul et unique but de les concasser, et dans la foulée de le repousser à bonne distance. Ce faisant, le smilodon lui-même prit du recul avant d'ôter de sa plaie béante le fer surnaturel qui l'avait poignardé avant de le briser de sa poigne de fer. Quelques flexions des doigts assurèrent à leur propriétaire que ceux-ci ne souffraient pas de ses contusions. En revanche, en essayant de faire rouler son bras dans son axe, la grimace que lui arrachèrent ses sensations furent plus explicite que toutes les explications du monde. Sectionné jusqu'à l'os. Soit...
« C'est bien la première fois qu'on réussit à me péter le bras. Par contre, tu m'excuseras mais je compte pas te laisser continuer, c'était juste un petit cadeau qui t'accompagnera en Enfer en échange de la victoire que je vais t'arracher. J'espère que tu apprécies l'attention, ma bonté me perdra ! »
Un geste rude mais précis arracha son épaulette de toute façon inutilisable pour la jeter au loin, avant d'en faire de même avec la seconde dans un souci de symétrie et de facilité de mouvement. Un filet de sang venait rougir son biceps droit. Fort heureusement, le côté touché n'était pas celui de sa main dominante et sa force de frappe ne s'en retrouverait pas trop affaiblie, tout au plus déséquilibrée et manquant de précision. Le plastron, déjà broyé en de multiples endroits, fut également ôté sans plus tarder pour découvrir son torse nu et sa peau basanée sur une surface d'autant plus importante que cette nudité partielle ne faisait que le rendre plus impressionnant. Sa musculature était invisible tant que sa cuirasse le protégeait mais ce n'était maintenant plus le cas, et son homologue avait maintenant la liberté de constater que sa réputation n'était pas usurpée. Aussi nombreuses que soient les éraflures en tous genres parcourant sa chair, pas une ne s'y était gravée pour de bon en tant que cicatrice. Peut-être serait-il le premier à y ciseler sa route, mais la force de la nature ne le laisserait pas faire sans se battre aussi férocement qu'ils l'avaient fait jusque là.
Englouti par un courant marin, puis roué de coups et finalement criblé d'entailles... On ne pouvait pas dire que son bourreau y allait de main morte mais l'inverse était également vrai. Preuve en était de sa vaillance largement entamée quelques secondes plus tôt encore, et même si la dénommée Turquoise avait volé à son secours, ce n'était pas ce qui allait lui rendre ses forces perdues dans leur intégralité – et c'était tant mieux. Tout au plus cette aide providentielle l'aiderait-elle à tenir quelques assauts de plus. Malheureusement, l'endurance n'était plus à l'ordre du jour. Il apparaissait clairement maintenant que ce ne serait plus qu'une guerre psychologique. Une opposition stratégique qui ne prendrait fin que quand l'un d'entre eux obtiendrait le moment opportun pour placer une dernière attaque et en finir grâce à elle. Pour cela, une fois encore, ils allaient devoir remonter au front et lutter pour défendre ce territoire qui n'était définitivement pas assez grand pour eux deux. Il n'en resterait plus qu'un... Intimement, Sköll avait la conviction que ce serait un jour le cas en Asgard également, mais n'en dit mot. Cela pouvait attendre.
À son tour, son cosmos se liquéfia pour n'être plus qu'une onde aquatique qui vint envelopper ses meurtrissures les plus graves. La majorité des estafilades à portée furent gommée et les mutilations disparurent sans laisser de traces, ou presque. Tout comme son interlocuteur un peu plus tôt, il venait de s'assurer de continuer dans les meilleures conditions. Défait d'une bonne partie de sa cuirasse, cela ne remettait cependant nullement en cause son statut de représentant terrestre d'Odin. Car même s'il ne figurait plus sur son torse, son Saphir luisait de mille feux, faisant écho à la détermination de son maître même si la pièce d'armure où il était encastré gisait maintenant sur un sol en voie d'extinction. Agitée par l'évasion spectaculaire d'Aukoti, qui avait l'espace d'un instant été son prisonnier, la mer de lave menaçait de digérer à tout moment cet ultime champ de bataille. Il allait falloir faire vite s'ils ne voulaient pas devoir continuer dans les airs sans espoir de reposer le pied à terre sans que celui-ci ne soit consumé en un claquement de doigts. Et à l'évidence, ils n'avaient pas besoin de cela, ayant déjà chacun bien assez d'épines dans le pied à leur goût. Quoi de plus naturel.
« Je crois qu'on en a assez fait pour l'échauffement, on va pouvoir s'y mettre sérieusement. 'me dis pas que t'as déjà donné tout ce que t'avais ? Moi, je fais que commencer... »
Fanfaronnade inutile puisque son état était révélateur. La symétrie des dégâts subis était univoque. Mais si cela pouvait aiguillonner leur frénésie, il s'en donnerait à coeur joie, et ne doutait pas que son camarade en ferait de même pour des raisons rigoureusement identiques si l'occasion lui en était donnée. Cette ultime provocation lancée, Sköll se précipita droit sur sa cible, ramassant au vol son arme de prédilection sur le sol que celle-ci avait fracturé sous sa masse. Aussi surprenant que cela puisse paraître, au moment d'arriver au contact, le chasseur choisit plutôt d'abaisser subitement son centre de gravité et de se pencher pour mieux empoigner la face laissée à découvert qu'il visait depuis le début. À l'aide d'un essor qui ne pouvait que s'inscrire dans la lignée de toute cette démesure, il empoigna à pleine main le visage d'Aukoti et tenta de lui écraser le crâne contre le sol. Malheureusement, si tout deux touchèrent terre comme prévu, son poids n'eut pas le temps de faire son œuvre et de réduire ledit crâne à l'état de pulpe sanguinolente, comme convenu. Que ce soit par réflexe ou par souhait, le pied de son compatriote venait d'heurter les séquelles laissées par le coup en croix qu'il avait lui-même porté lors de sa dernière contre-attaque, touchant de plus à l'abdomen. Le souffle coupé, le carnassier n'eut toutefois pas à rassembler ses esprits.
Sa lucidité ne céderait pas pour si peu. Soutenu par cette dernière, il exécuta une rotation sur lui-même une fois dans les airs avant de laisser retomber le tranchant de Fenrir à vive allure dans l'intention de fendre cette tête et sa moue arrogante, et plus si affinités. Mais ce coup de taille ne rencontra que la pierre pour toute victime alors que son partenaire roulait de côté pour mieux l'éviter. En revanche, la fatigue se faisait sentir et sa fuite n'eut pas la célérité escomptée : c'est tout naturellement que sa cuisse s'en retrouva tailladée en beauté, une gerbe écarlate soutenant la réussite de ce coup d'éclat. Désireux de poursuivre dans sa lancée, le Tigre d'Obsidienne revint à la charge sans perdre de son mordant et se retrouva une fois de plus à croiser le fer avec son vis-à-vis, un rictus mauvais déformant ses traits alors que n'importe qui le voyant pour la première fois aurait pu s'attendre à le voir rugir tel le prédateur naturel qu'il était. Un jeu d'esquive se lança alors d'un commun accord, sans concertation aucune, tout deux se penchant de côté et redoublant d'adresse pour ne pas être victimes d'une mauvaise coupure. Un spectacle de toute beauté, mais où rien n'était plus mirifique que les heurts répétés de leurs lames qui, à chaque choc, entrainaient la naissance d'une gerbe d'étincelles chatoyantes enflammant l'atmosphère d'une tension qu'elles matérialisaient. Une démonstration d'escrime de haute volée où pas un n'aurait pu mettre son grain de sel sans finir irrémédiablement découpé tant chaque geste était calculé avec une précision infernale.
Cette fois, pas de brisure : le choc fut tel que toutes les lames se repoussèrent mutuellement. Mais c'était là la faille dont il avait besoin et il s'engouffra dedans sans crier gare. Cette brèche était tout ce dont il avait besoin. En un éclair, il fut hors de portée, expédié dans les airs par un bond démentiel qui laissa penser une seconde que la gravité venait d'être annihilée pour la seconde fois et que même sa lourde carcasse pouvait léviter sans problème.
Mais tout ce qui monte finit par redescendre et, tout surhomme soit-il, il ne fit pas exception à la règle. Seulement, son tranchoir venait une fois de plus de s'emparer de la quintessence de son pouvoir et se tenait prêt à assumer la responsabilité de remettre le triomphe en main propre à l'un d'entre eux. Il n'y avait plus de place pour la parole et le volcan lui-même s'était tu, retenant son souffle dans l'expectative d'un dénouement aussi poignant que l'avait été ce pugilat franchissant de plein pied les frontières de l'imagination et de la raison pour altérer jusqu'à la réalité elle-même en en modifiant les lois à leur convenance. Le cosmos avait fait d'eux des dieux avant qu'ils ne méritent d'être des hommes. Et en tant qu'hommes, ils étaient mortels. Le moment était venu pour l'un d'entre eux de se rappeler de cette vulnérabilité et de mettre fin à tout cela en s'avouant vaincu sans quoi le linceul mortuaire ne tarderait pas à s'abattre tout comme Fenrir était sur le point de le faire, auréolée d'une trombe aqueuse dont la couleur azurée n'avait rien à envier à celle d'un ciel où l'on pourrait nager librement...
Pourquoi combats-tu? Cette question revenait encore et toujours. Plus Aukoti se la posait, plus il en découvrait la profondeur infinie qu'elle semblait recéler. Il l'usait à outrance, pour lui, pour les autres, s'attendant toujours à y trouver la réponse qu'il cherchait et toujours en y trouvant sujet à déception. Pourtant, à cet instant et en ce lieu, face à l'adversaire phénoménal que constituait Sköll, cette question ne se posait pas, tout simplement parce qu'il sentait déjà connaitre la réponse. Ce sentiment de confiance et de force qu'il ressentait sans pour autant pouvoir le décrire semblait lui souffler à l'oreille de quoi balayer tous ses doutes. Peut-être était-ce parce que le Dragon et le Tigre étaient semblables... Pourquoi combats-tu? Pour voir demain se lever.
Le bras de l'Alpha s'était abattus sans tremblement ni hésitation. Il avait visé la colonne vertébrale, voulant trancher le corps de son adversaire de l'épaule à la hanche d'un seul coup. A ce stade-là, il ne pouvait plus ménager sa cible ni se permettre la moindre incartade au risque de voir la victoire lui échapper. Pourtant, malgré la vitesse prodigieuse à laquelle il avait accomplis son Double Accel, l'instinct de Sköll était de toute évidence parvenu à lui dicter la marche à suivre pour contrer cet assaut éclair. Mouvant son corps avant de recevoir ce coup meurtrier, Sköll était parvenus à opposer son épaule plutôt que son dos à la lame de Garnet qui y avait mordus sans modération, broyant chair et os comme s'ils n'avaient été que beurre. Les résistances conjugués de l'armure et du corps de Zeta surpassèrent néanmoins une nouvelle fois les prévisions d'Aukoti, et la Star Sword s'y retrouva coincée sans qu'il soit possible de l'en déloger. Tenter la manœuvre fut de toute manière chose impossible pour le leader des Godwarriors, puisque la garde de son arme lui échappa des mains à peine le coup porté. Le corps massif du géant avait pivoté avec une vitesse foudroyante autour de son arme encastrée dans le sol pour se retourner face a lui et lui écraser un poing herculéen en pleine figure, déformant son visage à l'impact. Sans laisser le temps à l'Alpha de répliquer, l'immense jambe du Fauve vint s'écraser sur ses côtes, l'envoyant comme un vulgaire sac à viande s'écraser au sol après un vol plané d'une vingtaine de mètre.
L'intensité sans commune mesure de la contre-attaque de Sköll ne laissa pas l'épéiste indemne, celui-ci peinant à se redresser pour reporter son regard vers le Fauve qui s'était replié plus en arrière. Le sang battait comme jamais à ses tempes et sa chair le brulait là où la frappe de son adversaire l'avait heurté. Les douleurs dans son buste indiquaient plusieurs côtes fracturées, voir cassées. La moitié de son visage était en sang et le reste de son corps ne valait guère mieux. Pourtant, au milieu de toute cette douleur et de toute cette fatigue qui l'accablaient, une étrange lucidité avait envahit l'esprit d'Aukoti, comme si ses sens s'étaient éveillés à un nouveau niveau. Qu'importaient ces sensations violentes qui l'assaillaient de toutes parts, car elles n'entamaient en rien sa volonté de continuer à avancer vers l'issue de ce combat, vers demain, vers l'avenir. Et le prochain pas à faire était d'envoyer Zeta au tapis, même si cela signifiait annihiler jusqu'au moindre éclat de son étoile.
Une légère pause s'installa dans le rythme endiablée de leur symphonie meurtrière, durant laquelle chaque partis repris la constance de sa respiration et eut le loisir de constater son propre état ainsi que celui de son adversaire. Comme une accalmie avant que le plus fort de la tempête n'atteigne son apothéose, une légère brise en provenance de l'extérieur de l'Etna souffla sur le champ de bataille dévasté, apportant un brin de fraicheur dans cette étouffante atmosphère. Les mots volèrent en d'ultimes provocation avant que ne commence l'acte final du carnage, et les mots du Fauve Noir firent naitre un étrange écho dans la poitrine de l'Alpha. Ô combien de fois les avait-il entendus, ces prévisions de mort imminente? Pourtant, cette fois-ci, il pouvait sentir que jamais elles n'allaient être aussi proches de se réaliser. Tout cela ne dépendait plus d'eux, désormais. L'abandon n'était plus permis depuis longtemps, ils ne pouvaient plus qu'avancer pour constater de leur propre yeux ce qu'engendreraient l'infinie destruction que provoquait le maelström de leur rencontre.
« Cesse de vendre ma GodRobe avant de m'avoir tué. Plus que ta bonté, c'est ta trop grande loquacité qui risque de te perdre, Sköll. Je m'en voudrais d'être déclaré vainqueur grâce à la mouche qui passera par ta gueule et t'étouffera... »
Qu'importaient les bras cassés, les lames brisées et les mots envolés. Un seul d'entre eux resterait debout à la toute fin, et ce serait lui qui aurait le dernier mot.
Sköll avait brisé Garnet et retiré son armure comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire ornement. A présent torse nu, toute sa puissance physique pouvait s'exprimer et, malgré toutes les blessures qu'il avait reçu, réunir suffisamment de forces pour retourner à l'assaut en récupérant au passage Fenrir. Si ses plaies superficielles avaient été refermées par une technique de régénération aux effets assez semblables à ceux de Turquoise, il n'en était rien de ses blessures les plus critiques à ce que pouvait en juger l'œil expert d'Aukoti. Autour d'eux, la roche en fusion qui avait un temps été repoussée par les flots de sa Star Sword aquatique revenait à l'assaut comme pour récupérer ce qui lui revenait de droit. Tout, décidément, semblait enclin à en appeler au grand dénouement, de leurs corps jusqu'à l'Etna lui-même. Mais ils n'avaient pas encore volé assez haut pour ça.
Alors que l'impact était imminent et la lame affamée de Fenrir prête à le déchiqueter, Aukoti n'avait toujours pas rappelé lui l'une de ses lames. Trois avaient déjà été détruites, et pourtant la puissance de son aura n'avait en aucun cas diminué. Au contraire, il semblait que son Cosmos se libérait avec de plus en plus d'intensité. Et c'était effectivement le cas, car en détruisant ses Star Swords, Sköll avait fait l'erreur de croire qu'il brisait la source de la puissance de l'Alpha, alors qu'il s'agissait en fait de ses scellés. Il ne faisait en réalité que libérer plus la puissance qu'elles étaient supposées retenir. Par conséquent, lorsqu'une vague d'énergie se dégagea pour repousser l'arme de Zeta, ce ne fut nullement une secousse issue d'un Cosmos déclinant qui le heurta de plein fouet mais une véritable onde sismique. Le Fauve parvint cependant à en réduire l'impact en s'abaissant au ras du sol et, étendant son bras gigantesque, lui saisir le crâne pour l'emporter dans son élan jusqu'à lui faire heurter le sol dans un choc qui fit trembler les restes de l'arène. Sans doute ce coup aurait-il pu être fatal si Aukoti n'avait eu le réflexe salvateur de frapper le torse dénudé de son ennemi pour le repousser grâce à la force du Cosmos qui parcourait sa chair. Sauvé cette fois-ci mais bien loin d'être hors de danger, l'Alpha vit venir le nouvel assaut aérien et eu tout juste le temps de rouler sur le côté pour éviter de voir son crâne fendu en deux et sa cervelle éclabousser la roche volcanique qui les entourait. Cependant, sa roulade n'eut pas la célérité nécessaire pour se défaire de la mâchoire du tigre qui se referma sur sa cuisse, y traçant une longue et profonde balafre. La grimace de douleur qui se peint sur le visage du Godwarrior se mua cependant bien vite en mine résolu lorsqu'entre ses paumes vint se masser le Cosmos le plus meurtrier qu'il avait utilisé jusque là.
« Star Sword : Diamond ! Onyx ! »
Une lame noire et une lame blanche vinrent bloquer le tranchant de Fenrir dans un choc qui résonna jusqu'aux fondations de l'Etna. Ni les armes ni les hommes ne cédèrent. Tous choisirent de lutter de toutes leurs forces sans faillir face à l'autre et au final ce ne fut que d'un commun accord passé par le regard ardent des deux opposants que chacun fit un pas en arrière, pour relancer de plus belle l'affrontement onirique.
Tout observateur de la scène vous l'aurait alors dit : plus qu'un duel au sabre, le combat était dés lors devenus une tempête. Oui, une véritable tempête où l'on ne pouvait distinguer ni guerriers ni lames au beau milieu de ces mouvements dépassant de loin toute perception humaine. Le tonnerre était le choc de leurs épées, une bourrasque naissait de chacun de leur mouvement et le sol tremblait à chacun de leur pas. Du centre de l'arène jusqu'aux restes des gradins qui vibraient au rythme de leurs échanges, tout l'espace autour d'eux semblait s'écraser par la seule tension qui découlait de leur lutte. Plus qu'un affrontement guidé par les Dieux et le Destin, il s'agissait bel et bien ici de la naissance d'une légende en ce lieu éloigné du regard de tous. Oui. Juste une naissance. Rien de plus.
Lors d'un assaut dont la violence dépassait tout entendement, chaque gladiateur se retrouva repoussé dans une direction opposée. Mais contrairement aux multiples percussions qui avaient eu lieu lors de cet échange mémorable, Sköll ne se jeta pas de nouveau dans la mêlée et préféra prendre appuis pour, d'une impulsion, s'élever dans les airs au-dessus de la zone de combat. Aukoti sentit les pulsations de son cœur s'accélérer. Dans les hauteurs, son adversaire était en train de masser tout son Cosmos dans son sabre pour lancer une seule et unique attaque, la dernière, l'ultime qui marquerait le commencement de leur fin à tous les deux. Devant ce déploiement d'énergie astrale qui balayait d'un revers tout ce qu'il avait imaginé et qui risquait à tout moment de le broyer sous la pression, un étrange sentiment de joie s'empara du cœur de l'Alpha. Il venait de le sentir, d'avoir sa réponse et de voir son espoir se concrétiser. Et a à présent, il jubilait.
« Intéressant! Dans ce cas... »
« Star Sword : Gungnir ! »
Alors que Sköll lui aussi annonçait le nom de son attaque mortelle et commençait à retomber pour le réduire à néant, Aukoti croisa au-dessus de lui Onyx et Diamond. De cette union de ses deux lames les plus pures, issues du plus profond de son cœur, émergea un éclat aveuglant porteur d'un Cosmos aussi dévastateur que celui de l'Alkaid Glaive. Les autres Star Swords encore intactes ainsi que les fragments de celles qui avaient été brisées apparurent autour du Guerrier d'Alpha et convergèrent en ce point de quintessence de sa puissance, tournant autour de lui de plus en plus vite jusqu'à toutes fusionner dans une implosion. Elles formèrent entre ses mains une longue forme brillante et vibrante concentrant toute la Cosmo-énergie d'Aukoti. La lance d'Odin, Gungnir, semblait luire d'une lumière surpassant celle du soleil et tourner sur elle-même à la manière d'une vrille, prête à transpercer tout ce qui entrerait à son contact. S'élançant dans les airs à la rencontre de Sköll, l'Alpha se prépara à porter son coup... Puis ce fut l'inévitable.
Le souffle qui balaya autour d'eux roches, gradins et magma fut sans nul doute digne du Big Bang dont il était l'ultime représentation. Une explosion inégalée était née de la rencontre de Gungnir et de Fenrir, et loin de se consumer dans l'instant, elle se prolongea dans montrer le moindre signe d'épuisement. Suspendus dans les airs, à l'épicentre de ce dégagement surnaturel, Sköll et Aukoti se dévisagèrent par-dessus le flamboiement aveuglant de leurs armes. Le Ragnarök qu'ils avaient fait naitre n'était à cet instant qu'un détail sans importance dans leur lutte de volonté. Car c'était bien leur volonté qui ici allait décider de leur sort, et nul Cosmos, Dieu, arme ou tactique. Juste eux et la volonté qui habitait leur âme. Juste les essences pur de leur être, qui même si elles se rapprochaient ne seraient jamais tout à fait les mêmes.
A présent, l'Alpha savait que l'espoir qu'il avait placé en son compatriote serait le bon. Il avait confié à Ceridwen l'espoir qu'elle ait un jour la force de se dresser face à lui. A Sköll, se serait l'espoir de le voir un jour capable de se dresser à ses côtés.
Le point de contact entre Gungnir et Fenrir, source de ce déchainement cosmique, ne cessa de gagner en intensité jusqu'à ce que finalement son éclat atteigne un seuil critique. Dans une onde de choc qui réduisit tout autour d'eux en poussière, leurs Cosmos s'unirent et explosèrent, brisant armes, corps et armures. Dans ce chaos où il sentait tout son corps partir en morceaux, Aukoti vit au loin Sköll se faire distordre de la même manière que le sien par la puissance de l'explosion. Ainsi donc, c'était de cette manière que cela se terminait? Une égalité où tous deux seraient balayés par la force de leurs propres Cosmos?
Non! Pas encore!
« Monochrome ! »
A l'instant de choc, juste lorsque leurs esprits allaient tous deux voler en miettes, Aukoti trouva la ressource de projeter toute sa volonté dans l'âme-même de son adversaire. Le heurt de leurs attaques avait pendant une fraction de secondes ouvert une faille vers le subconscient de Sköll. A cet instant précis, il avait été vulnérable à n'importe quelle attaque psychique de l'Alpha. C'était maintenant! Il devait utiliser toute la force de son illusion pour briser la volonté de Zeta à la soruce de celle-ci.
A l'invocation de son Monochrome, Aukoti avait figé pour Sköll le temps autour d'eux. Devenus uniformément noir et blanc, comme dans une vieille image photographique, les deux Ases se retrouvaient prisonniers de leurs propres corps. Enfin, pour la victime de l'attaque au moins. Seul le Godwarrior qui avait lancé l'attaque se redressa finalement, dans les airs, et tendit ses paumes sur ses côtés dans une étrange posture. Toutes les ombres et ténèbres du monde autour d'eux commencèrent alors à se masser dans ses deux paumes en décrivant un mouvement en spirale sans jamais cesser de croitre pour former au final la forme obscur d'un symbole bien connus des guerriers du Cosmos qu'ils étaient. Une Galaxie. Ou plutôt deux.
Le regard terrible lancé à Sköll par les yeux dorés de l'Alpha laissait aisément deviner ce qui allait suivre.
Dans un cri démentiel, Aukoti lança les deux galaxies noires comme des projectiles dirigés droit sur le Fauve figé. Dans une course folle détruisant l'espace autour d'elles, elles tournèrent de plus en plus vite pour finalement se rencontrer et écraser le Guerrier de Zeta entre elles sous leur incommensurable masse. L'explosion qui en découla dépassa tout ce que l'imagination humaine pouvait créer. Le corps de Sköll fut détruit au niveau atomique, lui causant une souffrance défiant la logique elle-même. Mais cela ne s'arrêta pas là. D'un signe de la main, Aukoti fit s'écraser les forces astrales issues du choc des galaxies pour les compresser autour de l'emplacement où, quelques secondes plus tôt, se trouvait le Guerrier de Zeta. Le corps de Sköll s'y reformait miraculeusement, par la seul volonté de celui qui manipulait cette réalité fictive. Cependant, autour de lui, ce fut un Trou Noir qui se forma par l'écrasement de la masse des galaxies, l'engloutissant particule par particule et pliant les lois de la physiques auxquelles obéissait son enveloppe de chairs. Au cœur de ce terrible phénomène cosmique et soumis à une torture qu'aucun humain ne pourrait jamais expérimenter, le colosse Asgardien fut annihilé alors même que son corps se reformait encore et encore... Et le cycle se répéta, sans jamais trouver de fin, piégeant Sköll dans sa propre tête et le soumettant à un tourment éternel jusqu'à ce que sa volonté de combattre éclate en morceaux selon le vœu de l'Alpha. La silhouette d'Aukoti tourna le dos à la sphère obscure où était piégé son adversaire et s'apprêta à retourner le monde réel où guère plus d'une seconde ne devait s'être alors écoulé.
« Dans le chaos de ce néant originel, sans jamais connaitre le repos, brise-toi et éclate en morceaux! »
Dernière édition par Aukoti le Mer 4 Mai - 16:29, édité 1 fois
Sujet: Re: [4°tournoi-Phase II] Combat 3 Mar 3 Mai - 3:24
Citation :
Attention ! le post qui va suivre contient une dose disproportionnée de Surpuissance Badass. Afin de ne pas blesser votre sens de la réalité, nous vous conseillons d'abandonner toute logique avant de commencer la lecture.
Ils étaient l'étincelle qui met le feu aux poudres. La flamme enragée que nul ne contrôle. Le bras qui agite en aveugle l'épée du destin et la lame de celle-ci. La pointe destinée à percer les cieux vers des lendemains où les attendait un ciel plus pur et un devenir plus clément.
Mais pour l'heure, la lutte faisait rage et n'était pas prête de s'achever. Du moins, cela aurait pu être le cas si tout deux n'avaient pas décidé d'un regard de connivence d'abattre leurs dernières cartes pour donner lieu au dénouement tant attendu. Ils n'auraient qu'une chance de prendre l'avantage et devraient alors s'y tenir de toutes leurs forces pour ne pas être détrônés aussitôt et s'en aller vers une victoire assurée. L'heure était venue de se reposer sur leurs acquis et d'enflammer leurs dernières ressources pour se jeter dans une guerre mortelle d'une violence sans fin. Reprendre en main les rênes de leur destin. Tout deux étaient des soleils noirs au crépuscule de leur vie sur le point de n'être plus que des novas étincelantes qui parcoureraient une ultime fois des années-lumières en de chatoyantes fractales avant de s'éteindre pour n'être plus qu'un souvenir ténu dans l'existence d'une humanité. Corrompus et possédés, complètement aveuglés... Ils auraient pu l'être mais avaient choisi de voir la vérité en face et de continuer malgré cette prise de conscience. Peut-être étaient-ils les prisonniers d'un cycle infernal défini par un Héphaïstos à la curiosité cruelle, mais ce combat n'était du fait que de leur désir propre, de leur orgueil. Pas un ne fuirait. C'était écrit. Pour le meilleur comme pour le pire, dans l'allégresse et dans l'opprobre... Ils étaient maîtres de leurs destins, capitaines de leurs âmes.
Désagrégé à l'échelle moléculaire, Sköll n'était plus qu'une notion abstraite, une masse quantique informe et départie de toute présence physique. Tout ce qu'il restait de son essence vitale était là, à se perdre dans le vide incommensurable où l'avait sournoisement emmené l'héritier de Siegfried. Même son mental d'acier n'était pas été une forteresse suffisante pour endiguer cette persuasion somatique qui avait fait de son corps un amas de chair inerte alors que son âme s'était désincarnée pour se dissiper dans l'atmosphère dans leur monde réel, celui qui s'était tant et tant fracturé sous l'ampleur prise par leurs échanges de coups de haute volée. Son esprit n'était plus, dispersé aux quatre vents par une illusion qui avait anéanti d'un claquement de doigts l'ensemble de ses sens pour ne laisser qu'une carcasse tout juste apte à respirer pour que ses fonctions vitales ne cessent point. Une fin pitoyable pour un homme remarquable. Mais... Était-ce vraiment ainsi que tout cela devait s'achever ? Est-ce qu'une victoire aussi amère et sujette à controverse pouvait vraiment être le dernier chapitre de cette épique dualité ? Non ! Ce devrait être une victoire nette et sans bavure. Ces pages n'étaient que celles de l'antépénultième, écrites à la va-vite par une main fatiguée de narrer avec grandiloquence ce que même les mots ne pouvaient décrire sans que cela ne fasse bien pâle figure comparé à la véracité des faits.
Aucune âme ne s'y trouve, et pourtant la vie l'habite. Le cosmos qui semblait avoir disparu revient sur le devant de la scène, plus corrosif que jamais. Dans l'infinité glacée des confins de l'espace, un phénomène capte les singularités environnantes pour en convertir l'énergie et l'assimiler. Ce qu'il restait de sa conscience absorbait toute source d'énergie à des années-lumières à la ronde pour en faire sa force et s'en aider afin de se redonner consistance. D'abord complexe, puis de plus en plus naturel, le flot ininterrompu de ses pensées revint tout droit du néant et songea à sa forme première. Sorti de nulle part se forma un squelette à l'ossature lourde, qui bientôt devrait s'alourdir des organes qui s'y étaient immiscés. Les couches de peau se formèrent tour à tour de même que le réseau sanguin et toutes ses fonctions vitales ne mirent pas plus longtemps à repartir comme elles s'étaient arrêtées, le dotant d'une vie nouvelle. Un esprit sain dans un corps sain, dispensé de toute avarie. Quelque peu troublé par cette expérience dans les méandres de la connaissance, dans l'étroit espace qui existe entre la vie et la mort, il leva la main à hauteur de son visage et dicta quelques flexions à ses doigts pour s'assurer de sa motricité, qui réussit à le satisfaire.
Nu comme un ver devant l'immensité de l'univers. Pourtant, il souriait. De ce même sourire porté tout au long de leur rencontre. De l'air de celui qui juge avec arrogance, prêt à condamner. Comme s'il avait les pouvoirs d'un Dieu et attendait Aukoti au royaume des cieux au commencement de tout. Dans cet espace-temps distordu où la raison et la logique n'avaient plus cours, qui pouvait savoir si ce n'était pas la stricte vérité ? Personne, pas même l'auteur de cette étrange dimension où aurait du être brisée la volonté de Sköll. Mais loin de l'être, elle n'en sortait que plus affûtée, survivant à la mort pour mieux tendre vers l'absence de limite de cet espace vide et froid. Néanmoins, cette peau parfaite en apparence de prime abord se fissura pour laisser ses blessures refaire surface. Pourtant, toute trace de fatigue ou de douleur avait disparu pour ne laisser place qu'à une froide détermination, sceau de toute émotion. Son caractère n'était plus qu'une flèche prête à traverser ce qui les séparait autant que l'étaient le ciel et la terre à vive et allure et à se transformer en étoile. Sa personnalité s'était changée en épée, de celles que rien ne peut arrêter et qui vont jusqu'à trancher à travers la destinée pour en modifier le cours. Le torrent de l'Histoire était en route mais le choc était tel que l'agiter au point d'en perturber le flux était un jeu d'enfant. Ils pouvaient enfin toucher le ciel, devenir éternels. Mais tout cela était vain s'ils ne donnaient pas de fin à ce duel !
« Ton monde n'est qu'une illusion, un mensonge psychique. Nos sentiments, notre haine, et même la texture de nos cheveux ne sont que des songes créés par ton esprit malade, et ta logique n'est rien d'autre que l'écho des cris de nos âmes se contorsionnant de douleur... Seules... Dans le vide et l'obscurité. Vois l'Homme, usé par ses remords et tenté par l'Absolu, et apprends. »
L'hémoglobine si abondante qu'on l'aurait crue fugitive de chacun des pores de sa peau parut alors être douée de vie. Ses gouttes se suspendirent dans l'air inexistant de la voie lactée pour ensuite se masser, entamant une danse paisible autour de leur propriétaire. Zeta était passé maître dans l'art de connaître son corps et d'en tirer parti autant que faire se peut sans que cela ne lui porte préjudice, mais tout portait à croire qu'ici, ce vice était poussé au-delà de ce que pouvaient admettre l'imagination et le bon sens. Ainsi, cette onde écarlate ne tarda pas à se muer en une vague macabre gravitant autour de lui, secouée de spasmes qui peu à peu lui donnaient forme. Puis, tout à coup, l'ensemble du liquide se mit à tournoyer avec son corps pour épicentre, le faisant disparaître de la vue de l'Alpha l'espace de quelques fractions de secondes. La tempête s'apaisa progressivement, mais son locataire ne lui laissa guère le temps de disparaître. Revigoré par son aide précieuse, le colosse était maintenu revêtu d'une armure autrement plus futuriste que celle abandonnée sur leur champ de bataille terrestre dont la solidité semblait à toute épreuve, en faisant une machine à l'égal des Dieux. Une mécanique que la conception humaine ne pouvait appréhender et à même de changer les ténèbres de l'espace en une lumière infinie.
« Je n'oublierai jamais cette minute... Cette seconde... Ce moment ! »
Le croissant de lune qui ornait son casque flambant neuf resplendit de son or massif du plus bel effet tandis qu'un masque blanc comme neige dissimulait son visage tuméfié. Cette enveloppe d'emprunt ne lui appartenait en rien mais était le plus beau cadeau qu'on puisse lui faire pour mener à bien cette confrontation héroïque. C'était un instrument entre ses mains, la plus mortelle des armes, et tout laissait penser que s'en servir ne lui posait aucun problème tandis que sa course déchirait le tissu dimensionnel comme on le ferait d'une banale pièce d'étoffe. Tout cela n'avait aucun sens, mais c'était justement ce qui en donnait à ce combat fratricide qui n'avait pas encore réussi à atteindre son apothéose. Au fur et à mesure de sa progression vers une cible déjà toute fixée, l'allure nouvelle du Guerrier Divin disparut, engloutie par une version de taille supplémentaire plus riche en armement et en dangerosité. Son pouvoir atteignait des strates inouïes tandis que ce phénomène se reproduisait à plusieurs reprises au point de réduire les galaxies jetées par Aukoti précédemment à la taille de simples jouets qu'empoigner à pleine main n'aurait requis aucun effort de sa part. Le masque de plâtre – la réelle matière était indéfinissable, mais c'était l'impression donnée – revêtu par l'Ase se déforma de même que ses traits le faisaient sous le coup d'une colère sans borne.
C'était ce qui le faisait avancer et le définissait. Le carburant de son existence et de sa soif de combat. Une haine viscérale du monde et toute la colère qu'il y portait étaient une motivation de chaque instant, le moteur de son obstination, et à sa manière ce noyau venait de l'aider à mettre les gaz pour en finir une bonne fois pour toute. Quel que soit le résultat, il n'y arriverait pas sans mal et cette aide providentielle tombait à point nommé pour l'aider à donner une fin digne à cette opposition marquée. Ce n'étaient que des pantins entre les mains d'une autorité supérieure, deux faces d'une même pièce vouées à se déchirer mutuellement jusqu'à ce que la destruction les étreigne tout deux de son sinistre linceul pour les emmener vers un horizon meilleur. Mais cette heure n'était pas venue, pas plus que celle de la capitulation, et le briseur de soleil ne pouvait que redoubler d'énergie pour mettre un terme à cette débauche d'énergie et de démesure où la folie guettait chacun d'entre eux au détour du chemin tant tout y était curieux et anachronique. La taille prise par cette gigantesque cuirasse vermillon était pharaonique et ne pouvait que laisser bouche bée, le géant lui-même peinant à cerner ce qui pouvait donner naissance à un si grand pouvoir et à cet état transcendantal de démiurge.
Spoiler:
Ce n'étaient plus des humains à présents et ils se battraient entre monstres pour savoir qui d'entre eux pourrait redevenir comme avant et se sortir de ce piège tendu par un forgeron capricieux pour qui leur rancune n'avait de cesse de croître. Mais le moment n'était toujours pas venu d'y penser, pas avant d'être sûr que ce soit le coup de grâce. Sköll arma son bras et le déplia en direction d'Aukoti, franchissant les galaxies et les trous noirs qui les séparaient sur son passage et les brisant comme verre avec une facilité déconcertante. Sa poigne crispée disparut alors pour faire place à une nouvelle tornade, qui cette fois devait prendre une forme plus pointue, plus acérée... Une seconde durant, Zeta avait songé vouloir ouvrir une faille dans ce manteau d'irréalité pour en sortir et y creuser un trou. L'illustration de ce voeu n'était pas moins qu'une foreuse aux proportions et à la puissance destructrice inouïs qui eut tôt fait de se mettre à tournoyer comme si la vie de son porteur en dépendait – ce qui n'était pas si loin du réel état de faits. L'armure s'émietta pour ne laisser qu'une forme d'énergie pure semblant issue du Dunamis lui-même, ce cosmos antique et millénaire que seuls les Dieux pouvaient connaître et posséder sans crainte. Dans le dos de ce corps spirituel à l'azur radieux flottait un étendard d'un rouge aussi éclatant et enthousiasmant que pouvaient l'être les plaques d'acier de sa version précédente. Nullement dérangé par ce changement d'apparence, le géant qui l'était maintenant plus que jamais continua sa course sans ciller...
Ce fut alors que l'énorme marionnette astrale où le Tigre Viking avait élu domicile se fragmenta couche par couche à la manière d'une poupée russe, laissant dans son sillage des représentations surdimensionnées d'elle-même jusqu'à ce qu'il ne reste plus que l'homme, le vrai, tel qu'il était à son entrée dans cette distorsion, cette zone étrange ou tout peut arriver. Son sang n'avait cependant pas dit son dernier mot et, ruisselant dans un bruit lugubre, généra une seconde perceuse qui devait englober tout son avant-bras. Tout se passa en un éclair et le torse du Dragon Noir parut imploser sous la virulence de l'impact tandis que Sköll s'entendait hurler une incantation dont jamais il n'avait eu connaissance. Puis, tout vola en éclats. La pierre du retour venait d'être jetée à travers du carreau du rêve et leur séjour dans l'inconscience fut laissé derrière eux. La scène dépeinte alors n'avait plus rien à voir avec ce qui avait pu se produire : tout n'était plus que ruines et givre, pas un degré issu de la lave ne réussissait à se faire une place dans ce paysage désolé. Et au beau milieu de tout cela, là où avait été l’œil du cyclone peu auparavant, deux êtres se tenaient, redoutant une chute prochaine dont ils ne pourraient peut-être pas se redresser.
Brisés et vidés de leur force mais néanmoins vivants et toujours prêts à reprendre là où ils avaient laissé leur différent. Cela dit... Cette fois, les choses étaient différentes. Remis de son inanition, le colosse parut sortir d'un profond sommeil. Nombre d'épées stellaires appartenant à Aukoti étaient encastrées dans sa chair et ne semblaient pas vouloir en sortir. Mais leurs couleurs à toutes avaient perdu de leur éclat, voilées par une cataracte morbide qui ne laissait rien présager de bon concernant l'état de santé de leur créateur. Quelques signes de faiblesse laissèrent entendre que même sans y toucher, elles ne tarderaient pas à s'émietter pour quitter ses plaies... Fort d'une posture triomphante, Sköll se tenait debout au milieu du cratère, dressé de toute sa hauteur. Sa main serrait étroitement la gorge d'une proie qu'il ne connaissait que trop bien pour lui avoir donné plus de fil à retordre que quiconque sur cette terre, et s'en saisir n'avait pas été de tout repos. Et c'était au bout de ce bras que sa victime devait être sur le point d'ambitionner un repos éternel. Tout au plus quelques spasmes secouaient-ils cette ombre de lui-même, gageant d'une vitalité au bord de l'effacement. Un vent de miséricorde siffla dans la vallée de l'ombre de la mort qu'était devenu ce paysage hivernal ou pas une vie ne pouvait fleurir sans être anéantie aussitôt, impitoyablement. Résolument plus calme tout à coup, le Guerrier Divin murmura à qui voulait l'entendre...
« C'est l'histoire d'un homme que le destin s'obstine à renvoyer sur le sentier de la guerre. C'est l'histoire d'un homme qui jamais ne put choisir son destin... J'ai mis ma vie en jeu pour ne plus avoir à vivre avec cette image funèbre du futur, mais j'ai beaucoup appris de cet affrontement. Le futur est ce qu'on en fait, il n'appartient qu'à nous de faire en sorte qu'il ne soit pas gravé dans la pierre. Repose en paix... »
Sujet: Re: [4°tournoi-Phase II] Combat 3 Jeu 5 Mai - 2:37
Citation :
Attention ! le post qui va suivre contient une dose disproportionnée de Surpuissance Badass. Afin de ne pas blesser votre sens de la réalité, nous vous conseillons d'abandonner toute logique avant de commencer la lecture.
Depuis le début de ce combat, la nature de la lutte acharnée à laquelle se livraient les deux Asgardiens avait été trouble et changeante. Était-ce une confrontation entre deux hommes? Entre deux bêtes? Entre deux monstres? Le combat d'une volonté humaine face à la terreur engendrée par une âme sauvage et bestiale? Une lutte pour la suprématie? Pour la survie? Pour la gloire? Nul n'aurait pu le dire, et surtout pas les deux principaux intéressés. Hommes, bêtes et monstres... Peut-être Sköll et Aukoti étaient-ils tout simplement un peu des trois à la fois, revêtant l'identité de l'un ou de l'autre selon les lieux et les situations, échangeant leurs masques pour jouer tour à tour les rôles du saint et du démon. La différence était de toute manière si infime...
Un étrange silence avait fait place dans le monde entièrement blanc crée par Monochrome selon la volonté de l'Alpha. Autour de lui, silhouette solitaire, plus rien ne subsistait en dehors de la large sphère noire qui avait engloutit le Guerrier de Zeta. Le vide oppressant qui avait succédé à la disparition du Fauve se faisait à présent sentir, tant autour d'Aukoti qu'en son tréfonds. Le monde avait de nouveau perdus sa saveur, et cet instant de couleur n'avait au final été qu'éphémère. Il avait fini par le briser. Comme tous les autres.
Dans ce monde où aucun sens n'avait rien à percevoir, il y eut une oscillation infime... Si infime que même Aukoti peina à la déceler et pensa un temps s'être fourvoyé. Pourtant, son esprit ne lui jouait aucun tour, et derrière lui une changement s'était opéré. Se retournant vivement, ses yeux stupéfaits se posèrent sur le Trou Noir qui commençait à diminuer petit à petit et se disloquer pour laisser place à un Cosmos qu'il pensait avoir intégralement effacé. A l'intérieur de cette sphère de néant, puisant dans une énergie qu'il n'aurait pas dû pouvoir contrôler, Sköll était en train de retrouver sa consistance, morceau par morceau, particule par particule. Cela aurait pourtant dû être impossible. L'illusion du Monochrome était le fait du Godwarrior d'Alpha, et son adversaire n'avait normalement aucune prise sur cette réalité qu'il contrôlait à loisir. Plus dément encore, Aukoti avait nettement senti l'esprit combattif de Zeta voler en éclats, tout comme sa volonté de vaincre et ses désirs primaires qui s'étaient vus balayés. Avec son corps réel brisé, il n'aurait rien dû lui rester pour ainsi se relever! Où pouvait-il puiser cette force capable de changer un monde en brisant ses principes les plus élémentaires?
Pourtant, il devait se faire une raison. D'une manière ou d'une autre, grâce à une force sortie de nulle part, Sköll était parvenus à prendre au moins partiellement le contrôle de l'illusion de l'Alpha. Ce dernier, une fois la surprise passée, n'aurait su dire si l'émotion qu'il ressentait alors était de la fureur ou de la joie. Alors que le corps de Zeta émergeait des ombres de sa prison en en absorbant l'essence, Aukoti ne put que le regarder faire, plissant les yeux devant ce retournement inattendu. Dans ce duel ou plus rien n'avait de sens, il se demandait encore jusqu'où ils devraient aller avant que l'un ou l'autre accepte sa défaite. S'il fallait que la Mort éprouve l'un d'eux de la lame de sa faux pour clore ce combat, alors, inévitablement, le sang coulerait. C'était une évidence. Mais en cet instant grandiose, la question se posait si la Faucheuse elle-même parviendrait à les arrêter. Au-delà de la Vie et même surpassant la Mort, nul doute que ces deux guerriers auraient pu continuer à s'affronter sans jamais reconnaitre de trêve. Un combat qui transcendait la Mort elle-même... Quel dénouement inconcevable pouvait-il réserver?
Alors que le Fauve Noir rouvrait ses blessures sans montrer le moindre signe de douleur, éparpillant autour de lui l'écarlate d'un sang qui, s'il n'était réel, représentait au moins l'être meurtris qu'était le Godwarrior à la robe ébène. Le regard impitoyable de l'Alpha se riva dans les yeux aux tons marins du smilodon dont la voix s'éleva, résonnant à l'infini dans ce vide surréaliste. S'il ne s'agissait d'une de ses ultimes bravades, il devait au moins s'agir d'une boutade destinée à lui redonner force et courage. Auto-motivation. Comme c'était primaire... Mais tellement humain.
« Illusions et réalités de ce Monde... Penses-tu être vraiment capable de trancher entre les deux sans te fourvoyer? L'ignorance est réellement une chose affreuse si tu penses être dans le vrai en affirmant une telle chose. Oui, je vais t'observer, Sköll, et peu importe ce qu'il arrivera, tu me trouveras sur ton chemin pour te vaincre avec les méthodes que tu auras choisis! »
Dans un cri porteur d'une passion dévorante, les nuées sanglantes émises par le corps du Fauve Noir se fixèrent sur son corps jusqu'à former une armure le recouvrant complètement et offrant à sa silhouette une forme mécanique aux courbes brulantes de panache. Le Géant de Métal qu'était devenu Sköll rayonnait de plus belle, laissant fuir de la Cosmo-énergie à l'état pur par toutes les jointures de son armure. Si toute la puissance que pouvait dégager la race humaine s'était incarnée en un avatar ultime à cet instant, nul doute qu'il aurait revêtit la forme de cette armure à la teinte aussi ardente que la fureur qui lui permettait de se mouvoir. Prenant son envol en laissant derrière lui une longue trace du Cosmos qui le propulsait, le Fauve s'élança sur Aukoti en déformant sans cesse l'espace du Monochrome pour ne cesser de croitre en adoptant une forme plus puissante, plus imposante. Dans cet espace où la forme physique dépendant de l'étendue de la volonté, Sköll avait obtenu un pouvoir inimaginable faisant de lui un être dépassant même les Dieux. Déchirant le temps et l'espace de l'Illusion que l'Alpha avait tissé, il volait dans une machine aussi vaste et puissante qu'une galaxie, animée par un perpétuel Big Bang en son cœur, traversant un espace infini qui le séparait de son adversaire. Mais la volonté ne serait pas suffisante pour l'emporter, car si elle seule suffisait à faire des rêves une réalité alors chacun flotterait déjà dans sa propre illusion. La réalité n'obéissait qu'à un pouvoir écrasant, face auquel la volonté n'était rien.
Alors que l'immense forme astrale de Sköll se rapprochait petit à petit, éludant la distance pharaonique que l'Alpha avait crée entre eux, la minuscule silhouette d'Aukoti, en comparaison de ce géant, se désagrégea pour devenir un corps de Cosmos pur. Cet amas d'énergie se mit à croitre de manière exponentielle, prenant en un instant des proportions comparables à celles de son adversaire. Surgissant du néant, des pièces de métal colossales à la teinte plus noire que la nuit vinrent recouvrir la forme humaine de ce Cosmos flamboyant, recopiant et altérant presque en tous points l'allure qu'avait adoptée le Guerrier de Zeta. La machinerie colossale recouvrit intégralement son créteur, ne laissant que le dos et la nuque parcourus par ce qui devait être une colonne de Cosmos concentré à l'état de flammes écarlates. A l'image du Dragon Noir qui était son emblème, Aukoti devint un symbole de puissance invincible, auquel s'attaquer était synonyme de Mort atroce. La forme couverte de pics semblables à des écailles de l'armure et la gueule béante garnie de crocs qu'elle recelait hurlaient à qui voulait bien les observer la terreur et la peur dont elles étaient porteuses. Telle était l'incarnation qu'avait choisis l'Alpha pour défaire Sköll : celle d'une machine capable de faire trembler les Diables et les Dieux.
Spoiler:
Alors que le visage d'Aukoti était dissimulé par le masque d'acier qui se referma sur lui, l'immense armure croisa les bras dans une pose brave et impérieuse alors que ses immenses jambes se plantaient fermement dans un sol inexistant. Un éclat de lumière partit de la base à la pointe de la corne qui ornait son heaume, défiant l'avancée inexorable de son adversaire, et derrière lui les flammes d'énergie cosmique augmentèrent pour s'élever tel une tempête ardente dans le ciel immaculé de ce monde à part. Devant tant de forces déchainés, ni eux ni personne nous pouvaient plus dire où se situait l'illusion, où commençait la réalité. Ils étaient là, avec leurs âmes et leurs tripes, se mettant à nus pour affronter l'adversaire et briser sa volonté pour s'élever au-dessus, encore plus haut, vers un avenir différent. La puissante voix de l'Alpha s'éleva, non pas en provenance de la colossale machine obscure, mais de tout l'univers du Monochrome en même temps.
« Pauvre fou! Tu espères me vaincre ici, dans ce lieu obéissant à ma seule volonté? Ridicule... Laisse-moi donc te montrer la douleur... La couleur du Désespoir Absolu! Je vais t'écraser avec un pouvoir identique au tien et te plonger dans les profondeurs de l'oubli! »
Alors que l'armure écarlate de Sköll fonçait sur lui en faisant apparaitre une foreuse en lieu et place de son poing et en se muant en masse d'énergie, une multitude de formes allongées jaillirent des nombreux creux qui parsemaient le corps de la machine noire d'Aukoti. Au nombre de douze, et chacun d'une couleur différente, ces torrents de Cosmos convergèrent vers son adversaire en plein vol. Ouvrant tous finalement une gueule garnie de crocs acérés, ils prirent la forme de douze Dragons d'énergie pure au cou interminable dont les teintes n'allaient pas sans évoquer celles des douze Star Swords que le Fauve d'Asgard avait auparavant brisé. Heurtant avec violence la foreuse de Sköll, il l'enserrèrent sans parvenir à en stopper la progression. Le suspens s'étendit sur quelques longues secondes lors desquelles ni les Dragons ni la Foreuse ne se disloquèrent, et ce fut au final dans un hurlement bestial que la pression exercée par les bêtes cosmiques eut raison de l'arme de Zeta qui s'écrasa et se cassa dans un grincement sinistre. Dés lors, ce fut une véritable débauche. Comme livrés à leurs instincts bestiaux, les douze Dragons se jetèrent sur l'armure de Sköll, déchiquetant ses membres, pliant comme du papier ses protections et dévorant son Cosmos entre leurs dents impitoyables. La forme de l'armure se disloqua, en dévoilant une autre, plus petite, qui fut à son tour réduite à néant en quelques instants. Ce petit jeu se prolongea encore, et encore, fragmentant en menus pièces chaque ridicule défense que voulait bien lever le Fauve pour se défendre, jusqu'à ce que...
« Qu'est-ce que... ?! »
Dans un sifflement suraiguë, les Dragons de Cosmos furent transpercés par la forme minuscule d'un Sköll en chair et en os qui se jetait, une foreuse faite de sang durcis au bras, droit dans un combat qui semblait perdus d'avance. Et pourtant, les bêtes invoqués par Aukoti se désagrégeaient les unes après les autres au contact de cette invincible vrille que rien ne semblait pouvoir stopper. Décroisant les bras lorsque le Godwarrior arriva à sa hauteur, l'immense armure noire interposa sa paume face l'impétueux Asgardien, mais rien n'y fit. Dispersée à son tour par la rotation infernale, le bras de le la machine vola en éclats et Sköll continua son œuvre jusqu'à transpercer le torse du Dragon Noir, continuant même ensuite en creusant dans du Cosmos pur jusqu'à atteindre l'enveloppe de sa cible et la traverser de part en part.
Difficile à dire ce que l'on ressent lorsqu'on sent une vrille vous perforer le torse. La douleur ressentie à cet instant par Aukoti dépassa tout ce qu'il avait jamais vécu, l'amenant durant un instant au bord de l'inconscience. Son esprit même avait été touché, ce qui réduisit l'illusion du Monochrome en miettes et les ramenant tous deux dans le monde réel, dévasté par l'explosion qu'ils avaient engendré un peu plus tôt. L'Alpha ne se rendit absolument pas compte de la transition, puisqu'à l'instant où la foreuse de Sköll l'avait transpercé il avait été empoigné à la gorge et soulevé de terre comme un vulgaire sac de détritus. Complétement déboussolé, il fallut que le jeune Guerrier Divin se concentre sur la voix de son compatriote pour finalement revenir à ses sens et comprendre pleinement ce qu'il venait de se passer. Il l'avait fait... Sköll était parvenus à le briser dans un espace qu'il avait lui-même crée. Il avait dépassé la force des douze Dragons en puisant dans une source d'énergie qu'Aukoti lui-même ne parvenait pas à appréhender. Où trouvait-il cette force? Comment parvenait-il à l'utiliser? Qu'est-ce qui le rendait si spécial? ... Les réponses à ces questions demeuraient hors de portée, et à présent l'Alpha était complétement surclassé par son adversaire qui le dominait malgré les multiples lames plantés dans son torse. Mais pour la première fois, Aukoti se disait que ce n'était pas plus mal. Jamais il ne s'était battu avec tant d'acharnement, et la ténacité dont avait fait preuve Sköll méritait cette victoire à elle seule. Pour cette fois-ci, se disait-il, il pourrait se laisser aller et sombrer dans le sommeil réparateur qu'il affectionnait tant.
Un sourire paisible s'installa sur le visage du Godwarrior d'Alpha. Oui, le futur n'était pas inscrit dans la pierre...
Même piégé dans la poigne impitoyable du destin, les rêves et espoirs qu'il avait laissé derrière lui ouvraient la voie. Même si l'univers entier lui faisait obstacle, l'effervescence de son sang lui donnait encore un force qui déterminerai ce qui serai. Même si cela signifiait mettre en jeu tout ce qui faisait de lui un être à part.
Lentement, les lames qui parcouraient les plaies de Sköll volèrent en morceaux, libérant un peu plus une puissance dormant au cœur de l'Alpha. Lorsque la dernière vola en éclat, le cristal d'Odin à la ceinture de celui-ci se mit à luire par intermittence, d'abord faiblement, puis de plus en plus fort et de plus en plus vite jusqu'à atteindre un degré d'éblouissement inégalé. Parcourus par ce Cosmos subitement révélé, la main d'Aukoti s'éleva jusqu'à venir saisir le poignet qui lui serrait la gorge et forcer dessus de son contact brulant. La voix rauque et écrasée du Godwarrior s'éleva alors, plus faible qu'un murmure, et pourtant porteuse d'une force qui brulant en lui à la manière d'un brasier.
« Ce futur dont tu parles reste encore à écrire. En gagner le droit n'est pas encore suffisant... Porte ton regard plus loin, Fauve d'Asgard. Lève les yeux, lis ce futur que tu cherches à saisir, ce changement que tu souhaites apporter. Il est peut-être plus proche que tu ne le crois. »
A présent, ses sceaux étaient brisés. Ces ailes trop lourdes pour voler allaient pouvoir se dresser vers le firmament.
Entouré d'un Cosmos plus exalté que jamais et parcourus d'une nouvelle force qu'il avait si longtemps retenu en lui, Aukoti écrasa la main de Sköll pour se défaire de sa poigne. Disparaissant dans un mouvement en tous points semblable à son Accel, l'Alpha reparus dans le dos de son opposant et lui passa les bras sous les aisselles sans lui laisser le temps ou la possibilité d'y échapper. Fermement emprisonné, le Godwarrior de Zeta ne put que constater son impuissance alors qu'une masse disproportionnée de Cosmos s'élevait autour d'eux, créant un vaste courant ascendant vers les hauteurs. Tous deux fusionnés dans un éclat digne d'une comète, ils s'élevèrent dans la vaste caverne en tournoyant sur eux-même dans un intense mouvement en vrille. Lorsque cette étoile filante heurta avec violence le plafond des arènes d'Héphaïstos, ce ne fut que pour le désintégrer et s'y frayer un passage grâce à la quantité pharamineuse de Cosmos qui la propulsait. Atteignant la surface en crevant le sol de l'Etna comme un ballon percé de l'intérieur, ils s'élevèrent dans le ciel chargé de cendres sans vouloir s'arrêter. Ce fut là, à mi-chemin entre ciel et terre, qu'Aukoti souffla un dernier mot à son compatriote avec qui il avait partagé ce moment.
« Merci de m'avoir montré... Qu'il existait encore en ce monde quelqu'un capable de soutenir ce pouvoir... Mais... Ce n'est pas encore finis pour nous... Pas encore... »
« Alephist's ... Sentence. »
Déchirant le ciel au-dessus d'eux, un immense pilier de lumière s'abattit en les frappant au vol comme une punition divine. C'était là, réunies en un seul et unique coup, que se situaient toutes les forces que pouvait libérer Aukoti à présent que les Star Swords qui retenaient le Chaos en lui étaient brisées. Dans cette lumière, malmenés par la destruction sans limite engendrée par l'attaque, leurs corps et les restes de leurs armures furent brisés et emportés par le déchainement de cette puissance libérée de toute restreinte. Le Fauve fut cependant le seul frappé par la véritable portée de cette technique, et son Cosmos lui-même éclata en de multiples fragments, de même que son énergie vitale. Lorsque l'immense projection commença à disparaitre, deux formes inertes retombèrent lourdement sur les pentes sulfureuses de l'Etna, et ne bougèrent plus suite à cela. La seule trace de l'attaque qui venait de se déchainer était cette marque d'Aleph qui était apparue sur le torse d'Aukoti, ainsi que, d'une certaine manière, ce gigantesque cratère qui s'était ouvert sur la caverne d'Héphaïstos.
Un corps brisé incapable de faire le moindre mouvement. Un Cosmos épuisé qui s'était presque intégralement échappé de son corps. Une volonté éparpillée et éreintée, tout juste capable de maintenir un semblant de respiration. Une âme sur le départ, affaiblie d'avoir trop brillé et appelée au repos au plus profond des eaux du Styx. Que restait-il à présent?
Aukoti voyait à présent, ce qui avait fait se relever Sköll. Ce qui l'avait fait se redresser alors qu'il ne possédait plus rien. La vie. tout simplement. La Vie. Cette flamme à peine plus vivace que celle d'une bougie. Sa Vie. Malmenée par une violente brise, et qui pourtant brillait plus que jamais en luttant pour ne pas s'éteindre.
Lentement, alors qu'il se vidait de son sang par, semblait-il, tous les pores de sa peau, la silhouette brisée de l'Alpha se redressa. Face à lui, au même instant, le Géant d'Asgard s'était relevé dans un état guère plus indulgent que le sien. Au dessus d'eux, les nuages de cendres se dissipaient suite à la frappe de la Sentence d'Alephist, faisant pleuvoir sur eux les rayons d'un soleil qu'ils avaient sans doute oublié depuis tout ce temps passé sous terre. Et un rire joyeux et clair s'éleva sur cette terre de roche désolée. Aukoti d'Alpha riait là, comme un enfant, en posant son regard doré d'une brillance sans pareille sur son camarade. Il était heureux. Pour la première fois depuis bien longtemps. Heureux d'avoir quelqu'un à ses côtés.
Refermant ses poings, la marque sur le torse de l'Alpha disparu. Assimilant le Cosmos et la Vie de Sköll qu'il avait récupéré et scellé en lui lors de son ultime attaque, il regagna une somme de forces ridicule en comparaison de ce qu'ils avaient dépensé jusqu'à présent, mais il n'en demandait pas plus. Sans plus attendre, il se jeta vers l'avant dans le but simple et idiot d'envoyer son poing dans la mâchoire de son compagnon. Au diable Héphaïstos et son tournois, il voulait continuer encore un peu cet échange si riche avec cet adversaire extraordinaire. Il aurait été trop dommage d'en rester là. S'engagea alors un combat au corps à corps, sans armes ni armure, avec pour seules armes que les poings des deux combattants. Pas de technique ni de stratégie. Finis les attaques grandioses. Sans se préoccuper de la victoire ou de la défaite, sans même chercher à esquiver le moindre coup, ils frappaient l'autre et encaissaient chaque coup avant d'y repartir. De nouveau, le rire cristallin d'Aukoti résonna sur les pentes de l'Etna.
Sujet: Re: [4°tournoi-Phase II] Combat 3 Ven 6 Mai - 21:39
Il n'y en avait plus. Il n'y en avait pas. Ni plus de haut, ni plus de bas. Que des sombres desseins, des fantasmes inassouvis, des soupçons inhumains, des savoirs secrets, des désirs parmi les plus enfouis. Entre eux, plus trace de cette humanité que tout deux avaient appris à exécrer pour leur ignorance et leur rejet. Du haut de sa puissance destructrice, Sköll en était le meilleur exemple, puisque même son nom était un sarcasme envers l'incompréhension du genre humain à leur encontre. La différence les condamnait mais les rendait plus forts. Qu'importe ce qu'en disent les gens. Toute trace d'inhibition avait disparu en même temps que leur cosmos et ce n'était maintenant plus qu'un combat de bêtes sauvages jetées dans l'arène, se disputant la chair du gladiateur qui très bientôt serait à portée de crocs. Le Tigre et le Dragon d'Ébène avaient été mis aux fers, prisonniers d'un cercle mi-vicieux mi-vertueux de violence perpétuelle où leurs plaies ne s'effaçaient que pour mieux se rouvrir la seconde d'après. Il n'y avait plus de mot pour décrire l'état d'effervescence qui les perdait corps et bien dans les méandres d'une extase sans bornes.
Ce combat était un paradis, un septième ciel de la brutalité où la retenue était une notion trop abstraite pour entrer en ligne de compte et ou la douleur était une motivation plus qu'une lésion. Seule une mort qui ne venait pas pourrait les arrêter. Seule l'interruption de leurs pulsations cardiaques mettrait un terme à celles qui fragmentaient le seul un peu plus à chaque heurt, chaque coup de poing donné. Tout deux avaient été au plus haut des Cieux et en étaient revenus. Tout deux avaient été au plus profond de l'Enfer et en étaient ressortis par la grande porte. Qui ? Qui pouvait encore prétendre arrêter cette prison fatale où tout deux s'étaient enchaînés de leur plein gré ? Nul ne saurait y mettre un terme sans en payer le prix de sa vie, et rien ne garantissait qu'entraîner un tiers dans ce jeu corrompu et malsain et en faire de la charpie puisse les faire sourciller.
Qu'importent le temps et l'espace. Qu'importent la victoire et la défaite. Qu'importent l'éphémère et l'éternité.
Ceci était leur utopie perdue. Leur accomplissement. Leur commencement et leur fin. Pas un ne pouvait s'immiscer dans les entrailles de ce conflit. Ce qui l'avait initié n'était qu'un murmure dans le noir que tout deux avaient depuis oublié pour se battre à la lueur des bougies de leurs convictions, brûlant sans discontinuer de la flamme de leur obstination et n'écoulant que la cire d'une énergie dont ils n'avaient plus besoin. Nul ne pouvait savoir comment leurs corps pouvaient encore tenir le choc et rester en un seul morceaux. Des os s'étaient brisés, des chairs déchirées. Leurs membres menaçaient de se rompre et de voler en éclats à tous moments tant ce pugilat dans lequel ils s'étaient lancé de concert les poussait à tirer sur la corde de ressources déjà en bout de course. Le temps et l'espace s'en retrouvaient déformé et échappaient à ces duellistes dont la bataille endiablée était avant tout psychique et se déroulait sur un plan dimensionnel différent, du moins en apparence. Toute conscience semblait avoir quitté leurs enveloppes charnelles en passe de céder sous la pression.
C'était la perpétuelle rencontre des antagonistes complémentaires, du dragon et du chevalier, du bien et du mal. Mais les rôles n'étaient pas fixés et étaient susceptibles de s'inverser à chaque feinte, chaque uppercut. Même privés de leurs armes, les coups fusaient, rythmés par le bruit du sang qui gicle et de la chair qui s'entaille plus avant. Chaque heurt, chaque impact résonnait au loin et était réverbéré par la vacuité d'un colisée qui n'en avait plus que le nom tant c'était alors un champ de ruines que même tous les efforts du monde n'auraient suffi à remettre en état. Pas même Héphaïstos ne pourrait restaurer cette part de son domaine, qui maintenant n'était plus en sa possession et échappait à tout contrôle. C'était un sanctuaire dédié à l'ordalie qui les unissait. Un lien s'était tissé ce jour et n'était pas près de s'effiler, tout au contraire : tout coup de poing touchant au but ne faisait que l'étoffer, le renforcer. Sa nature était trouble et son effet indistinct mais son existence était certaine et l’ambiguïté de ses fondements ne ferait que soulever plus de questions et les solliciter plus que ce n'était déjà fait.
Mais les mots pouvaient attendre. Et le devraient.
Le cosmos n'était plus en eux mais flottait dans l'air ambiant et irradiait de toutes parts. Une onde boréale issue de leur choc dans l'atmosphère avait envahi l'arène pour la teinter d'une kyrielle de nuances chatoyantes en changeant les décombres en une mirifique peinture. Regrettablement, ils ne pouvaient y prêter attention : tout relâchement serait synonyme de fin et de mise à mort immédiate. Ce serait un affronter de penser à quoi que ce soit qui s'éloigne du cadre de cette joute dantesque, de cet épique pugilat. Les craquements sinistres n'en finissaient plus, qu'ils soient osseux ou articulatoire, et le seul langage que puissent encore parler explicitement les escrimeurs déracinés de leur style coutumier était celui de ces poings ensanglantés qui pourtant partaient en quête d'un instant céleste à chaque nouvelle impulsion, chaque nouveau hurlement d'une rage féroce mais pourtant terriblement jouissive.
Ils étaient le bien et le mal se disputant le monde, dont ici se jouait le sort.
« L'Espoir peut détruire. Mais maîtrisé, il illumine. Mon âme continue de s'élever. Tu l'entends ? Tu entends ce cœur qui bat ? Il est traversé par le chant de l'univers, Aukoti, et celui-ci ne connait nulle fausse note. Reçois ce glissement astral. Ouvre-les yeux et vois. Vois comment je vais percer le ciel et bâtir cet avenir ! ENTENDS MA RAGE !!! »
Chaque blessure était un précepte inculqué. Chaque plaie était un souvenir transmis. C'était une école de la vie dont tout deux étaient de studieux élèves et chaque douleur n'était qu'un apprentissage de plus venant s'ajouter à une liste déjà longue et qui, à l'évidence, n'avait pas fini de s'étendre. Tout deux étaient d'appliqués enseignants et tenaient à faire passer le mot de tout ce qui circulait présentement dans leurs âmes en pleine combustion spontanée, menaçant d'exploser comme tout l'avait fait avant qu'ils n'en viennent aux mains faute de mieux. Ce n'était pas plus mal. Au moins pouvaient-il ressentir toute l'ampleur, toutes les sensations que chacun véhiculait et s'efforçait de faire apparaître à grand renforts d'une barbarie n'étant pas sans faire honneur à leurs ancêtres. Leur existence se poursuivait dans l'étroit espace qui sépare la vie et la mort. Ils étaient des guerriers au sens premier du terme et avaient vécu toute leur vie pour jouer à cela. C'était une mort et une renaissance, une fin en soi. Quand deux êtres se rencontrent, quelque chose nait immanquablement, même si ce doit être une rivalité sans nom à l'image de celle qui brillait de mille feux féeriques en ce moment-même.
Mais tout a une fin. Même et surtout les meilleures choses.
Tout partait en vrille, par leur faute. Et on comptait sur eux pour en résoudre les problèmes. C'était de leur fait que plus rien dans cette zone sinistrée et dans ce face à face n'avait de sens par rapport à l'objectif initial. Si le Dieu des Forges voulait les voir se déchirer pour son humble plaisir personnel, c'était raté, et pour cause : ce carnage n'appartenait qu'à eux et n'était de rigueur que pour eux. Toutes les règles, tous les devoirs dont on aurait pu les affubler n'auraient été que coups d'épée dans une eau bouillonnante. Le monde entier pourrait se liguer contre eux que cela ne les aurait pas inquiété le moins du monde ; si un tel pouvoir, une telle furie pouvait naître de leur opposition, inutile de rappeler que l'union faisait la force et que leurs potentiels à l'unisson et au diapason auraient tôt fait d'anéantir toute poche de résistance. Qu'ils viennent ! Jamais Asgard n'aurait connu pareille gloire qu'une fois que ses gardiens sillonneraient les champs de bataille les plus sanglants, foulant au pied les cadavres de ceux qui auraient cru bon de se mêler de cette rixe qui était à une seule un trophée pour avoir pris part à ce tournoi, dont la seconde épreuve n'aurait été pour eux qu'une escalade de fureur et de déchaînement. À tous points de vue, ils avaient été mis à rude épreuve, mais déjà se profilait à l'horizon le crépuscule de ce Dernier Jour...
« Rien ne peut arrêter la Force de la Vie, pas même la Mort. Laisse-moi faire de ce volcan un magnifique lit où tu pourras reposer en attendant que nos Dieux y voient un berceau parfait pour la vie prochaine. Nous sommes seuls responsables de notre Destin et c'est à nous d'en déterminer la direction. Nous avons le devoir et la responsabilité d'ouvrir les portes et de faire battre le ciel pour un avenir plus beau et apposer le Sceau de l'Aube Nouvelle ! Bats-toi ! Apporte-moi cet horizon sur un plateau, Alpha !! »
Ils étaient les cavaliers d'une Apocalypse, nantis de leur cosmos pour tout cheval. Et bien que désarmés ils n'en avaient pas moins le pouvoir de rappeler à eux les catastrophes les plus malveillantes des temps mythologiques, jusque et y compris le Ragnarök. Zeta tirait son prénom de l'un de ses acteurs et ne manquerait pas de tenir son rôle comme convenu, quitte à en être damné par Odin en personne à la suite de cela. Sa fidélité et son allégeance, comme tout le reste, avaient été occultés pour n'en faire qu'une boule compacte d'instinct et de soif de victoire. Dans leurs cœurs brûlait le plus ardent des brasiers, celui des hommes prêts à tout pour prouver leur valeur et dépasser leurs limites. Par croyance et par foi en eux-même. Cet aplomb et cette assurance étaient les uniques armes qu'ils aient encore en main et tout deux prenaient un malin plaisir à les manier à défaut de pouvoir compter sur ce qui avait été perdu. Fenrir elle-même n'était plus que le souvenir, le vestige d'un passé révolu et gisait au sol, brisée en deux de même que les Star Swords d'Aukoti avaient volé en éclats tour à tour. Aussi démunis l'un que l'autre, ils s'étaient lancés dans une course-poursuite au sein même de la spirale infernale qui les persuadait de continuer jusqu'à ce que le rêve se brise, alors même que l'un d'entre eux sacrifierait sa fierté dans les affres de la défaite...
« Prie pour mon salut. Le tien, c'est trop tard... »
Les coups s'enchaînaient, se suivaient et ne se ressemblaient pas. S'emparant de la nuque d'Alpha, Sköll y exerça une pression dépassant à coup sûr les attentes de sa victime et n'hésita pas une seule seconde à dresser son genou sur la trajectoire décrite par le visage de bellâtre qu'il avait pris pour cible. Tenant compte par avance d'une confusion qu'il pensait inévitable, il déplaça sa paume pour la plaquer cette fois au beau milieu du dos laissé à découvert de son acolyte et y força une seconde fois. La rotule opposée se dirigea à vive allure en direction de l'abdomen de l'incarnation de Fafnir et le percuta sans perdre de sa vitesse. Sans doute l'impact aurait-il pu le projeter à quelques mètres de là si le champion des terres gelées ne s'était pas aussitôt empressé de lui décocher un uppercut en pleine mâchoire, qui manqua de faire quitter le sol au protégé de l'étoile de Dubhe. Même exsangue, Sköll restait muni d'une force physique considérable et peut-être était-ce ce qui ferait toute la différence à la dernière minute, même si rien n'était moins sûr également. En contrepartie, il sentit ses côtes se fêler en nombre quand une jambe malvenue les percuta, réglant les comptes en les mettant sur un pied d'égalité. Temporairement.
Un second coup du même acabit manqua de le toucher du côté inverse tandis que l'héritier de Siegfried demeurait toujours en suspension dans les airs pour quelques secondes. Mais cette tentative se solda par un échec, qui fut plus lourd de conséquences que celui qui en était responsable aurait pu le penser. Attrapé à la cheville par une poigne vigoureuse qu'il aurait pu reconnaître entre mille après avoir tant été malmené par ses bons soins, l'Alpha fut jeté face contre terre, faisant voler en éclats les derniers lopins de terre toujours à même d'accueillir leurs excès sans être mis au supplice dans la seconde qui suit. Mais avant même que Zeta n'ait pu achever son œuvre de destruction, une réplique judicieuse venait faucher ses jambes et menacer de l'étaler à son tour. Néanmoins, sa chute laissa tout le temps à ses réflexes aiguisés à outrance pour agir, tant et si bien que ses deux poings heurtèrent le sol en parfaite symétrie. Et si le premier ne réussit qu'à creuser un cratère de moyenne profondeur dans la terre restante, le second eut la bonne idée de se ficher droit dans le plexus solaire de son adversaire, arrachant au passage un crachat sanglant et une grimace satisfaisante. Aussitôt après, alors que Zeta prenait appui sur ce sol menaçant de céder à tout moment, il usa d'une de ses mains non pas pour continuer avec plus de fougue mais pour attraper le poignet de l'Alpha afin de le remettre d'aplomb. Frapper un homme à terre ne le dérangeait pas tant en temps normal, mais c'était une occasion spéciale et il s'en serait voulu d'en venir à bout dans ces conditions.
Cette fois, plus question de varier les plaisirs. Ils n'en avaient plus la force et voulaient connaître ce qui avait été écrit. Ce qui les attendait une fois la page tournée. Seules leurs phalanges détermineraient l'avenir et solderaient cette collision. Les esquives fusèrent de toutes parts. Plus un coup ne porta, manquant leur cible de peu à plusieurs reprises. Ne restaient que les sifflements que produisaient les impacts relâchés dans le vent, déchirant l'air et faisant grandir les sonorités sinistres de ce dernier acte tant attendu. Le Tigre de Jais avait eu tout le combat pour se faire les dents et il n'avait que trop patienté pour mordre avec toute la passion et la rage qui l'animaient de leur emprise perverse. C'étaient les fils qui l'agitaient et l'aidaient à tenir debout, à se relever encore et toujours. Mais l'heure était venu d'y mettre un poing final. Tout deux décidèrent d'un regard de connivence de se départir de ces feintes et de ces fuites qui ne faisaient que retarder l'échéance. Cette fois, le point de tension était à son comble et s'élevait à un degré critique. Ce trop-plein de vigueur et de virilité allait devoir s'évacuer pour désigner celui qui, d'entre eux, avait gagné le droit de passer à la phase finale, la conclusion de tout. La vérité y reposait.
« Non, je corrige... Repose en pièces ! »
Quand Sköll serra le poing, il sut que c'était pour la dernière fois. Advienne que pourra. Le sort en était jeté.
Les coups partirent, en parfaite synchronicité. La synergie qui les reliait fit résonner un coup de tonnerre dans le lointain sous le choc des débris de leur aura, ruinée par une dépense abusive et loin de pouvoir se régénérer comme il se doit. Pas avant cette lutte finale. Au même moment, tout deux frappèrent, et touchèrent au but. Une déflagration issue des résidus d'énergie gravitant dans les parages les sépara aussitôt tandis que leurs traits reprenaient place après avoir été déformés par une percussion dont nul ne pouvait ressortir indemne. Ce coup rassemblait tous leurs rêves et leurs espoirs. Sur ces poings était bâti un serment, celui d'en sortir victorieux. Une promesse faite à leur âme. Mais l'une d'entre elles allait devoir s'effondrer à la manière d'un château de carte. La pression retomba, ou plutôt s'effondra ; l'ambiance jusque là pesante se détendit alors que les environs retombaient dans un silence solennel, attendant que le verdict soit rendu en veillant sur les corps des deux combattants.
Dès que ses esprits furent à peu près rassemblés, Sköll entreprit de prendre appui sur les gravats pour se redresser. Le premier d'entre eux qui se mettrait de bout serait déclaré vainqueur, cela ne faisait pas un pli. Mais quel serait-il ? De sa main libre, dont le gant avait été déchiqueté par l'explosion, il massa sa mâchoire et recueillit le sang qui coulait à flots de sa lèvre fendue. Quel punch... Ce contre croisé ne pardonnait pas... Mais même si plus rien n'était clair dans sa tête à présent et que ses membres n'étaient plus mus que par un désir implacable d'empoigner ses ambitions au creux de sa main... Ce qui fait sa force et sa hargne, ce qui embrase son cosmos et le fait irradier de ce potentiel infini... Ce pourquoi il se bat.
Et maintenant ?
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Sujet: Re: [4°tournoi-Phase II] Combat 3
[4°tournoi-Phase II] Combat 3
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